« Le sac et le ressac de la houle marine agitée par le vent » (Jc 1,6). L’épître de Jacques aime les images. D’autres sont plus agricoles. Toutes sont naturelles, tirées de l’expérience, stimulant notre intelligence. Artisan du langage – son grec est l’un des meilleurs du Nouveau Testament – et poète, l’auteur l’est certainement. Il est heureux que les deux spécialistes qui ont accepté de rédiger le Dossier, Jacqueline Assaël et Élian Cuvillier, soient de fins connaisseurs de la langue et de la culture grecque. Quelques mois après la publication de leur commentaire dans une collection savante (L’épître de Jacques, CNT n° XIIIa, Labor et Fides, 2013), ils nous donnent une introduction et surtout une traduction commentée qui renouvellent notre lecture. Qu’ils soient salués pour la simplicité rigoureuse de leur travail !
Qui était Jacques ? Le « frère du Seigneur » ? Saint Jérôme en doutait et les exégètes d’aujourd’hui plus encore. Quoiqu’il en soit – et malgré les réserves de Luther – l’épître mise sous son nom est reçue dans l’Église comme porteuse de la Parole de Dieu. Elle vibre de l’Évangile, en cherche l’impact dans les relations communautaires et sociales et, au besoin, dénonce les dysfonctionnements de celles et ceux qui s’en réclament. Un premier Cahier Évangile, en 1987, l’avait examinée. Depuis, la recherche exégétique a exploré d’autres voies. Les grands textes supportent plusieurs approches. Ils sont hospitaliers lorsque nous revenons vers eux pour de nouvelles visites. Puisse celle qui est ici guidée nous remettre sous le « miroir de la Parole » pour observer que les « œuvres », comme la foi, sont dons de la grâce de Dieu.
La partie Actualités, avant les habituelles recensions, revient sur la nouvelle traduction de la Bible parue en novembre dernier et destinée à la proclamation liturgique, en particulier chez les catholiques de langue française. Son élaboration a été longue et il a fallu autant de temps pour la révision et l’accord des autorités épiscopales et romaines que pour la traduction elle-même. C’est à ce prix que les textes entendus dans l’assemblée chrétienne en prière peuvent être reçus comme la « voix de l’Église » (Paul VI). Nous remercions le P. Henri Delhougne qui fut l’infatigable coordinateur de l’ensemble, de relire cette histoire et de nous en exposer les enjeux essentiels.
Cahier Évangile n° 167
72 pages, SBEV/Éd. du Cerf, mars 2014 (9 euros)
Sommaire du numéro
DOSSIER : « Au miroir de la Parole ». Lecture de l’épître de Jacques
Par Jacqueline Assaël et Élian Cuvillier
p. 4 – Introduction
p. 10 – 1. L’épître de Jacques et Jésus
Les deux mentions du nom du Christ
La métaphores désignant le Christ
L’évocation paradigmatique du Christ
p. 16 – 2. L’épître de Jacques et Paul
Jacques et l’apôtre Paul
Jacques et la tradition paulinienne
Conclusion : deux parcours singuliers
p. 22 – 3. Caractéristiques littéraires
Le style Extrait à lire
La structure
p. 28 – 4. Traduction et commentaire
Jc 1,1 : Prescript épistolaire
Jc 1,2-12 : la structure fondamentale de l’expérience croyante
Jc 1,13-25 : ce dont il faut se garder et ce qui est donné
Jc 1,26 – 2,13 : incompatibilité de la foi et des discriminations sociales
Jc 2,14-26 : vanité d’une croyance vide, énergie d’une foi agissante
Jc 3,1-12 : le règne de la langue perverse
Jc 3,13-18 : vrai et fausse sagesse À lire
Jc 4,1-12 : le règne de l’hédonisme, de la médisance et de l’orgueil
Jc 4,13 – 5,6 : le règne de la suffisance et de l’injustice
Jc 5,7-11 : les fruits de la patience À lire
Jc 5,12-18 : l’efficience de la parole de foi
Jc 5,19-20 : Envoi
p. 7 – Liste des encadrés
Le pacte pseudépigraphique
Jacques et Martin Luther : Histoire d’un malentendu ?
Structure de l’épître À lire
Abraham et Rahab
La langue, organe mortel
Les traductions selon l’instruction Liturgiam authenticam (2001)
p. 57 – Pour aller plus loin
Actualités
p. 58 – Traduire la Bible pour la liturgie (H. Delhougne)
Les traductions de la Bible ne manquent pas en français. En novembre 2013, est parue, à destination première de l’Église catholique, La Bible. Traduction officielle liturgique. Il a fallu dix-sept années de labeur ! À titre de comparaison, la Bible de Jérusalem (dans les années 1950) et la TOB (années 1960-70) avaient demandé une dizaine d’années avant leur première publication. C’est que traduire pour la liturgie est assez particulier. Lire cet article...
p. 64 – Des livres
Israël Finkelstein, Le royaume biblique oublié Lire cette recension...
Luis Alonso Schökel , Manuel de poétique hébraïque Lire cette recension...
Jean Massonnet, Aux sources du christianisme. La notion pharisienne de révélation Lire cette recension...
Pierre Debergé, Un peu moindre qu’un dieu, Bible et condition humaine Lire cette recension...
Pierre de Martin de Viviés , Ce que dit la Bible sur... Anges et démons - Nicole Fabre , Ce que dit la Bible sur... La femme Lire cette recension...
p. 69 – Brèves