Quand vous ouvrirez ce numéro, au début de l’été, je ne sais pas de quoi sera faite l’actualité. C’est le cas pour chaque numéro mais cette fois-ci cette question est plus inquiétante. La veille du jour où je vous écris, l’Iran a agressé l’État d’Israël sans faire de victimes mais la question de l’éventuelle riposte est dans tous les esprits. La situation de Gaza est catastrophique; et les otages ne sont pas libérés. En Ukraine, tout semble prêt à basculer vers le pire. Autre question : quels auront été les résultats des élections européennes ?
En tout cas, une chose est sûre: nous aurons besoin de prendre en considération la fraternité qui fait le troisième des trois termes de notre devise nationale.
Quelle que soit la situation, il est urgent d’entendre l’affirmation prophétique d’Abraham à son neveu Lot: Nous sommes des hommes frères! (Gn 13,8). Il ne s’agit pas là d’une question de place réciproque dans l’arbre généalogique des descendants de Nahor, mais d’une parole prophétique. L’humanité est constituée de fraternité ou n’est pas.
Il est curieux que le livre de la Bible qui nous parle des origines, le livre de la Genèse, est celui qui nous parle de fraternité en nous décrivant les fratries que ce numéro des Cahiers Évangile nous présente. Est-ce à dire qu’à l’origine l’humanité était fraternelle et qu’il nous faut courir après la fraternité perdue ? Ou bien, dit autrement, que la fraternité nous rend plus humains et qu’elle est à chercher devant nous ?
Le livre de la Genèse nous offre alors un défi et une promesse : construire une fraternité pour une plus grande humanisation de chacun.
Éric MORIN