La recherche bibliographique Charles-Antoine FOGIELMAN

Dans un travail d’exégèse, l’exhaustivité des références bibliographiques est d’une importance primordiale: elle témoigne de ce que l’auteur a pris en compte l’ensemble de la recherche sur le sujet, ne répète pas une démarche déjà faite par autrui, ou n’envisage pas une hypothèse déjà réfutée par ailleurs. Pourtant, bien des fois, même dans des publications prestigieuses, on observe que des références pourtant bien accessibles n’ont pas été consultées. Il convient donc de rappeler les principales bonnes pratiques pour l’établissement d’une bibliographie en exégèse. Pour des conseils plus détaillés, on se reportera au manuel de S. Bazylinski (1) .

Les travaux d’exégèse peuvent se diviser en deux grandes catégories : les travaux portant sur un pas- sage particulier, et les travaux thématiques.

Études sur un passage

Pour les travaux portant sur un passage particulier, la méthode est plus simple: il convient tout d’abord de partir d’un commentaire récent du livre qui est à l’étude. Les grandes séries telles que Anchor Yale Bible ou Continental Commentaries contiennent une bibliographie de qualité, à jour jusqu’à la date de publication. Pour trouver les meilleurs commentaires, il sera utile de se reporter aux bibliographies introductives tenues à jour par l’Institut biblique pontifical, pour l’Ancien et le Nouveau Testament respectivement, en ligne :

https://www.biblico.it/doc-vari/ska_bibl.html

https://www.biblico.it/doc-vari/bibl_nt.html

Dans ces bibliographies, un système de notation (** : ouvrages incontournables ; * : autres ouvrages de qualité) permet d’aller tout de suite aux livres les plus utiles.

Il convient ensuite de compléter la bibliographie fournie par les commentaires avec les travaux publiés ultérieurement. Pour ce faire, l’outil le plus efficace est le catalogue de la bibliothèque de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem :

https://biblio.ebaf.edu/

Le guide d’aide à la recherche, accessible en PDF à partir de la page d’accueil, indique comment effectuer une recherche bibliographique sur un passage en particulier. Pour les toutes dernières publications, qui n’ont pas encore été intégrées dans les catalogues, on adoptera les mêmes méthodes que celles qui sont détaillées dans la section suivante, pour les travaux thématiques.

Études thématiques

L’exhaustivité dans une recherche thématique est par nature plus subjective ; on sera en partie tributaire des mots-clefs choisis par les auteurs pour décrire leurs propres travaux. En tout début de recherche, il ne faut pas négliger l’utilité d’une simple recherche Google (surtout en utilisant les options Google Books et Google Scholar) ; celle-ci permettra souvent de trouver des ouvrages qui fourniront une porte d’entrée dans le sujet envisagé en citant à leur tour d’autres publications.

Pour parvenir à l’exhaustivité, on se reportera à la base Index Theologicus, qui incorpore l’ancien Zeit- schrifteninhaltsdienst Theologie (ZID) :

https://www.ixtheo.de/

Les outils papier et sur CD-rom, tels que l’ex-ZID et l’Elenchus Bibliographicus Biblicus (qui n’est plus publié depuis 2011), sont désormais dépassés: seuls les outils Internet sont désormais à même de se tenir à jour des publications. Pour les toutes dernières publications, on n’omettra pas d’effectuer une recherche sur www.academia.edu pour trouver des articles souvent téléchargeables directement, parfois avant même leur publication officielle. Le site Academia permet également de s’abonner aux chercheurs travaillant sur les thématiques auxquelles on s’intéresse, et d’être alerté à chaque nouvelle publication.

Il convient d’effectuer un discernement sur les documents trouvés, cependant : comme pour toute référence, on accordera plus de confiance aux publications de chercheurs reconnus, dont le nom apparaît souvent cité par d’autres. À l’inverse, des articles parus dans des publications marginales, ou ne respectant pas certaines bases de forme, pourront être cités avec réserves, voire ignorés.

Conclusion

Bien que les réseaux sociaux universitaires et les moteurs de recherche puissent permettre de constituer une bibliographie quasi exhaustive, rien ne remplace la veille personnelle sur les publications, et la consultation régulière des publications dans les principales revues et collections exégétiques ; et, plus encore que cela, les échanges personnels avec les acteurs de la recherche, dans le cadre de séminaires, de colloques, de groupes d’échanges bibliques. Le constat très concret que l’on ne peut se tenir parfaitement informé de l’actualité des publications sans pratiquer une forme de sociabilité et de fraternité rappelle que l’interprétation de l’Écriture est toujours un acte profondément ecclésial.

(1) Stanisław Bazylinski, A Guide to Biblical Research: Introductory Notes, Rome (Subsidia Biblica 28), 2016 (3 e éd.), p. 19-24.