Commune à Matthieu et à Luc, cette source est appelée "source Q", de la première lettre de l’allemand "Quelle" (source)...
Matthieu et Luc ont en commun un abondant matériau de quelque 235 versets (environ 4 000 mots), totalement absent de Mc ; il s’agit essentiellement de paroles de Jésus, avec quelques textes narratifs (la tentation de Jésus, la guérison du fils du centurion de Capharnaüm). Cette source, aujourd’hui perdue, nous est connue exclusivement par sa réception dans les deux évangiles ; elle fut à l’origine dotée du signe Q, de la première lettre de l’allemand Quelle (source), pour en indiquer le caractère mal connu. Dite aussi Source des logia cette Source des paroles doit être parvenue aux deux évangélistes sous forme écrite et en version grecque.
Elle est née en Israël (en langue araméenne ?). Sa géographie interne (Chorazin, Bethsaïda, Capharnaüm) indique la Galilée comme lieu de naissance probable. Aucun écho de la destruction de Jérusalem et de son Temple n’étant perceptible, sa fixation littéraire a précédé l’an 70. Ses porteurs furent des missionnaires dont le discours d’envoi (Lc 10,1-2) configure l’existence, mais aussi de petites communautés locales de l’espace syro-palestinien. La mise par écrit de la Source en grec est située dans une fourchette allant des années 40, où la mission juive est en cours, à peu avant 70 dans la proximité de la rédaction de Marc.
© Daniel Marguerat (éd.), Introduction au Nouveau Testament. Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, 20084, pp. 41 et 45. (Cité dans le Cahier Évangile n° 177, p. 6 [Encadré])