« L’Apocalypse n’est pas un livre de terreur : il est le livre du désir. Pour les croyant(e)s, ce n’est pas la fin de ce monde qui est redoutée, mais la continuation sans clôture discernable de l’épreuve qu’ils ne cessent de subir. » Ces propos déjà anciens de Christian Duquoc (revue Lumière & Vie, n°227, 1996, p. 3) disent la teneur du dernier livre de la Bible chrétienne.
Rédigé à la fin du Ier siècle, il fonde son espérance sur la mort et la résurrection de Jésus Christ, événement évoqué fugitivement (Ap 11,8) mais célébré chaque « jour du Seigneur », lieu et temps sacramentels des visions qui sont racontées (Ap 1,10).
On ne lit ce livre qu’avec prudence en Orient – sans doute à cause de la diabolisation des pouvoirs politiques. En revanche, en Occident, il enflamme les artistes qui activent sa puissance imaginative. Un poète comme Paul Claudel y revient plusieurs fois dans son œuvre car, selon ses propres mots, « il ne s'agit pas de comprendre l'Apocalypse, mais de se promener dedans » (Au milieu des vitraux de l'Apocalypse, 1966).
Il y a tout juste quarante ans, en décembre 1974, le Cahier Évangile n° 11 ouvrait à sa lecture. Malgré ses qualités pédagogiques, il était devenu obsolète. En janvier 2000, à l’aube du nouveau millénaire, le Cahier n° 110 a élargi le propos aux « apocalypses du Nouveau Testament ». Mais il n’avait pu se livrer à une lecture suivie de l’œuvre. La chose est réalisée avec le dossier que vous avez entre les mains.
Le P. Yves-Marie Blanchard, spécialiste du corpus johannique, a longuement fréquenté, au cours de sessions et de colloques, le livre de l’Apocalypse. Praticien de l’analyse narrative qui sait éviter le jargon, il nous guide avec compétence et pédagogie, soucieux de théologie. En cours de route, il privilégie le fil du texte, l’enchaînement du récit. Les notations d’ordre intertextuel (les allusions aux Écritures), historique ou culturel ne sont pas oubliées mais, bien abordées dans le Cahier n° 110, elles sont ici en retrait, au gré de tel paragraphe ou encadré. Dans la conclusion, on ne négligera pas les chantiers ouverts pour une lecture continuée. Puisse ce Cahier régénérer les lecteurs de l’Apocalypse !
N.B. Exceptionnellement, le Supplément aux CE consacré à Apocalypse 12 lié à ce numéro des CE, paraîtra avec le Cahier 171, en mars 2015. Ce numéro sera double.
Cahier Évangile n° 170
72 pages, SBEV/Éd. du Cerf, décembre 2014 (9 euros)
Sommaire du numéro
DOSSIER : Le livre de l’Apocalypse
Par Yves-Marie Blanchard
p. 3 – Parmi toutes les « apocalypses » juives et chrétiennes, le récit des visions de Jean brille d’un éclat particulier. Dans le Dossier qui suit, après avoir mis au jour les liens qui s’établissent entre l’auteur et le lecteur, c’est un parcours narratif qui est déployé. Il suit le modèle narratif, dont on sait la prédominance dans l’ensemble du recueil biblique. L’Apocalypse de Jean est animée du désir de « raconter » l’œuvre de Dieu, autrement dit le salut, perceptible aux yeux de la foi, au cœur même des soubresauts d’une histoire humaine souvent dramatique mais dont on aurait tort de désespérer.
p. 4 – I : Le livre et ses auteurs
Le genre littéraire Extrait à lire
Le pacte de communication
La question de l’auteur
Le milieu porteur
p. 21 – II : Les septénaires
Le septénaire des sceaux
Le septénaire des trompettes
Le grand et double signe Extrait à lire
Le septénaire des fléaux et des coupes
p. 41 – III : Le récit de la fin
La fin de Babylone
Les derniers combats
L’apothéose finale
p. 57 – Conclusion : une lecture à poursuivrep.
p. 60 – Liste des encadrés
L’Ancien Testament, la « langue » de l’Apocalypse
Les dynasties impériales romaines
Le symbolisme des nombres
Des liturgies célestes
L’Apocalypse évoque-t-elle des persécutions ? Encadré à lire
Une théologie politique incarnée
L’Apocalypse à Saint-Savin du Gartempe
p. 59 – Pour aller plus loin
Actualités
p. 61 – Sur les traductions interconfessionnelles de la Bible (seconde partie)
Par Stefan Munteanu, Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (Paris)
Dans la première partie de cet article (voir C.E. n° 169, pp. 51-57), nous avons d’abord survolé l’histoire des traductions interconfessionnelles : « La promotion des traductions communes de la Bible participe à l’effort œcuménique » (Benoît XVI, Exhortation apostolique Verbum Domini, 2010, n° 46). Puis nous nous sommes attachés aux traductions elles-mêmes et aux modèles qu’elles ont suivis, le premier étant celui des traductions littérales selon l’axe de « l’équivalence formelle », habituel depuis Louis Segond et la Bible de Jérusalem. Nous allons en aborder deux autres : les traductions en langage courant et les traductions liturgiques. Lire cet article
p. 66 – Des livres
- Pierre Coulange, Quand Dieu ne répond pas. Une réflexion biblique sur le silence de Dieu Lire cette recension
- Jean-Marc Vercruysse (dir.), « Le livre de Judith » Lire cette recension
- Sylvaine Landrivon, Faites-les taire. Judith, un enseignement subversif Lire cette recension
- Christophe Raimbault, L’avènement de l’amour Lire cette recension
p. 71 – Brèves
N.B.
En complément de ce CE on pourra consulter :
- le CE n° 110 : Les Apocalypses du Nouveau Testament
- le CE n° 11 : Une lecture de l'Apocalypse