Dans ce numéro des Cahiers Évangile, vous trouverez les rubriques habituelles qui vont permettre à chacun de nos lecteurs de poursuivre sa lecture, studieuse, de la Bible. Le travail de Bertrand PINÇON sur le livre des Proverbes est de nature à nous pencher à nouveau sur les Écritures pour y scruter les détails et les laisser aiguiser notre regard de lecteur. Ainsi la Bible fait de nous les fils et filles que le Père espère, à l’écoute de sa Parole.
Au moment où ce numéro est bouclé, le rapport de la CIASE est publié depuis trois semaines, la rencontre des Évêques à Lourdes n’a pas encore eu lieu, des commentaires et des réactions plus avisées auront peut-être été rendues public quand vous lirez ces lignes.
Je voudrais dire ma sidération devant les chiffres, ma douleur pour les victimes, ma reconnaissance pour les membres de la comission et pour les victimes qui ont témoigné. Les assurer tous de ma prière, de notre prière.
Le rapport de la CIASE présente le drame comme systémique. Les 3 % de criminels dans le clergé français sur les 70 années d’étude ont agi parce qu’un système le rendait possible.
Le pape François dans la lettre au peuple de Dieu (20 août 2018) nomme explicitement ce système : le cléricalisme. Celui-ci fonctionne sur une gradation : les abus sexuels sont rendus possibles par les abus de conscience, eux-mêmes issus des abus de pouvoir. Ces derniers sont rendus par la trop ordinaire culture de l’entre-soi et la culture du silence. Le pape nous offre une clé pour penser, méditer cette situation que nous ne pouvons plus ignorer mais qui exige tant de changements et surtout la conversion de ceux qui font vivre le système. Autrement dit les prêtres non coupables, dont je suis, sont aussi responsables. Seule la lecture de l’Écriture et particulièrement des psaumes permet de garder cette position devant Dieu et devant les victimes qui ont besoin que l’on dise Me voici !
Sûrement faut-il donc relire la Bible en l’interrogeant sur l’exercice du pouvoir à l’école de Celui qui est venu pour servir. Tant de choses sont à repenser.
Parmi les recommandations de la Commission un certain nombre ne peut être ignoré de notre revue, Les Cahiers Évangiles, ni de notre association, le Service Biblique Évangile et Vie. Plusieurs concernent l’enseignement et particulièrement celui de l’Écriture, en voici quelques unes à titre d’exemple :
• L’exigence d’éclairer les consciences par une intelligence critique.
• Affronter la question du dévoiement pervers qui tord le sens des textes bibliques.
• Une refonte de notre interprétation du décalogue, notamment à la lumière de la tradition juive.
Toutes ces questions ne peuvent être abordées ni même listées dans un éditorial. Dans les prochains numéros nous reviendrons sur les propositions de la Comission que, comme biblistes, nous pouvons et devons spécifiquement affronter. Cela ne présume nullement du reste des questions soulevées et qui appellent réponse. Nous recommandons d’ores et déjà le livre, dont nous reparlerons de Philippe Lefebvre, Comment tuer Jésus ? Abus, violences et emprises dans la Bible.
Éric Morin