Liminaire oratorio:
L’oratorio, cette forme de musique religieuse, qui, contrairement à l’opéra, ne suppose pas de représentation théâtrale, repose sur la Bible. Il en constitue donc une réception tout aussi passionnante que les œuvres littéraires, les peintures ou les sculptures, les commentaires bibliques.
Non seulement le choix des passages du texte sacré exprime une vision particulière de la Bible, mais aussi la manière dont les réécrivent les librettistes et dont la musique leur donne un relief singulier. Nous vous invitons à explorer ce dossier avec un mobile multifonction (smartphone) à la main : grâce aux QR codes qui accompagnent la présentation des oratorios, vous pourrez retrouver sur Internet l’œuvre dont l’écoute bercera votre lecture. Pour bien montrer que le cœur de ce numéro est bien la Bible, il est organisé en fonction des livres bibliques et non en fonction des compositeurs. De Carissimi à Jean Fran ç aix, il parcourt quatre siècles d’histoire de la musique. Sauf indication contraire, les notices ont été rédigées par Gilbert Dahan, directeur de recherche émérite au CNRS (UMR 8584) et à l’EPHE, Paris.
Beat Föllmi, professeur de musique sacrée et d’hymnologie à la Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg, UR 4378, CREAA et Anne-Zoé RillonMarne, maîtresse de conférences de musicologie à l’Université catholique de l’Ouest, Angers, ont composé quelques notices : leur nom est précisé avant le texte de l’œuvre présentée.
Liminaire Etienne
De tous les saints de l’Église ancienne, Étienne (alias Stéphane, Stephen, Steven, Stefan, Esteban, Stepan, Stiobban, István) est incontestablement l’un des plus fameux comme en témoigne l’extraordinaire vogue de son nom depuis une époque ancienne, mais aussi le très grand nombre de cathédrales, églises, chapelles qui lui sont dédiées, tant en Orient qu’en Occident.
Sa figure explique certainement cette notoriété. Étienne le premier diacre, Étienne le premier martyr (le Protomartyr, comme disent les Orthodoxes), Étienne qui passe le relais à Paul : multiples sont les motifs qui poussent à l’honorer. Mais ils ne sont pas seuls et une plongée dans la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge nous apprend que cette figure passionnante fut au cœur de la piété populaire, ainsi que le prouve la quantité incroyable de ses reliques. Si cela faisait ricaner Calvin, cela ne l’empêcha pas de l’admirer, à l’instar d’un autre grand théologien réformé, Kirkegaard.
Régis BURNET