Si Jacques invite à la patience, il s’agit cependant d’une patience particulière et quelque peu paradoxale...

Après la violente diatribe contre les hommes d’affaire et les riches (4,13 – 5,6), Jacques consacre la dernière partie de son épître à une série d’exhortations adressées à la communauté. Il envisage ici différentes situations de vie que les croyants peuvent traverser : joie, tristesse, maladie… Deux motifs principaux structurent le propos : la patience et la prière. Ils sont illustrés par l’exemple de deux personnages bibliques : Job et Élie. La perspective est tournée vers la Parousie du Seigneur (v. 7a et 8).

v. 7-11 :

La patience du paysan est prise tout d’abord comme exemple (v. 7b). S’inscrire dans la durée est présenté comme essentiel pour laisser le temps de la maturation (cf. 1,2-4). Si Jacques invite à la patience, il s’agit cependant d’une patience particulière et quelque peu paradoxale puisque l’objet en est la proximité de la Parousie (v. 8). L’articulation entre les notions de patience et d’attente de la Parousie s’explique par la conviction que la patience requise par Jacques est une patience ouverte sur un avenir. Elle n’est ni résignation ni renoncement mais attente d’une autre réalité que l’horizon fermé de ce monde. Cette patience s’enracine dans le désir et s’ouvre sur une altérité, elle ne se referme pas sur son petit « moi haïssable », selon l’expression de Pascal. Tel est l’exemple de Job qui « endure » (v. 11), convaincu que l’épreuve n’aura pas le dernier mot. Même s’il ne sait ni pourquoi il souffre, ni comment il en sortira, il reste convaincu que le malheur n’aura pas le dernier mot, non pas parce qu’il « réussira à s’en sortir par ses propres moyens » mais parce que Celui en qui il met sa confiance, s’il n’est en rien responsable des épreuves qu’il traverse (cf. 1,13), ouvrira devant lui un avenir et une espérance. C’est peut-être aussi ce que l’auditeur connaît de la « fin » de son Seigneur dont l’extrême sensibilité à la souffrance et la compassion constituent une source de réconfort pour lui.


© Jacqueline Assaël et Élian Cuvillier, Cahier Évangile n° 167, Au miroir de la Parole. Lecture de l'épître de Jacques, p. 53-54.