Pendant longtemps, l’évangile de Matthieu a été le plus lu des évangiles. Avant le concile Vatican II, il était privilégié par la liturgie du dimanche. Depuis, nous le retrouvons chaque année A du cycle triennal du Lectionnaire, en alternance avec les récits de Marc et de Luc.
Trois Cahiers Évangile lui ont été consacrés : « Lecture de l’évangile selon saint Matthieu » (n° 9, 1974), « Matthieu le théologien » (n° 58, 1987), « Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu » (n° 129, 2004). Il faut compter aussi les mises au point thématiques dans des ouvrages collectifs comme « Lire les évangiles en synopse » (n° 103, 1998), « Les anonymes de l’Évangile. Rencontres de Jésus dans les évangiles synoptiques » (n° 160, 2012), « Pierre, le premier des Apôtres » (n° 165, 2013) ou encore dans les Supplément aux Cahiers Évangile, tels « Les mages et les bergers » (n° 113, 2001), « La prière du Seigneur » (n° 132, 2005), « Les tentations du Christ » (n° 134, 2005), « Les récits fondateurs de l’eucharistie » (n° 140, 2007).
Avec les études actuellement disponibles en librairie, le lecteur ne manque donc pas d’outils pour une lecture du premier évangile. Le Cahiers Évangile n° 9, très ancien, demandait cependant à être actualisé, sinon à être remplacé. C’est chose faite avec le Dossier que vous avez entre les mains. À l’automne 2015, Pierre Debergé avait invité à lire « au fil du texte » l’évangile de Luc (Cahiers Évangile n° 173). À l’automne 2016, Odile Flichy se livre au même exercice avec celui de Matthieu. Dans son parcours du début à la fin, elle choisit un fil rouge : la Loi. L’importance n’en échappera à personne puisque sont en jeu les rapports de Moïse et de Jésus, « l’accomplissement des Écritures », les relations du judaïsme et du christianisme.
Comment la question est-elle ici abordée ? Moins d’un point de vue historique – inévitable, il est néanmoins traité – que narratif. L’étude est à la fois littéraire et théologique – ou, si l’on préfère, théologique parce que littéraire. De manière simple, le lecteur est rendu attentif aux effets de sens qui se dégagent de la « mise en récit » matthéenne de la naissance, de la prédication et de la passion de Jésus. Le parcours proposé ne manquera pas de stimuler une relecture de l’évangile, seule ou en groupe.
Après le Dossier, on trouvera, dans la partie Actualités, une présentation de quelques points soulevés par la version grecque de la Bible juive, la Septante, « pont » entre juifs et chrétiens. La Septante provoque un regain d’intérêt chez les chercheurs depuis de nombreuses années. Le grand public doit savoir qu’un chantier de travail est ouvert auquel bien des étudiants peuvent s’atteler dès à présent !
Cahier Évangile n° 177
81 pages, SBEV/Éd. du Cerf, septembre 2016 (9 euros)
Sommaire du numéro
DOSSIER : La Loi dans l’évangile de Matthieu
Par Odile Flichy
p. 4 – Introduction
p. 5 – I - Cadre général
Que sait-on de Matthieu et de sa communauté ?
« À la croisée des chemins » du christianisme naissant
Le vocabulaire de la Loi
p. 13 – II - Au fil du texte
Jésus-Emmanuel ou accomplir la justice de Dieu (Mt 1–4) Extrait à lire
Jésus, herméneute de la Loi (Mt 5–7
Jésus, « Serviteur » de Dieu (Mt 8–9)
Être avec ou contre Jésus (Mt 10–13)
Jésus, nouveau Moïse, herméneute de la Loi (Mt 14–19)
Jésus et les autorités du Temple (Mt 21–23) Extrait à lire
Dans l’attente de la venue du Fils de l’homme (Mt 24,1 – 25,30)
Dans l’attente du jugement de Dieu (Mt 25,31-46)
L’accomplissement de la Loi (Mt 26,1 – 28,15)
La mission des disciples et la Loi (Mt 28,16-20) Extrait à lire
p. 5 – Conclusion
• Liste des encadrés
La source des paroles de Jésus, dite « Q » Lire cet encadré
Les « judéo-chrétiens »
Tableau synoptique des occurrences du vocabulaire de la Loi
L’organisation du récit matthéen
Les citations d’accomplissement
La justice chez Matthieu, Paul et Jacques
Osée 6 ,6 au premier siècle
L’arrière-plan religieux de dikaios
Les cinq discours de Jésus dans l’évangile de Matthieu
Sept paraboles
Le Temple de Jérusalem dans l’évangile de Matthieu
Le modèle matthéen du récit de la Passion
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants... » (Mt 27,25)
Idées pour l’animation biblique
Accomplir ou dépasser la loi ?
Actualités
La Septante et le canon chrétien de la Bible
Les différences entre la Bible hébraïque ou TaNaK et l’Ancien Testament chrétien ne portent pas d’abord sur la langue : depuis Jérôme, la veritas hebraïca (la « vérité de l’hébreu ») est revendiquée aussi par les chrétiens. Néanmoins, historiquement, c’est bien la traduction grecque de la Septante (LXX) qui est la matrice scripturaire du Nouveau Testament et de la théologie chrétienne. Autant que la langue, son importance concerne les noms des livres, leur nombre, leur regroupement et leur classement.
Par Stefan Munteanu, Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (Paris)
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• Des livres
Yves Simoens, Homme et femme. De la Genèse à l’Apocalypse Textes –
Interprétations Lire cette recension
Yves Saoût, Ce que dit la Bible sur... L’étranger Lire cette recension
François Lestang, Ce que dit la Bible sur... Le chant Lire cette recension
Roland Meynet, Le fait synoptique reconsidéré Lire cette recension
Daniel Marguerat, Jésus et Matthieu. À la recherche du Jésus de l’histoire
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Daniel Marguerat, Vivre avec la mort. Le défi du Nouveau Testament
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Philippe Lefebvre, Brèves rencontres. Vies minuscules de la Bible
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Jean-François Bouthors, Petite initiation à la Bible à l'usage des jeunes… et des moins jeunes ! Lire cette recension