Le rapport être humain-animaux dans la Bible, comment il interroge notre vision économico-utilitariste de la nature

« Ursus et Homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un loup. » Ainsi commence l’un des romans les plus sombres de Victor Hugo, L’homme qui rit (1869). Il raconte la sauvagerie multiforme de certains humains et commente narrativement la formule du philosophe Thomas Hobbes (1588-1679) empruntée au poète latin Plaute : « Homo hominis lupus / L’homme est un loup pour l’homme. » Dès l’abord, avant que l’action ne commence, Hugo laisse entrevoir cependant que les relations entre l’homme et l’animal peuvent être pacifiées.

Aujourd’hui, ce désir d’harmonie est dans l’air du temps, surtout en Occident – l’avant-propos du Dossier le dit de manière détaillée. Des associations protègent et défendent les animaux. Elles ont le soutien médiatique d’artistes (Brigitte Bardot), de scientifiques (Boris Cyrulnik), de philosophes (Peter Singer)… Un droit s’élabore. Un mode de vie est né, le « véganisme » ou végétalisme intégral, dont l’expression la plus spectaculaire est le refus de toute nourriture ou habillement d’origine animale. Moins excessif, le pape François rappelle que l’amour de Dieu s’étend à toutes les créatures et que « la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes » (lettre encyclique Laudato sì, 2015).

Aussi ce Dossier est-il le bienvenu. Didier Luciani, professeur à Louvain-la-Neuve, anime régulièrement des sessions sur le sujet. Il en reprend ici la matière, les axes de réflexion, les insistances nées du dialogue entre les textes bibliques et nos questions contemporaines. Que l’on n’attende pas un catalogue du bestiaire biblique et de sa symbolique : il a souvent été fait et bien fait (voir « Pour continuer l’étude… », p. 00) ! Plus importante – et plus urgente – lui a semblé une étude de fond à valeur anthropologique et théologique. Elle nous est déjà très utile.

Avec la partie Actualités se profile l’horizon du prochain Congrès des biblistes francophones en août 2018 : « Exodes et migrations dans les Traditions bibliques. » Pour nous y introduire, nous publions la communication que sœur Mary Sylvia C. Nwachukwu a donnée lors du Congrès des biblistes africains sur un thème similaire en septembre 2017 à Atakpamé (Togo). D’un continent à l’autre, l’étude de la Bible ne cesse de tisser des liens.


Cahier Évangile n° 18372 pages, SBEV/Éd. du Cerf, mars 2018 (9 euros)

Sommaire du numéro

DOSSIER : Les animaux dans la Bible
Par Didier Luciani

p. 4 – Avant-propos  et introduction: approche statistique

p. 14 – I – Dans la création et le rapport à l'homme
La création des animaux
L'être humain, un animal?
Après le Déluge

p. 29 – II – Dans le système législatif et cultuel
La valeur de la vie animale
Le système alimentaire (casherout)
le système sacrificiel

p. 47 – III – Source d'inspiration et symbolisme
Modèles et source d'inspiration
Matériau métaphorique et symbolique

p. 54 – Conclusion - Les temps messianiques

p. 53 – Pour continuer l’étude

p. 57 – Liste des encadrés
La parabole des ouvriers de la onzième heure (Mt 20)                                                      
Définitions françaises de la « Miséricorde »                                                          
La structure du Pentateuque                                                                                 
Les « murmures » dans le livre des Nombres
Plan et contenu du livre de Jonas    
La fin ouverte du livre de Jonas (Jon 4)
« Je te fiancerai à moi pour toujours » (Os  2)                                                           
Psaume 73 (73)
Les « paraboles de la miséricorde »                       
La grâce du salut  
Hymne au Christ (Ph 2,5-11)                                                                                            

 

Actualités

• p. 58 – Migrations et structure de la Bible
En août 2018, le Congrès de l’ACFEB (Association catholique française pour l’étude de la Bible) qui se tiendra à Paris porte sur « Exodes et migrations dans les traditions bibliques ». Un sujet similaire, « Les migrations dans la Bible », a été traité par un congrès de l’APECA (Association panafricaine des exégètes catholiques) en septembre 2017 à Atakpamé (Togo) ; en voici l’une des interventions.

Sr Mary Sylvia C. Nwachukwu, Enugu, Nigéria
(Conférence donnée en anglais à Atakpamé, Togo, en septembre 2017, adaptée et traduite par Maurice Autané et Gérard Billon). À lire

• p. 67 – Des livres
Pierre de Martin de Viviès, Ce que dit la Bible sur… La fin du monde  
Lire cette recension
Marie-Reine MezzarobbaCe que dit la Bible sur… La jalousie Lire cette recension