Pierre Gibert
Ce que la Bible dit sur… le péché
Nouvelle Cité, 2017, 126 p., 13€
Après des entretiens sur « la miséricorde » et « la vérité », P. Gibert aborde « le péché ». Qu’en dit la Bible ? La lecture est moins un parcours historique que la prise en compte d’une expérience humaine essentielle sous l’éclairage révélant de l’Écriture. Au centre, les textes bibliques, Ancien et Nouveau Testament reliés par l’approche sapientielle et, de part et d’autre, la récurrence d’aspects majeurs ou délicats jamais esquivés. L’expérience personnelle est bien soulignée. Sont clarifiées les notions problématiques de « péché originel », de « péché mortel », de péché « irrémissible » contre l’Esprit saint. Domine la dimension première, cœur de la Révélation, ouverture toujours présente : la miséricorde, le pardon, le salut en Christ auxquels est lié le sens chrétien de la faute. Elle dit la victoire assurée sur le péché et la mort.
L’étude vétérotestamentaire valorise l’histoire marquée par le péché, dès le livre de l’Exode et surtout à partir de Josué, « longue expérience, celle de l’humanité ». En amont, c’est la conscience progressive du péché précédée de la réflexion sur l’origine, une humanité heureuse et aussi libre, responsable. En aval, c’est le langage des prophètes avec son influence sur les livres historiques : sens fort du péché envers Dieu, le prochain et place du pardon, prophétisme de consolation. Le discours sapientiel, particulier, sollicite la réflexion pour voir le péché sous l’aspect d’un manque de sagesse. Celui de la parabole fait le lien, s’adresse à l’intelligence pour comprendre le péché et se convertir. Faire sortir de celui-ci, conduire à l’amour, c’est l’enjeu du salut en Christ. Des textes difficiles sont retenus : ivraie et bon grain, aveuglement, la femme adultère, mal physique et péché, Jugement dernier et pardon, Judas. Au fondement, la passion et la mort de Jésus, leur sens et la remise au Père de la demande de pardon, lequel nous semble parfois insurmontable. Avec Paul, ce sont des données fondamentales, résurrection du Christ, vie éternelle, immortalité, vues dans le parallèle subtil entre les figures du Christ et d’Adam. L’ouvrage est précieux pour une conception du péché qui dissipe malentendus et excès mais sait le reconnaître en vérité pour un juste pardon.
■ Françoise Laurent
Niveau de lecture: aisé
François-Xavier Amherdt (dir.)
Figures de croyants dans l’Ancien et le Nouveau TestamentSaint-Augustin, « Les Cahiers de l’ABC », 5, 2017, 246 p., 22 €
Ce cinquième cahier d’une collection bien utile a été composé par des membres de l’Association Biblique Catholique de Suisse romande (ABC). L’ouvrage se focalise sur des figures bibliques de croyant(e)s et entend ainsi prendre en compte le besoin contemporain de témoins. Plutôt qu’une définition de la foi, il s’agit de la décliner à partir d’exemples, de visages d’hommes et de femmes des deux Testaments.
Le Dieu juste appelle Abraham et ils s’ajustent l’un à l’autre (Monique Dorsaz). Le roi Achaz est invité par Isaïe à remplacer la panique par la foi (Monique Dorsaz). L’obscur « vaillant-guerrier » Gédéon est présenté comme un modèle de foi selon Hb 11,32 (Vincent Lafargue). Judith vérifie des qualités attendues du Messie (Is 11,2) et révèle que le secours divin passe « par des hommes et des femmes de discernement, prêts à agir » (p. 109) (Barbara Francey). Au cœur de l’itinéraire de Simon-Pierre, se trouve la mention par Jésus de sa foi (Lc 22,31-34) : il pourra dire dans les Actes quand le temps sera venu : « Nous croyons » (Ac 15,11) (Isabelle Donegani). L’ouvrage s’arrête sur « la grande foi » d’une femme cananéenne (Mt 15,21-28) (Monique Dorsaz) et « la discrète maîtresse femme » qu’est Lydie (Ac 16,11-15) ; elle « adore Dieu, écoute et a le cœur ouvert » (p. 216) (Didier Berret).
Chacun de ces sept dossiers peut faire l’objet d’un travail individuel ou de groupe. Le parcours de Simon-Pierre qui traverse Luc et Actes est le plus long (une soixantaine de pages) ; les autres itinéraires sont déployés sur une vingtaine de pages. Le lecteur-animateur est invité à se laisser « étonner » et « surprendre », deux verbes fréquemment utilisés dans les conseils donnés. Lui sont fournis des encarts intitulés « démarche pédagogique ». Le but de l’ensemble est de favoriser « l’étude et le partage » (p. 113). Ici ou là sont proposés des moyens pédagogiques (histoire à trous, p. 53, narration humoristique p. 68-70). Pour chaque personnage, sont aussi incluses une bibliographie et la traduction de textes, ainsi qu’un « interlude » pour croiser Abraham et des figures néotestamentaires (Philippe Lefevbre, o.p.).
Le souci pédagogique des auteurs est indéniable et le choix d’une approche « surtout littéraire et narrative » (p. 14) est bienvenu. Les intitulés sont révélateurs et font la part belle à « l’expérience ». François-Xavier Amherdt précise dans l’introduction que ce sont autant de « parcours d’explorations consacrés à des figures d’êtres humains qui se sont risqués à donner leur confiance au Seigneur et à s’appuyer sur lui, leur rocher » (p. 13). Un outil d’animation biblique bien utile et prêt à l’emploi qui vise « les fidèles, les membres de cercles bibliques, les agents pastoraux, les prêtres et toutes personnes intéressées dans leurs itinéraires de foi ».
▪ Christophe Pichon
Niveau de lecture: aisé
Alain Marchadour
La Fidélité
Nouvelle Cité, « Ce que dit la Bible sur… », 2018, 127 p., 13 €
« Qu’est-ce que la fidélité ? » C’est par cette question, aujourd’hui complexe, que s’ouvre ce petit ouvrage. Alain Marchadour (A.M.) prêtre assomptionniste, longtemps professeur à l'Institut Catholique de Toulouse, commence par préciser le sens du terme à partir de l’hébreu. La fidélité « désigne le comportement de celui qui fait confiance, de celui qui croit dans la durée » (p. 6). Tout un programme que le peuple d’Israël a toujours eu du mal à vivre dans la relation à son Dieu, si attentionné, si fidèle, qui a fait Alliance avec lui. Les quatre premiers chapitres de ce livre développent cette rencontre entre Dieu et le peuple au long des temps, de l’Exode à l’Exil, à travers ses moments de grâce ou ses infidélités, jusqu’à la promesse d’une Alliance nouvelle. A.M. montre aussi comment, à travers ses inconstances, Israël est passé d’une compréhension de la responsabilité collective à une responsabilité personnelle.
Si, dans les écrits du Premier Testament, la fidélité est bien souvent malmenée, les récits portent aussi les témoignages de vie d’hommes et de femmes « exemplaires » (chap. 5 et 6). A.M. présente le parcours de certains de ces personnages en faisant ressortir comment ils préfigurent parfois ce que l’on trouvera dans le N.T, avec Jésus, Marie… À sa manière, le livre des Psaumes (chap. 7 à 9) met particulièrement en relief cette relation de fidélité du croyant avec son Dieu. C’est un chemin de bonheur exigeant, qui implique l’homme dans son agir, « avec une priorité donnée à la justice et à l’amour du prochain » (p. 73). C’est parfois aussi un acte de foi dans l’obscurité comme l’exprime le Ps 22 (chap. 8). Dans tous les cas, la fidélité de Dieu se traduit par des images qui disent son attention bienveillante, comme un bon pasteur, ainsi que le décrit le Ps 23 (chap. 9).
Dans les évangiles, c’est en la personne de Jésus (chap. 10) que se dévoile pleinement cette fidélité de Dieu dans un prolongement et une nouveauté à la fois. Il ouvre un chemin à d’autres. C’est ainsi que dans le N.T., diverses personnes sont aussi des expressions de cette fidélité. C’est le cas de Marie, la mère de Jésus, de Jean-Baptiste qui témoignera jusqu’au martyr, de certains disciples ou de femmes qui suivaient Jésus, chacun à leur manière, dans leurs élans ou leurs hésitations, leurs doutes, leurs trahisons… (chap. 11 et 12).
La conclusion de l’ouvrage ouvre sur les fidélités d’aujourd’hui fortement traversées par les infidélités, chemin d’épreuve et de foi pour le croyant.
▪ Sylvie Mériaux
Niveau de lecture: aisé
Henry de Villefranche
Voir et servir. Des clés pour lire saint Luc
Parole et Silence, 2017, 190 p., 14 €
Dans son introduction, l’auteur expose brillamment son propos, en situant l’œuvre de Luc (Lc et Ac) dans l’ensemble de l’Écriture et plus précisément au cœur du NT. Il s’appuie sur le prologue de Lc 1,1-4 et sur celui des Actes. Premièrement, si Luc écrit, c’est que d’autres ont écrit avant lui : son récit est donc une relecture, processus fort courant dans la Bible. Deuxièmement il écrit « avec soin » (akribôs), une remarque sur laquelle Henry de Villefranche (H.d.V.) reviendra plusieurs fois. Troisièmement son but est de montrer la solidité de ce que le lecteur sait déjà ; c’est une opération de « véridiction ».
Et sur quoi cette véridiction porte-t-elle ? Luc le précisera au début des Actes : sur ce que Jésus a fait et enseigné… Dans l’œuvre de Luc, comme dans les autres Evangiles, la question principale est christologique, double question : « Qui est Jésus ? Comment peut-on devenir son disciple ? »
Avant Luc, Marc et Matthieu s’étaient heurtés à la difficulté de répondre à ces questions (puisqu’il ne s’agit de rien d’autre que du mystère de l’incarnation). Mais, écrit H.d.V., « c’est alors que le récit se présente avec sa vertu propre, non pas statique, comme la littérature dogmatique, mais dynamique dans ses dispositions littéraires et ses ressources narratives ». Voilà qui définit la méthode de notre ouvrage : approche rhétorique, à la manière de R. Meynet et approche narrative à la manière de J.-N. Aletti. L’auteur se réfère aussi à l’œuvre magistrale de F. Bovon.
Comme l’annonce le titre de l’ouvrage, les principales clés de lecture sont « voir » et « servir ». Voir de nouveau Lc 1,1-4 : « témoins oculaires » et « serviteurs de la Parole ». Tout le texte du troisième Évangile est donc parcouru en repérant le passage d’un terme à l’autre, qui n’est pas autre chose qu’un passage du visible à l’invisible, ouverture au mystère. Un exemple particulièrement remarquable de cette démarche est le récit des disciples d’Emmaüs : Ils voient Jésus sans le voir ; ils entendent sa parole, à partir de toute l’Écriture et ne pressentent qu’un peu plus tard le mystère.
Pour chaque partie et chaque section H.d.V. repère rapidement les structures littéraires et surtout déploie une interprétation toujours intéressante et suggestive. Le contenu est dense, mais le style est alerte et élégant. Bref nous avons là un ouvrage très agréable à lire et qui fait réfléchir…
En conclusion, l’auteur présente la façon dont l’évangile selon saint Luc est distribué dans le lectionnaire romain. Signalons aussi quelques jolies gravures d’Isabelle Rougier qui font voir la Terre sainte.
▪ Paul Agneray
Niveau de lecture: aisé
Michel Santier (Mgr)
« Personne ne peut venir à moi si mon père ne l’attire ». Le discours du pain de vieSalvator, 2018, 192 p., 18 €
Mgr Michel Santier (M.S.), évêque de Créteil, propose dans cet ouvrage la version écrite d’une retraite prêchée sur le chapitre 6 de l’Évangile selon saint Jean : la méditation, destinée à un public désireux de nourriture spirituelle, garde le ton oral des entretiens initiaux. Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, évêque de Tours, le souligne dans la préface : la réflexion accompagnera avec profit les lectures de l’année liturgique C. En effet, c’est ce chapitre de Jean qui est lu, durant l’été, entre le 17e et le 21e dimanche ordinaire. L’objectif, pastoral, se lit dans le verset de Jn 6,44 choisi pour titre. À travers cette parole, Jésus ne veut exclure personne, mais rappeler l’initiative divine de l’amour et du salut.
La péricope évangélique (récit du signe des pains, marche de Jésus sur la mer, recherche perplexe de Jésus par la foule, entretien sur le pain de la vie, décision de rejeter Jésus et son enseignement ou décision de le suivre) trouve ici une lecture suivie très libre. Chaque méditation est récapitulée dans une belle prière accompagnant ce qui est du ressort d’une lectio divina. Reprenant la constitution conciliaire Dei Verbum (n° 21) ainsi que Le Catéchisme de l’Église catholique qui parlent d’une seule table eucharistique, l’auteur insiste sur l’unité entre le pain de la Parole de Dieu et le pain sacramentel : « la table dressée pour nous dans l’eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du Corps du Seigneur » (CEC n° 1346). Cependant, dans son commentaire du « Pain de la vie », Mgr M.S. en développe surtout l’aspect « Corps du Seigneur ». Plus que l’aspect « Parole de Dieu », il approfondit le sacrement eucharistique lui-même, en croisant notamment le texte johannique et différents écrits spirituels, tels ceux de Jean-Paul II, de Benoît XVI ou du pape François.
Relevons en finale le chapitre où le prédicateur, qui s'adressait à l’origine à des femmes consacrées, distingue dans l’Église un principe apostolique (confié à la hiérarchie ecclésiastique) et un principe marial, confié à tous ceux et celles qui se mettent « à l’école de Marie, femme eucharistique » : en portant en elle le Verbe fait chair puis en l’offrant au pied de la croix, Marie devient, selon des expressions empruntées à Jean-Paul II, « le premier tabernacle de l’histoire », et celle qui doit « inspirer chacune de nos communions eucharistiques » (Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, n° 55). Comme le rappelle Mgr M.S., il est vrai qu’« il ne plaît pas au Seigneur que l’icône de la femme manque à l’Église » (pape François, exhortation apostolique Evangelii gaudium, n° 285).
▪ Nathalie Courtois
Niveau de lecture: aisé
Marie-Reine Mezzarobba
Ce que la Bible dit sur… la jalousie
Nouvelle Cité, 2017, 126 p., 13 €
Bénédicte Draillard s’entretient ici avec Marie-Reine Mezzarobba (M.-R.M.) qui enseigne l’anthropologie chrétienne au Centre universitaire Guilhem-de-Gellone à Montpellier. Elles abordent la jalousie dans la Bible en douze chapitres. M.-R.M. opte pour une approche à la fois psychanalytique et exégétique, inspirée par Denis Vasse et Paul Beauchamp. « La jalousie est fondamentalement refus du don de l’Autre, refus de la vie en tant qu’elle n’est pas ce que nous imaginons mais Autre. La jalousie est possessive et dévorante, elle s’attaque au lieu même où la vie se donne en nous. Il est illusoire et menteur de penser que l’on puisse ne pas avoir affaire à la jalousie, ne pas avoir à s’en laisser déprendre » (p. 103). Cette thèse est traitée en s’appuyant sur de nombreux extraits bibliques.
Le chapitre 1, « Jaloux, moi ? », s’appuie sur le récit de la création de Gn 2–3. Le chapitre 2, « Jalousie fratricide », part de Caïn et Abel en Gn 4. Dans le chapitre 3, la fratrie est présentée comme le lieu où s’éveille la jalousie, à partir de 1 R 21 (Akhab et la vigne de Naboth). Le lien entre jalousie et convoitise est évoqué très rapidement (Ex 20,19). Dans le chapitre 4, la parabole des talents en Mt 25 est lue comme un chemin de compréhension et de remède à la jalousie. La parabole du père aux deux fils en Lc 15 illustre la jalousie comme négation ou refus du don. La jalousie est présentée comme un sentiment qui alerte avant le péché d’orgueil, en prenant appui sur la prière des Psaumes, vue comme antidote au chapitre 6. L’histoire de Joseph, le fils préféré de Jacob, permet de montrer que Dieu choisit de guérir l’homme en prenant le chemin de son péché (chap. 7). Vivre la diversité et la singularité sans jalousie est un défi. Dieu vient justement nous délivrer de la tentation du même, comme l’illustrent les récits de Babel et de la Pentecôte, au chapitre 8. La relation spéculaire, où l’autre est vu comme un miroir et non pas pour lui-même, est meurtrière, comme le montre le récit du jugement de Salomon en 1 R 3, à l’opposé du récit de la Visitation de Lc 1. Au chapitre 10, la maternité peut être entachée de jalousie (Ap 12), ou bien elle est une acceptation de l’altérité radicale (Jésus et Marie). Au chapitre 11, M.-R.M. s’étonne des traductions qui cherchent à gommer la jalousie de Dieu et lui préfèrent l’expression « Dieu exigeant » – cela empêche de comprendre le sens de la jalousie de Dieu qui, pourtant, nous met sur la voie d’une fidélité divine sans faille. Le chapitre 12, enfin, ouvre la réflexion sur la joie partagée de celui qui accepte pleinement l’invitation au festin des noces.
De nombreux textes bibliques sont convoqués ou simplement évoqués. Ils permettent un parcours général et sans doute un peu bref sur un thème pourtant majeur que certains exégètes de renom ont approfondi en leur temps. L’ouvrage est une bonne porte d’entrée, mais le lecteur ressentira vite la nécessité de ne pas en rester à un rapide survol.
■ Christophe Raimbault
Niveau de lecture: aisé
Recension parue dans le Cahier Evangile n° 183, "Les animaux dans la Bible", mar 2018, p.67
Ce nouvel ouvrage vient prendre place dans la collection « bleue » des éditions du Cerf, collection à la fois critique et accessible, bien précieuse pour les lecteurs francophones. Si l’un des objectifs scientifiques de la collection est de faire apparaître la dynamique du texte pris comme un ensemble, l’entreprise n’est pas facile pour un écrit aussi dense et riche, difficile et énigmatique, que l’épître aux Hébreux. Toutefois, Jean Massonnet (J.M.) relève le défi et conduit son lecteur, de façon systématique et pédagogique, vers une compréhension plus grande et plus claire de cette épître.
J.M. commence par une brève introduction générale, selon les lois du genre, où il tient compte des débats actuels, mais retient en général les positions classiques concernant l’auteur, la date, les destinataires, le milieu culturel et religieux de l’épître. Il est à noter néanmoins que J.M. opte pour une datation plutôt haute sur laquelle il revient à plusieurs reprises : c’est vers les années 60 après J.-C. (p. 31), alors que le culte sacrificiel au Temple est toujours en vigueur (p. 43) ; le rite de Kippour étant « contemporain de notre auteur » (p. 101), etc. Cela n’empêche pas J.M. de mener des comparaisons fréquentes avec la littérature rabbinique, approche bien intéressante certes, mais qui aurait mérité plus de précision quant à la méthode et à la notion de tradition, pour ne pas induire le lecteur dans des confusions de dates.
La structure adoptée suit en général les divisions établies par Albert Vanhoye, sauf pour la partie centrale où J.M. introduit quelques nuances (p. 196 s). Le commentaire présente ensuite chacune des sections délimitées, à partir d’une traduction littérale et des notes de critique textuelle, mentionnant une bibliographie supplémentaire propre à la péricope étudiée, avant d’arriver à l’interprétation du texte et à des « Notes » plus techniques. Le tout est assorti d’une bibliographie générale abondante et de divers index bien utiles pour le chercheur.
Deux grandes qualités de ce commentaire invitent le lecteur à entrer sans peine dans le mouvement du texte et à en apprécier la portée. La première est d’ordre pédagogique : J.M. rappelle brièvement au début de chaque section interprétative le thème principal de la section précédente, traçant ainsi le fil conducteur de l’argumentation d’une unité à l’autre. De même, la structure de chaque micro-unité est reprise dans le mouvement de l’ensemble, en étoffant l’exposé de maints renseignements et connaissances utiles, tant sur le plan littéraire et grammatical que sur le plan historique et culturel.
Un deuxième point de force relève de l’éclairage apporté par les traditions juives, en particulier les points de contact avec le rituel de Kippour, évoqué à plusieurs reprises et dès les premières pages du commentaire. Les excursus sur le repos (katapausis), sur Melkisédeq, sur Kippour sont, entre autres, des exemples réussis de cette mise en parallèle avec des traditions du judaïsme hellénistique ou rabbinique, ce qui permet de lire Hébreux dans une constellation religieuse et culturelle du paysage juif de l’époque, sans parler de dépendance ni de contact direct.
Or, cette attention délicate à l’univers juif de l’épître comporte aussi son revers. À force de nuance, J.M. évite parfois de donner toute la mesure des propos durs de l’auteur de l’épître envers le culte ancien périmé, répétitif, impuissant à purifier les consciences, par opposition à l’offrande unique du Christ qui assure aux hommes le pardon des péchés et la sanctification. Ce contraste frappant serait tributaire de la rhétorique de l’auteur marquée par une « tendance aux extrêmes » (p. 47) ; « Comme souvent, l’auteur va au point extrême de ce qu’il veut exposer » (p. 361) ; mais aussi, selon J.M., « le cadre dualiste, de type platonicien, mis en œuvre pour opposer les deux alliances ou les deux cultes conduit à des affirmations radicales qui demandent à être nuancées » (p. 223). Le lecteur peut avoir quelquefois l’impression que J.M. dialogue lui-même avec l’auteur de l’épître aux Hébreux pour adoucir l’expression de sa critique. Malgré l’insistance sur l’accomplissement parfait de l’ancienne alliance en Christ, souligné par J.M. à plusieurs reprises, quelques affirmations christologiques ou théologiques auraient pu être plus vigoureuses, par exemple en comparant Jésus à Aaron, « les mêmes qualités sont exercées de part et d’autre, mais avec une différence d’intensité qui place Jésus à un niveau éminemment supérieur » (p. 99) ; ou bien, Jésus « apôtre et grand prêtre » est un « délégué, un envoyé pour porter notre confession auprès de Dieu » (p. 102). De même, la mention rapide du thème de la Parole sur le registre de la continuité entre Ancien et Nouveau Testament, contrairement à la discontinuité par rapport au thème du sacrifice (p. 49), aurait mérité un plus ample développement.
Face à un texte complexe et ardu, le commentaire sur Hébreux que nous offre J.M. avec clarté et érudition s’avère important pour tout lecteur qui désire mieux comprendre l’épître, dans le menu de son détail et dans son contexte religieux et culturel.
Pierre de Martin de Viviés
Ce que dit la Bible sur… la santé
Nouvelle Cité, 2017, 124 p., 13 €
Pierre de Martin de Viviés revient avec bonheur à cette collection où il avait déjà publié trois petits livres (Anges et Démons, La Fin du monde, Les Animaux). Il traite cette fois-ci de la santé. Dans cet ouvrage très abordable, il déploie sa triple compétence médicale, biblique et historique. Sont ainsi convoqués Hammourabi et Hippocrate pour planter le décor des rapports entre médecine et religion dans les différentes cultures de l’Antiquité. En Mésopotamie, médecins et prêtres s’entraident pour apaiser les divinités ayant envoyé la maladie ou pour chasser les esprits malfaisants. Dans le monde grec, en revanche, apparaît une séparation rationnelle entre ce qui relève des dieux (dont le guérisseur Asclépios) et ce qui relève de la médecine. Les langues bibliques, l’hébreu et le grec, témoignent de ces deux héritages. On croise alors la question de la théologie de la rétribution, et son évolution d’une rétribution collective à une rétribution individuelle sous l’influence des prophètes. Jésus achève ce mouvement en séparant radicalement le péché de la maladie (voir la tour de Siloé, Lc 13, et l’aveugle-né, Jn 9). L’auteur aborde alors la question des exorcismes, étrangement plus nombreux dans les évangiles que dans l’AT, par lesquels Jésus restaure l’homme « dans sa dignité et sa liberté » ; il se penche sur le cas de la lèpre, à bien distinguer de la « maladie de Hansen » que ce nom recouvre aujourd’hui. Il développe aussi le thème de la prière des malades (notamment dans les psaumes) et rappelle, contre certaines pratiques contemporaines, que si « la foi mène au salut, ce salut ne passe pas obligatoirement par la guérison ».
Ce petit livre est une excellente occasion de mieux connaître un thème important de la Bible. De nombreux lecteurs, dont la représentation moderne de la maladie et de la santé est incompatible avec celle de l’Antiquité, y trouveront de quoi se réconcilier avec les textes bibliques. On le recommande particulièrement à celles et ceux qui œuvrent à la pastorale de la santé.
■ Erwan Chauty, sj.
Niveau de lecture: aisé
Recension parue dans le Cahier Evangile n° 183, "Les animaux dans la Bible", mar 2018, p.68
Abeille
L'abeille sauvage (Jg 14,8) est appréciée pour son miel (Si 11,3), dans la Terre « ruisselant de lait et de miel » (Ex 3,8). La Septante possède un petit portrait d'elle (après Pr 6,8). Mais un essaim peut devenir dangereux et représenter les ennemis (Ps 118,12).
Agneau
L’agneau, dans la Bible, est un symbole privilégié. Modèle de douceur d'innocence et de docilité, l'agneau (où la brebis) représente l'Israélite qui appartient au troupeau de Dieu (Is 40,11). On retrouve la même image dans les Evangiles de Luc et de Jean. Il est la victime sacrificielle par excellence. C'est son sang sur les portes des Hébreux qui les protégea quand Dieu frappa tous les premiers-nés du pays d'Égypte (Ex 12.21-27). Lors de la fête de Pâques, l'agneau pascal doit être mangé en famille, dans une même maison, et sans qu'aucun de ses os ne soit brisé (Ex 12,46). Jésus, présenté parfois comme étant « l'agneau de Dieu » (Jn 1,29), choisit de mourir au moment (Pâques) où l'on sacrifie l'agneau pascal. Il devient le nouvel agneau pascal (Ac 8,32 reprenant Is 53,7) qui, par son sang, conclut la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes. Par là, om deviendra l'agneau glorieux, vainqueur de la mort et des forces du mal.
Aigle
II est impur car il se nourrit de charognes, mais on vante ses qualités (Jb 39,27-30; 2 S 1,23). On lui compare Nabuchodonosor (Ez 17) et même le Dieu de l'Exode qui emporte son peuple sur ses ailes (Ex 19,4). C'est l'un des quatre Vivants de la vision d'Ezéchiel (cf. p.S).
Ane
Utilisé comme bête de somme et moyen de transport, il occupe une place très importante dans les sociétés rurales anciennes. Dans des temps très reculés, il était signe de richesse : les chefs de guerre, les princes et les rois le montaient. Mais à l’époque de Jésus, les grands de la terre ne montent plus des ânes, mais de chevaux. D’où ce symbolisme très fort lorsque Jésus entre à Jérusalem sur un âne lors des Rameaux (Lc 19,33-35) : ce Messie monté modestement sur un âne n’est pas un guerrier ou un souverain temporel : sa royauté n’est pas de ce monde.
Aspic
La morsure de ce serpent est fatale (Gn 49,17); son venin représente la malice de l'impie (Ps 140,4) et celle de tous les hommes, Juifs et Grecs (Rm 3,13).
Autruche
Cet animal du désert du Néguev est associé aux ruines (1s 34,13); son portrait n'est pas flatteur, puisqu'elle abandonne ses œufs dans le sable (Jb 39,13-18; Lm 4,3).
Bélier
On parle surtout de lui lors des sacrifices (Ex 29,15-18); c'est lui qu'Abraham offre à la place d'Isaac (Gn 22,13). Dans une vision de Daniel, il représente l'Empire perse défait par les Grecs (Dn 8).
Bœuf
Avec l'âne, c'est l'animal de trait du cultivateur : de Saül (l S 11,5-7) ou d'Élisée (1 R 19,20-21). Pour lui aussi, le sabbat est jour de repos (Dt 5,14; Lc 13,15). Les lois anciennes prévoient les cas où le bœuf est cause ou objet de délits (Ex 21,28 - 22,14). Quand on le fait travailler, on ne doit pas le museler (Dt 25,4; cf. 1 Co 9,9). Il était vendu près du Temple comme animal de sacrifice (Jn 2,14-15).
Bouc
Animal reproducteur, il est précieux et peut être offert en sacrifice. À la fête de Kippour, un bouc est sacrifié en expiation, tandis qu'un autre (le fameux « bouc émissaire ») emporte au désert les fautes du peuple (Lv 16,8-10). Le sang des boucs, comme celui des taureaux, est censé obtenir l'absolution des péchés (Ps 50,13), ce que conteste le Nouveau Testament (He 10,4).
Bouquetin ou chamois
Il vit dans la montagne (Ps 104,18), où sa reproduction échappe à l'homme (Jb 39,1).
Brebis
Avec les chèvres, elles forment le « petit bétail », source de lait, de laine et de viande. Les brebis mères sont un signe de bénédiction (Dt 7,13). Israël est comparé à un troupeau de brebis conduit par ses bergers, les rois, ou le Seigneur (2 S 24,17; Ez 34). Les brebis sans berger peuvent s'égarer (1 R 22,17; Mc 6,34), être volées ou dévorées (Jn 10,1-16). Le Serviteur souffrant reste silencieux comme la brebis devant ses tondeurs (Is 53,7).
Buffle
Animal sauvage (Jb 39,9-12), il est redoutable par ses cornes (Ps 22,22) et sa vigueur (Ps 92,11). Il devient l'image de la puissance de Jacob (Nb 23,22).
Caille
Leur migration au-dessus du désert explique le miracle de la viande qui tombe du ciel, lors de l'Exode (Ex 16,13); cette nourriture merveilleuse (Sg 16,2) ne profita pas à tout le monde (Nb 11,31-34) !
Cerf, biche
Le cerf peut être chassé au filet et mangé, pourvu qu'il soit d'abord saigné (Dt 12,15). On en servait à la table du roi Salomon (1 R 5,3). Son agilité et sa rapidité sont proverbiales (Is 35,6; 2 S 22,34). La biche désire l'eau vive (Ps 42,2). Comme la gazelle, elle représente le Bien-aimé du Cantique (Ct 2,9).
Chacal
Dans le désert il fait entendre son hurlement lugubre (Mi 1,8) et se nourrit de charognes (Ps 63,11). Il évoque la destruction et les ruines (Jr 9,10). Dans sa détresse et sa solitude, Job se dit « frère des chacals » (Jb 30,29).
Chameau
On l'imagine souvent comme bête de somme ou monture des Patriarches (Gn 24,10.61; 37,25), mais il semble que le chameau à une bosse (le dromadaire), ne soit apparu au Proche-Orient que vers le XIIe s. avant J.-C., remplaçant l'âne pour le commerce caravanier (1 R10,2). Job en possède des milliers (1,3;42,12) ! Comme le sabot fendu de ce « ruminant » est recouvert d'une semelle de corne, il est déclaré impur (Lv11,4). Jean Baptiste porte une tunique en poil de chameau (Mt3,4). Des proverbes parlent du chameau (Mt 19,24; 23,24).
Chat
La Lettre de Jérémie dit qu'il fréquente les temples des dieux païens, avec les chauves-souris et les oiseaux (Ba 6,21).
Chauve-souris
On la prend pour un oiseau à cause de ses ailes, mais elle est impure : elle vit dans l'obscurité comme la taupe (Is 2,20).
Cheval
Il n'a pas bonne réputation en Israël, car il incarne la force militaire des Égyptiens, engloutie dans la mer (Ex 15,1). Sa description comme animal de guerre est superbe (Jb 39,19-25). Salomon les a fait venir de Turquie pour en doter son armée (1 R10,26-29), mais cette puissance trop humaine (Dt17,16) s'oppose souvent à la confiance en Dieu (Ps 20,8-9). La vision des quatre chars de Zacharie (6,1-8) est reprise dans l'Apocalypse où elle annonce les fléaux sur la terre (6,2-8). Le Messie, monté sur un âne, supprime chevaux et chars de guerre (Za 9,8-0; cf. Mt 21,2-9). Le Verbe victorieux monte un cheval blanc (Ap 19,11~13).
Chèvre
Comme la brebis et les agneaux, elle forme le gros des troupeaux; son lait est apprécié (Pr 27,27) et son poil peut être filé et tissé (c'était le métier de Paul: Ac 1 18,3). Le soir, le berger doit séparer les chèvres des brebis pour les abriter (Mt 25,33). La chèvre peut être offerte en sacrifice de paix (Lv 3,12-16).
Chevreuil
C'était l'un des gibiers appréciés à la table de Salomon (1 R 5,3).
Chien
Il ne devient compagnon de l'homme qu'à l'époque hellénistique (Tb 6,1; 11,4), venant manger les miettes de la table (Mt 15,26-27). Auparavant il s'agit du chien sauvage qui se nourrit de déchets et de charognes (Ex22,30), c'est pourquoi il est impur. Son nom est même une injure (2 S 3,8; 16,9). Jézabel est dévorée par des chiens (2 R 9,36).
Cigogne
Son nom hébreu signifie « la fidèle » : elle migre au rythme des saisons (Jr 8,7) et revient nicher au sommet des mêmes arbres (Ps 104,17). Elle est impure.
Colombe
À la fin du déluge, elle ramène à Noé un rameau d'olivier (Gn 8,8-12). Elle fait son nid dans les rochers (Jr 48,28; Ct 2,14) ; on lui compare les yeux de la Bien aimée (Ct1,15). Les pauvres pouvaient l'offrir en sacrifice (Lc 2,24), d'où les vendeurs de colombes près du Temple (Jn 2,14). C'est à elle que ressemble la manifestation de l'Esprit-Saint dans le récit du baptême de Jésus (Lc 3,22), selon une symbolique obscure et discutée.
Coq
On le dit intelligent, car il annonce le lever du jour quand il fait encore noir (Jb 38,36). Son chant est associé au reniement de Pierre, dans la nuit de la Passion (Mt 26,74-75).
Corbeau
Avant la colombe, il indique à Noé la fin du déluge (Gn 8,7). Les boucles noires du Bien-aimé lui sont comparées (Ct 5,11). C'est peut-être lui qui ravitaille Élie (1 R 17,4-6). Grâce à Dieu il trouve toujours de quoi nourrir ses petits (Jb 38,41; Lc 12,24).
Crocodile
La description fantastique du dragon Léviathan correspond au crocodile (Jb 40,25-41,26; cf Ps104,26). Il symbolise l'Égypte car il hantait les rives du Nil, mais on le voyait aussi en Palestine, jusqu'au 19e siècle.
Daman
Ce petit mammifère herbivore, déclaré impur, ressemble à la marmotte. Comme elle, il habite les rochers (Pr 30,26; Ps104,18). Son nom scientifique est l'hyrax.
Éléphant
II a été employé par Antiochus Épiphane contre les Maccabées (1 M 6,30-46). Il portait une « tour de combat » contenant des archers. Son ivoire, importé d'Afrique (via l'île d'Éléphantine), servait surtout à faire des placages sculptés sur des objets ou des meubles précieux (1 R 10,18; Am 3,15; 6,4).
Épervier
Comme l'aigle, il est impur parce que charognard. On admire son plumage (Jb 39,26). Mais certains pensent qu'il s'agit plutôt du faucon.
Fourmi
Le sage la donne en exemple : « Va voir la fourmi, paresseux ! » (Pr 6,6-8); elle est déjà un modèle de prévoyance (Pr 30,25).
Frelon, guêpe
Leurs piqûres peuvent devenir mortelles; c'est par eux que Dieu a chassés les Cananéens, pour libérer la Terre promise au profit d'Israël (Ex 23,28).
Gazelle
Cet animal sauvage, dont on peut manger mais qu'on ne peut offrir en sacrifice (Dt 12,15) est rapide (Is 13,14) et gracieux. On lui compare le Bien aimé (Ct 2,9.17) ou même les seins de la Bien aimée (Ct 7,4).
Grenouille
Elle envahit toute l'Égypte lors de la deuxième plaie (Ex 7,26 – 8,11; Ps 105,30). Parce qu'elle est impure, elle incarne les esprits impurs qui sortent de la Bête, du Dragon et du faux-prophète (Ap 16,13).
Hérisson
II vit dans les ruines (Is 14,23). Mais comme Sophonie (2,14) semble parler de son « hululement », certains pensent qu'il s'agirait plutôt d'un rapace nocturne comme la chouette !
Hibou
Oiseau impur, il hante les ruines (Ps 102,7) ou les maisons abandonnées (Ps 13,21). Mais son identification est hypothétique : il pourrait aussi bien s'agir du chacal !
Hippopotame
C'est lui qui est décrit sous le nom de Behémot (« la Bête » par excellence) en Job 40,15-24. Il était connu dans le Nil mais aussi dans le Yarion, au nord de Jaffa.
Hirondelle
Elle connaît le temps de ses migrations et, à son retour, ne manque pas de retrouver son nid (Ps 84,4). Jérémie déplore qu'Israël soit moins fidèle qu'elle (Jr 8,7).
Hyène
C'est l'adversaire du chien (Si 13,18). Les prophètes annoncent qu'un jour Babylone ne sera plus que des ruines hantées par la hyène (Is 13,22 ; Jr 50,39).
Ibis
Oiseau impur, il est pourtant celui qui a reçu la sagesse (Jb 38,36); en effet, en Égypte il annonce à l'avance l'arrivée de la crue annuelle du Nil.
Léopard, panthère
Ces fauves ont habité les rives boisées du Jourdain jusqu'au début du siècle. Quand il se couchera près du chevreau, ce sera le temps du Messie (Is 11,6). Champion de vitesse (Ha 1,8) et de férocité (Jr 5,6; Os 13,7), il apparaît aussi dans les visions d'apocalypse (Dn 7,6; Ap 13,2).
Lézard
Il en existe plus de 40 espèces, difficiles à identifier et déclarées impures. Il est l'un des quatre êtres minuscules mais sages; il peut habiter le palais des rois (Pr 30,28).
Lièvre
II devrait demander sa réhabilitation : il est déclaré impur parce que « ruminant, mais sans sabots » (Lv 11,6) : sa façon de bouger continuellement ses babines faisait croire qu'il ruminait. La Septante l'a rayé de la liste des animaux impurs... parce qu'il était l'emblème des Lagides (Lagos : le lièvre), les souverains protecteurs des Juifs d'Alexandrie !
Limace
Elle ne traverse la Bible qu'une seule fois, semblant fondre en laissant sa trace visqueuse ainsi souhaite-t-on la disparition du méchant et du menteur (Ps 58,9).
Lion
II habitait les bords du Jourdain et certaines gorges du désert de Juda. À cause de sa force proverbiale (Pr 30,30), ne peuvent le combattre que des hommes courageux comme Samson (Jg 14,5-18) ou David (2 S 17,34-37). On lui compare Juda ou le Messie (Gn 49,9) et Dieu lui-même (Os 5,14; Am 3,8). Mais il peut aussi symboliser les ennemis (Ps 7,3; 2 Tm 4,17), les dangers de la vie (Ps 91,13) et même le démon (l P 5,8). Daniel dans leur fosse représente le Juif délivré des païens par Dieu (Dn 6 et 14,23-42).
Loup
II est l'ennemi mortel des troupeaux et de leur berger (Jn 10,11-12). Il représente aussi les faux-prophètes qui trompent et détruisent les croyants (Mt 7,15; Ac 20,29).
Mouche
Deux proverbes : une mouche morte infecte un parfum signifie qu'un petit mal peut gâter un grand bien (Qo 10,1). Jésus reproche aux pharisiens de filtrer le moucheron mais d'avaler le chameau (Mt 23,24), c'est-à-dire d'observer des détails mais de mépriser l'essentiel.
Moustique
La troisième plaie d'Égypte est une invasion de moustiques ou les magiciens reconnaissent « le doigt de Dieu » (Ex 8,12-15).
Mule et mulet
Avant d'être interdit ensuite par la loi (Lv 19,19), le croisement de 1'âne et du cheval a permis de cumuler leurs qualités : robustesse et rusticité. Ils rendent de grands services, surtout comme montures (2 S 18,9 ;1 R 1,33).
Passereau
Il est craintif (Os 11,11), il chante (Qo 12,4), on 1'attrape au filet (Am 3,5), on le vend pour quelques piécettes (Mt 10,29).
Poisson
À leur création, ils reçoivent une bénédiction spéciale (Gn 1,22) et échappent au déluge. Ils symbolisent la vie abondante, la fécondité, la nourriture (Ez 47,9-10). C'est un poisson qui fournit à Tobie le remède miracle (Tb 6,1-9). Le métier de pêcheurs des disciples de Jésus apparaît souvent (Mc 1,17; Mt 17,27; 13,47-50). Dans le mot grec ichthus (« poisson »), les chrétiens ont lu les initiales de « Iésous CHristos THéou Uios Sôtêr »: « Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».
Porc
Le rejet du porc comme animal impur n'est pas propre au judaïsme, et son élevage ne se faisait que chez les païens (Mc 5,11; Lc 15,15). « Jeter des perles aux cochons » signifie le gaspillage de l'Evangile (Mt 7,6).
Rat
Porteur de maladie, il est associé aux tumeurs qui frappent les Philistins quand, ils ont emporté l'arche d'alliance (1 S 6,45.18).
Renard
À cause de sa ruse proverbiale, il symbolise les faux-prophètes (Ez 13,3-4). Samson se sert d'eux pour incendier les moissons des Philistins (Jg 15).
Sangsue
Image de la cupidité (Pr 30,15).
Sauterelle
La Bible connaît neuf noms de sauterelles, impossibles à identifier. La huitième plaie d'Égypte est une de leurs invasions (Ex10), d'où leur image de destruction (J1 1,4; Ap 9,1-12). Au désert, Jean Baptiste se nourrit de sauterelles grillées (Mc 1,6).
Scorpion
Fréquent dans les endroits pierreux et désertiques (Dt 8,15); il est aussi redoutable que le serpent . (Lc 11,12).
Serpent
Le grand ennemi de l'homme : depuis les origines il cherche à opposer I'homme à Dieu (Gn 3). « Le serpent, le Satan et le penchant au mal se confondent en une même force du mal » dit le Talmud. Animal mystérieux, silencieux, parfois mortel, il alimente l'imaginaire sous bien des formes (Ex 4,2-5; Nb 21,69; Jn 3,14-15).
Singe
L'un des animaux exotiques (avec le paon) que Salomon fait importer par ses bateaux sur la Mer Rouge (l R 10,22): peut-être est-ce le babouin, que les Égyptiens vénéraient ?
Taon
La quatrième plaie d'Égypte est une invasion de taons (Ex 8,16-28); à moins qu'il s'agisse de vermine, car le nom hébreu évoque le grouillement. Mais Jr 46,20 parle bien d'invasion de taons en Égypte.
Taureau
Pour les éleveurs de « gros bétail », il est l'animal le plus précieux. Son offrande en sacrifice est donc la plus coûteuse (Ps 51,21; 50,9.13). Il symbolise la virilité (Gn 49,6), la force brutale des ennemis (Ps 22,13) et même la puissance divine (Gn 49,24; Is 1,14), d'où 1'image (ironique ?) du « veau d'or » (1 R 12,28). Il est l'un des quatre Vivants de la vision d'Ézéchiel (1,10), reprise en Ap 4,7.
Tourterelle
Comme la colombe, elle symbolise la douceur (Ps 74,19) et son chant annonce la belle saison (Ct 2,12); elle peut être offerte en sacrifice par les plus pauvres (Lv 12,6.8). Job appelle ainsi l'une de ses filles (42,14).
Ver
Le mot hébreu désigne à la fois le ver, la chenille et la larve, car ils peuvent tous faire périr les végétaux, comme le ricin de Jonas (4,7) ou les vignes (Dt 28,39). Le ver symbolise la mort et le cadavre (Is 14,11; Si 10,11; 19,3); il ronge déjà 1'impie encore vivant (2 M 9,9-10). Avec le feu, il évoque l'enfer (Mc 9,48).
© SBEV. Stéphane Aulard - Marie-Claude Mackiewicz
Pour consulter d'autres articles permettant de réfléchir sur le place et l'importance des animaux dans la Bible, cliquer ici
Récits de la Bible
Traduits et adaptés par Pierre-Marie Beaude
« Folio Junior – Textes classiques », Gallimard Jeunesse, Paris, 2017, 176 p., 4,90 €
Quelle Bible offrir à un enfant qui aime lire ? On trouve en abondance des sélections et adaptations du texte, des bibles illustrées, des bandes dessinées plus ou moins librement adaptées… mais il n’est pas rare que ces ouvrages déçoivent celui qui connaît et aime la Bible, car il n’y retrouve pas la saveur précise du texte qu’il connaît par ailleurs. La Bible n’est-elle pas un texte qui, par lui-même, parle, malgré ou plutôt à travers ses aspérités ? Bien des adaptations ne cherchent-elles pas à dire un peu autre chose que ce message exigeant à recevoir ? On ne peut alors qu’admirer et recommander le livre de Pierre-Marie Beaude (P.-M.B.). Ce bibliste chevronné avait déjà collaboré avec les éditions Gallimard Jeunesse pour adapter l’épopée de Gilgamesh ; à côté de sa bibliographie strictement universitaire, il avait déjà publié plusieurs romans pour la jeunesse.
P.-M. B. a ici choisi quinze récits bibliques, qu’il a traduits et légèrement adaptés : la création, Adam et Ève, Joseph, Samson, Esther, Jonas, etc. Il se permet quelques gloses, sauts, déplacements de versets, mais avec un seul objectif : rendre accessible le sens littéral du récit biblique, sans jamais en résoudre les problèmes d’interprétation (à Babel, Yahvé dit « brouillons leur langue pour qu’ils ne se comprennent plus », sans expliciter davantage ses motivations) ni édulcorer les scandales (Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils unique). La traduction n’hésite pas à rendre la force poétique de certains vocables hébreux, davantage que les traductions usuelles (« Mais Yahvé envoya des vents hurleurs » rend littéralement le verbe hètîl de Jon 1,4 ; « Alors Dieu fit pousser près de la cabane un bel arbre nommé kikaïon » pour Jon 4,6). Quelques notes expliquent les mots, expressions, ou coutumes difficiles (ainsi, en Gn 11,29, une note rapporte que plus loin, « Abram deviendra Abraham » ; explication du rituel du sacrifice des animaux pour Gn 11,9 ; etc.).
Le livre se termine par un « carnet de lecture ». D’abord une série de questions/réponses permet d’expliquer ce qu’est la Bible, d’une manière qui aidera les jeunes lecteurs à comprendre ce qu’ils viennent de lire et à se situer face à leurs amis de différentes religions. Ensuite vient une brève interprétation du sens de chacun des quinze récits traduits. La langue est simple et les explications claires ; seule une grande érudition permet d’atteindre un tel résultat.
Signalons aussi les qualités matérielles du livre : d’un coût modique, sa typographie est claire et son format agréable à tenir en mains, même pour un enfant. Un livre que les adultes offriront avec plaisir aux enfants, donc… Et l’on imagine sans peine que, avant de l’envelopper de papier cadeau, ils le liront jusqu’à la dernière page, captivés par la qualité du texte !
• Erwan Chauty
Niveau de lecture: aisé
Alain Marchadour
Dieu de Miséricorde. Voyage au pays de la Bible
Bayard, 2016, 512 p., 21,90 €
Alain Marchadour (A.M.), religieux assomptionniste, bibliste qui a enseigné de nombreuses années à Toulouse et à Jérusalem, nous propose ici une étude biblique sur un thème extrêmement actuel : l’année de la miséricorde est terminée, mais la miséricorde en tant que telle reste plus que jamais à l’ordre du jour ! Le sous-titre de l’ouvrage annonce un « voyage », et effectivement, on se promène… A.M. nous promène à travers toute l’Écriture. Tantôt on s’attarde sur un texte ou un autre ; tantôt on passe plus vite sur une question ou sur une autre…
La question de départ est précise : « Le Dieu biblique monothéiste tend depuis quelque temps à être accusé d’être la cause des violences entre les hommes. Le Dieu biblique est-il un Dieu violent, inspirateur des violences qui ont surgi au fil de l’histoire, à partir des religions ? » (p. 17). Le choix de la méthode est indiqué, à la fois canonique et narrative : « Aborder la Bible achevée comme un vrai livre, avec une intrigue, des personnages variés, cela permet de s’interroger sur la hiérarchie des héros qui font progresser l’histoire » (p. 151).
La première partie, « De la violence à la miséricorde », répond effectivement à ce cahier des charges. Le problème de la violence dans de multiples passages de la Bible est regardé en face : il est vrai que, si nous n’étions pas tellement habitués à ces textes, nous devrions en être choqués ! A.M. souligne l’importance des tout premiers chapitres de la Genèse, où, justement, Dieu n’est pas un Dieu violent. Puis il s’intéresse particulièrement aux figures d’Abraham (avec le récit de Gn 22), de Joseph, de Moïse : « l’homme qui parlait à Dieu face à face ». La deuxième partie, « Continuité et rupture », aborde le problème du mal dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Quant à la troisième partie, « Jésus l’évangéliste », elle traite quelquefois de thèmes qui ne manquent pas d’intérêt mais pourraient figurer dans n’importe quel manuel d’introduction au Nouveau Testament : « Jésus dans le judaïsme de son temps »… « Les miracles de Jésus »… « L’enseignement en paraboles »…
En fait, loin de traiter systématiquement le thème de la miséricorde dans la Bible comme l’avait fait Walter Kasper, A.M. nous donne ici un ouvrage résolument destiné à un grand public, facile et agréable à lire. C’est comme une collection de méditations sur des textes choisis à travers toute la Bible, de la Genèse à l’évangile de Jean pour mieux entrer dans la contemplation du Dieu de Miséricorde
• Paul Agneray
Niveau de lecture: aisé
Anton van der Lingen, La guerre et la violence dans la Bible
Éditions du Cerf, « Lire la Bible » n° 189, 2016, 272 p., 24 €
L’ouvrage d’Anton van der Lingen (A.L.), pasteur néerlandais résidant en Bourgogne, est publié dans la collection « Lire la Bible » des éditions du Cerf, qui veut rendre accessible au grand public les problématiques exégétiques savantes. Le livre s’ouvre en soulignant la difficulté que rencontrent les chrétiens d’aujourd’hui devant les textes bibliques marqués par la guerre et la violence, et apporte des précisions méthodologiques sur l’étude qui suivra.
La moitié de l’ouvrage est consacrée à un relevé des emplois de termes liés à la guerre et à la violence. A.L. part ainsi des racines hébraïques et des vocables grecs, pour parcourir les textes où sont nommés la paix, la guerre, l’ennemi, l’étranger, et des verbes comme « piller », « être fort », « agir violemment ». Quelques célèbres épisodes violents sont commentés : la sortie d’Égypte, les batailles de Josué à Guilgal, Sisera dans la tente de Débora, David et Goliath, etc. L’auteur s’oppose alors à la théorie de la guerre sainte de Gerhard Von Rad (Der Heilige Krieg im alten Israel, 1951). Il propose un schéma historique pour tous les textes où Dieu semble cautionner la violence : les sources de ces textes parlaient d’épisodes violents sans mentionner de divinité ; des rédacteurs ultérieurs, dans des moments de détresse comme lors de l’Exil à Babylone, y ont ajouté l’intervention divine, qui se substitue à l’action humaine.
Vient alors une partie originale et savoureuse, basée sur sept textes célèbres. Pour certains d’entre eux, l’auteur imagine leurs rédacteurs discuter de leurs choix rédactionnels ; pour d’autres, il imagine les discussions qui naissent dans une communauté qui vient de les lire. L’ouvrage se termine par une brève apologie de la liberté et de la non-violence.
À qui s’adresse ce livre ? Pas aux spécialistes qui risquent de rester sur leur faim. On aimerait discuter du schéma rédactionnel proposé, qui est énoncé sans justification ; on pourrait regretter une tendance à chercher un message trop unifié de la Bible, sans tenir compte suffisamment des genres littéraires ; on pourrait reprocher à A.L. de trop s’appuyer sur la concordance du vocabulaire. L’introduction herméneutique, comme la conclusion politique sur la non-violence, auraient gagné à se nourrir de la philosophie et de la théologie ; à cela s’ajoutent quelques imprécisions de vocabulaire et de trop nombreuses coquilles.
Mais tous ceux qui, aimant lire la Bible, se trouvent gênés par sa violence, tireront profit de cette lecture. Ils suivront l’auteur qui habite avec passion les Écritures, découvriront la piste de l’étude du vocabulaire pour parcourir un ensemble de textes ; ils acquerront quelques repères historiques essentiels à une juste interprétation, tant des contextes rédactionnels que des processus de réécriture. C’est là l’essentiel : l’auteur se saisit avec courage du dossier crucial de la violence, tant dans la Bible que dans l’humanité, et chemine pour trouver des repères et articuler ses réflexions.
Erwan Chauty, s.j.
Niveau de lecture : moyen
Recension parue dans le Cahier Évangile n° 178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 62.
André Wénin, Le roi, le prophète et la femme. Regards sur les premiers rois d’Israël
Bayard, 2015, 240 p., 19,90 €
Ce livre est constitué de la réunion d’articles remaniés pour l’occasion. Ils concernent les débuts des règnes de Saül, David et Salomon, tels que nous les lisons dans les livres de Samuel et le premier livre des Rois.
André Wénin (A.W.), professeur d’Ancien Testament à Louvain-la-Neuve, ne propose pas une lecture suivie de tous les chapitres de ces « récits d’apparence historique ». Il s’attache à certains passages que nous lisons parfois trop rapidement, passages qu’il aborde avec l’outil de la narratologie (l’expression « exégèse narrative » semble être évitée). Ainsi, à propos de David, il précise : « Mon propos ne visera pas la figure historique de David mais son personnage littéraire. » Il se rend attentif à la narration dans ses détails, pour débusquer avec finesse les éléments, parfois ténus, qui permettent une nouvelle compréhension du récit.
Pour le début du règne de Saül, l’analyse porte principalement sur le personnage de Samuel. L’institution d’un roi sur Israël marque pour Samuel un recul, la perte des fonctions de « juge » qu’il avait jusqu’alors exercées et qu’il comptait transmettre à ses fils. En réaction à cette « blessure narcissique », le prophète va manœuvrer pour s’assurer une emprise sur Saül, le « pousser à la faute » et contraindre Yhwh lui-même à entrer dans son jeu. Notons ici l’importance de la prise en compte, habituelle chez cet auteur, de la psychologie des personnages.
Suivent trois chapitres consacrés à David et à deux de ses épouses, Milka et Bethsabée. C’est l’occasion d’une réflexion sur la royauté en Israël, sa légitimité, et sur l’exercice du pouvoir. Fidèle au récit de 2 Samuel, A.W. décrit David comme un personnage complexe, loin de l’image idéale évoquée par d’autres passages bibliques. La caractérisation du personnage de Bethsabée, développée à partir de quelques versets, peut surprendre. Cela nous invite en tout cas à reprendre la lecture des passages la concernant avec une attention renouvelée. Vient ensuite une lecture de 1 Rois 3, le jugement de Salomon.
Dans le dernier chapitre, A.W. évoque les données archéologiques et littéraires qui conduisent à remettre en cause l’historicité de ces récits, mais ce n’est pas l’objet de sa lecture. C’est l’occasion pour lui de réflexions sur sa méthode, l’analyse narrative, et plus encore sur les effets du récit sur le lecteur. Car l’objet de ces récits, « souvent hauts en couleur, d’un réalisme sans concession ni idéalisation », n’est pas de nous distraire. Ils cherchent à nous entraîner dans leur monde, dans un système de valeur qu’ils proposent. Nous voici invités à nous laisser interroger par la vision de l’homme et de Dieu que proposent ces narrations. Pour illustrer la portée anthropologique et théologique de ces récits, le livre s’achève habilement par la reprise, en 2 Samuel 12, d’un récit dans le récit : l’intervention du prophète Nathan auprès de David, après le meurtre d’Urie.
Jean-Claude Becker
Niveau de lecture : aisé
Recension parue dans le Cahier Évangile n° 178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 63.
Luc Devillers, L’évangile de Luc
Éditions du Cerf, « Mon ABC de la Bible », 2016, 176 p., 14 €
La collection « ABC de la Bible » se veut une boîte à outils d’une lecture informée et vivante du Livre des livres. L’auteur, Luc Devillers (L.D.), professeur d’exégèse et de théologie du Nouveau Testament à l’université de Fribourg, s’attache à répondre à ces attendus pour l’Évangile selon saint Luc. Dans un style alerte, il présente l’évangéliste Luc, résume l’évangile et propose une structure, six thématiques (l’annonce d’un salut pour tous, un Dieu de tendresse pour gens en détresse, l’argent comme pierre d’achoppement, la Bonne Nouvelle au féminin, la prière et l’Esprit saint, l’accomplissement des Écritures) et consacre deux chapitres à la réception de cet évangile. Un lexique, une chronologie, des cartes et une bibliographie complètent l’ouvrage.
La lecture proposée est informée. L.D. n’hésite pas à translittérer des termes grecs (agônia, zôgrô, etc.) qu’il traduit et explique. Au fil du propos, il a recours à la triple tradition synoptique, notamment parce que Luc a connaissance du récit de Marc et de la source Q (p. 47). Il renvoie plusieurs fois à l’œuvre lucanienne, ce qui nécessite d’ouvrir aussi le livre des Actes. L’enquête sur le salut est ainsi menée dans l’ensemble Luc et Actes (p. 54). La structure proposée, parmi d’autres possibles, dévoile un intérêt pour Jésus et ses disciples (d’abord en Galilée en Lc 5,1-9,50, puis à Jérusalem en Lc 19,28 – 24,53). Lc 4,14-44 est ainsi intégré dans le parallèle entre le Baptiste et Jésus.
La lecture est aussi vivante, d’abord par le vocabulaire (Marthe est « au four et au moulin », p. 95 ; Lévi et Zachée exercent « en free-lance », p. 84). Soucieux de s’adresser aux contemporains, L.D. mentionne à l’occasion un contexte marqué par la laïcité (p. 10), la théorie de l’évolution (p. 68), la parité encadrée par des guillemets (p. 96) ou non (p116) pour souligner la manière dont Luc met en valeur l’entourage féminin de Jésus. Sur ce sujet, le « parallélisme indéniable mais rarement symétrique » entre hommes et femmes (p. 97) ne doit pas être considéré comme « une obsession idéologique » (p. 97). L.D. qualifie toutefois l’attitude des Apôtres de « machiste » (p. 99). Il s’agit de former un lecteur qui ne soit plus « naïf » (p. 68) qui puisse interroger ce qu’il a entendu (par exemple Luc médecin, compagnon de Paul ; ou l’opposition entre action et contemplation, p. 95). L.D. propose une lecture d’Emmaüs qui fait « sourire plus d’un spécialiste » (p. 116) puis des « coups de cœur » artistiques (p. 133), signalant ainsi son engagement dans l’acte d’écriture.
Le plan de l’ouvrage concourt à des répétitions. La scène de Nazareth (Lc 4,16-30) est évoquée dans le résumé (p. 31), puis reprise à propos du souci théologique de Luc (p. 49), de la tendresse de Dieu pour les pauvres (p. 70), du rôle de l’Esprit saint (p. 106) et de l’accomplissement des Écritures (p. 111, 112 et 114). L.D. aura pris le soin d’expliquer au départ que l’organisation thématique des chapitres rend compte du fait qu’un « évangile n’est pas un roman de gare, qu’on ne lit qu’une fois avant de le jeter. Au fur et à mesure qu’on empile les lectures, l’écriture même de l’auteur commence à prendre du relief » (p. 13).
L’ouvrage, d’accès facile, guidera des lecteurs dans leur découverte de l’évangile de Luc, une œuvre composée par l’évangéliste « peintre ou musicien » (p. 68). « Ce que dit l’évangile de Luc à propos de Jésus » est abordé comme tel dans le lexique. Le lecteur pourra donc compléter par d’autres lectures cette brève initiation, notamment grâce à la bibliographie fournie.
Christophe Pichon
Niveau de oecture : aisé
Recension parue dans le Cahier Évangile n° 178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 63-64.
Chantal Reynier, Les Actes des Apôtres
Éditions du Cerf, « Mon ABC de la Bible », 2015, 176 p., 14 €
Professeure d’exégèse biblique à Fribourg, Chantal Reynier (C.R.) publie un guide pour entrer dans les Actes des Apôtres. L’auteure est sensible aux difficultés à première lecture de cet œuvre originale liée au troisième évangile : du merveilleux, des accélérations du récit qui peuvent dérouter (p. 9), la manière de raconter des interventions divines qui « heurte la sensibilité du lecteur moderne » (p. 74), des répétitions, un manque apparent d’harmonie (p. 40). Le tableau « en apparence idyllique » de la communauté chrétienne primitive n’est pas non plus à comprendre comme « une sorte de mythe fondateur » (p. 107). Les représentations du lecteur sur le livre méritent réexamen. C.R. invite donc à se laisser prendre par les rebondissements d’un récit rapide, « vivant », « qui recourt à bon escient au merveilleux » (p. 45) qui suscite de l’inattendu et de la surprise (p. 46).
Conformément à la ligne éditoriale de la collection, le livre des Actes est d’abord résumé, une structure du livre est proposée et des thématiques sont déclinées : l’histoire en marche, l’espace méditerranéen, le rôle irremplaçable des témoins, la Bonne Nouvelle, la communauté chrétienne et le christianisme face aux religions. Deux chapitres sont consacrés à la réception des Actes des Apôtres. Un lexique, une chronologie, des cartes et une bibliographie complètent l’ouvrage.
La dimension historique de l’histoire et de son écriture est honorée de différentes manières tout au long de l’ouvrage. Luc est présenté comme un historien de son temps (p. 49) soucieux de garder mémoire d’événements d’ordre vital, qui se sont déroulés sur un peu moins de vingt-huit ans (p. 54), pour les transmettre. La culture historique est aussi précieuse pour décoder les scènes des Actes où sourd la culture grecque de l’auteur lucanien. La manière d’écrire et ce qui est raconté gagnent à être éclairés par des connaissances culturelles que l’exégète propose en partage.
C.R. rend aussi sensible à l’espace-temps déployé dans le livre, et notamment aux confins et à la trajectoire qui va de Jérusalem à Rome. L’auteure de Paul de Tarse en Méditerranée. Recherches autour de la navigation dans l’Antiquité (Cerf, 2006) aide à suivre les voyages en boucle et la trajectoire vers l’Ouest (pp. 66-67), les allées et venues de Paul, y compris maritimes (pp. 52.57).
Les paragraphes se concluent régulièrement par des allusions à la situation contemporaine, comme pour signaler l’actualité du livre des Actes des Apôtres. Dans la préface, C.R. s’adresse volontiers à son lecteur en « nous » (pp. 10-11) car l’histoire que Luc compose « concerne aussi les chrétiens d’aujourd’hui » (p. 10). Les « enjeux pour aujourd’hui » (p. 11) pourront ainsi être partagés : la Bonne Nouvelle à annoncer (p. 35), pour que chacun puisse l’accueillir (p. 96), une voie qui libère (p. 116). La première communauté chrétienne « a inspiré bien des renouveaux spirituels dans l’Église. Pourquoi ne le ferait-elle pas aujourd’hui encore ? » (p. 107).
Christophe Pichon
Niveau de lecture : aisé
Recension parue dans le Cahier Évangile n° 178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 65.
Pierre de Martin de Viviès, Ce que dit la Bible sur… La fin du monde
Nouvelle Cité, 2014, 128 p., 13 €
Ce petit livre, conforme aux principes de la collection « Ce que dit la Bible sur... », est une véritable réussite. Pierre de Martin de Viviès (P.M.V.), professeur à la Faculté de théologie de Lyon, s’empare de la question particulièrement difficile de la fin du monde, dont on sait qu’elle donne encore lieu aux interprétations les plus fantastiques ou les plus inquiétantes.
La question est prise au sérieux ; elle est présente dans toute la Bible avec une concentration plus grande dans les textes du Nouveau Testament. La démarche adoptée par P.M.V. est particulièrement remarquable par sa clarté et son sens pédagogique. Les questions sont classées selon une approche de plus en plus précise et de plus en plus pointue. Chacune occupe un chapitre, dans lequel sont convoqués les grands textes de l’Ancien Testament puis ceux du Nouveau. Ce qui permet de montrer à la fois les solutions diverses (et parfois incompatibles) apportées par la tradition biblique à telle ou telle question, et les modèles de pensée qui se sont développés selon des scénarios divers dans le monde juif, jusqu’au christianisme naissant.
La question de la fin suppose d’abord une conception linéaire du temps, qui s’impose dans la tradition d’Israël, mais n’efface pas une conception plus cyclique, ou plus statique du monde. Les principales interrogations se succèdent alors : « Donnez-nous la date ! Quels en seront les signes ? » Puis les signes envisagés sont passés en revue : la guerre eschatologique, la venue de l’Antichrist, le retour du Messie, le jour du Seigneur, l’établissement du Royaume. Sont ensuite posées les questions du jugement et de la rétribution, de la destinée de ceux qui sont déjà morts et de ceux qui seront encore en vie. Le chemin est balisé par de longues citations qui permettent de prendre au sérieux la perspective de chaque texte, de montrer comment des interprétations se sont forgées, ont divergé ou se sont opposées. La clarté de la présentation n’empêche nullement la finesse des analyses et leur précision.
Évidemment, les textes de l’Apocalypse de Jean ont la part belle, et prennent de plus en plus de place. Mais la ligne d’ensemble est ferme, elle dessine la tension qu’instaure la venue du Christ, sa vie, sa mort et sa résurrection comme pivot de l’histoire, transformant entièrement la conception du temps chrétien. C’est à nouveaux frais qu’il faut alors penser l’attente de ce qui est déjà donné en germe et en prémices, le Royaume et la vie avec Dieu.
Le livre permet au lecteur de traverser avec un regard critique et souvent plein d’humour bien des pièges liés à la question de la fin et à ses représentations multiples dans l’Écriture. Il offre aussi une belle invitation à un ancrage heureux dans un présent habité par l’espérance. On ne saurait trop le recommander.
Roselyne Dupont-Roc
Niveau de lecture : aisé
Recension parue dans le Cahier Évangile n° 178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 65-66.
Pierre Gibert, Ce que dit la Bible sur… La vérité
Nouvelle Cité, 2016, 128 p., 13 €
« Qu’est-ce que la vérité ? » L’interrogation résonne toujours. Que dit la Bible ? Pierre Gibert (P.G.) répond en douze courts chapitres en forme de dialogue parcourant l’Écriture de la Genèse à l’Apocalypse et n’éludant aucune question épineuse. Quelle place tient-elle dans des textes aussi étonnants que ceux de la Torah relatifs à la Création, au Déluge, à Abraham, à son comportement, à Moïse et à la traversée de la mer des Roseaux ? Le prophète, le vrai, n’est-il pas « maître en vérité » qui la dit coûte que coûte, celle du Dieu vrai et unique, et conduit l’auditeur sur un chemin de vérité ? Et la réflexion sapientielle ne la manifeste-t-elle pas comme valeur humaine, condition existentielle, exigence tournant alors vers le Dieu de vérité ? Avec le Nouveau Testament et l’avènement du « Fils Unique, plein de grâce et de vérité », elle est une « réalité interne au Christ » en qui est entendue la Parole de vérité. Saint Paul en effet opère une réflexion qui noue vérité et liberté, vérité de l’Évangile et comportement, tant du Christ que du chrétien. L’identification de Jésus à la vérité est claire chez saint Jean. Il la révèle dans son enseignement et sa Passion, il est « le Chemin, la Vérité, la Vie ». Elle transforme l’auditeur et, dans l’Esprit de vérité, elle ouvre toute l’histoire humaine. Avec l’Apocalypse, rebondit la question de sa compréhension dans un langage tout en image.
La vérité n’est pas un thème, elle est intrinsèquement liée à la Bible, à son statut, à sa nature. Sa réception et sa crédibilité engagent son rapport à la vérité et dégagent l’ampleur de la notion profondément humaine (historique, sociologique, symbolique…) et de l’ordre du divin. La réflexion lie la vérité historique et factuelle des événements, question incontournable, socle nécessaire mais non suffisant, et une autre vérité plus fondamentale, exigence de sens pour l’homme, inscrite en son cœur et relevant de l’intelligence de la révélation du Dieu unique. P.G. introduit à une lecture juste des textes portée par l’exégèse critique moderne et le respect du message de foi que le lecteur doit recevoir. Par des déplacements, il invite à leur poser les bonnes questions. Un authentique souci de vérité animait les rédacteurs, une volonté d’écrire l’Histoire. Ils le faisaient selon les moyens et les conditions épistémologiques de leur époque, celles du Nouveau Testament marquant un progrès de l’historiographie. La Bible manifeste alors une sorte d’assomption de la notion qui assume en la dépassant la vérité historique et fait accéder à la vérité du message où l’imaginaire et le symbolique ouvrent à la puissance de sens, à l’espérance, à la confiance, à la foi.
En un langage accessible et pédagogique, le livre offre une réflexion forte et mûrie sur une question existentielle, complexe et capitale.Recension parue dans le Cahier Évangile n°178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 66.
Régine Maire, Ce que dit la Bible sur… L’écoute
Nouvelle Cité, 2016, 128 p., 13 €
La Bible porte la Parole, Dieu parle beaucoup et il appelle son peuple à écouter. Écoute et Parole sont tissées ensemble. L’auteure, Régine Maire (R.M.), forte de son expérience de psychanalyste, nous entraîne à sa suite dans une lecture de nombreux textes de l’Ancien et du Nouveau Testaments pour y faire des découvertes. Job, les disciples d’Emmaüs, Moïse et d’autres lui permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives sur l’écoute, décrite de multiples manières dans la Bible. L’écoute bavarde des amis de Job, l’écoute active demandée au peuple d’Israël, l’écoute de la Parole sur laquelle insistent les prophètes sont quelques exemples des nombreuses lectures qui nous sont offertes. Jésus lui-même raconte à ses auditeurs la logique du Royaume, il utilise les outils à sa disposition comme les paraboles pour la faire comprendre.
L’oreille, la voix, le corps entier sont convoqués à cette écoute : écoute de la voix de Dieu, de celle du Fils et de la voix de l’Esprit pour une rencontre. À chaque page, sur chaque texte, le lecteur est appelé à écouter mais aussi à discerner, à comprendre, à se poser la question : « Comment est-ce que j’écoute ? » (p. 90).
Cependant, « nous n’écoutons jamais la Parole de Dieu pour nous seuls. Comme l’écoute et la foi d’Abraham ont fait naître le peuple de l’Alliance, l’effusion de l’Esprit de Pentecôte a fait naître l’Église, notre écoute et notre fidélité "nous mettent ensemble". À son tour, L’Église n’a de sens que dans son écoute du monde avec qui elle entre en dialogue » (p. 108). R.M. termine son parcours en nous partageant son expérience d’écoute selon les « exercices spirituels » ignatiens, elle conclut par cette très belle formule : « Finalement, écouter, c’est aimer. »
Marie-Pia Ribereau-Gayon
Niveau de lecture : aisé
Recension parue dans le Cahier Évangile n°178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 67.
Karl Barth, L’épître aux Romains
Traduit de l’allemand par Pierre Jundt, avant-propos de Christophe Chalamet, Labor et Fides, réédition 2016, 516 p., 29 €
Alors que les protestants commémorent les 500 ans de la Réforme, voilà une nouvelle édition de ce grand commentaire qui a fait date. Pourquoi ? Quelle actualité a-t-il aujourd’hui ? Dans son avant-propos inédit, Christophe Chalamet (C.C.) pose ces questions. Le commentaire de Romains par Karl Barth (1886-1968) est paru en allemand en 1918, puis sous forme révisée en 1921. Il a été réédité six fois et traduit en français en 1972. Dans cette réédition, on retrouve la note liminaire du traducteur et la préface de chacune des six éditions en allemand.
Pour C.C., ce commentaire « était une bombe » dans le paysage théologique, dès le départ et encore aujourd’hui. Relativisant l’exégèse historico-critique, il propose une exégèse théologique. Barth entre dans la compréhension et le sens du texte (verstehen), sans en rester à une simple mise en contexte ou à une simple comparaison avec d’autres textes contemporains (erklären). Ce projet demeure ambitieux : « Là où Luther a réformé l’Église, Barth a cherché à réformer la théologie protestante. » S’appuyant sur quelques données biographiques de Barth, C.C. explique de façon très intéressante comment la pensée de l’auteur s’est forgée peu à peu dans le concret de son expérience pastorale et dans une confrontation avec les courants de pensée de son époque. On peut alors mieux comprendre la « pensée tortueuse » de Barth (p. VIII) selon le mouvement des voies de Dieu, la dialectique du « oui » et du « non », la « théologie de la crise ». Dieu, en Jésus mort et ressuscité, juge et dit « non » à l’hybris humaine, la violence et la religion mais, en même temps, il fait grâce et fait un « volte-face » vers le « oui » à l’homme.
C.C. donne alors sa propre appréciation. Le commentaire de Barth est toujours d’actualité. Il est incontournable quand on lit Romains, en dépit de sa difficulté de pensée, « de la terminologie et de l’apparat philosophique parfois dépassés comme aussi certaines faiblesses au niveau du contenu » (p. X). Il réussit une heureuse reprise théologique de l’eschatologie, tant attendue au début du xxe siècle, et ouvre une articulation, comme un chemin, entre le Jésus historique et Jésus le Christ, entre le Créateur et la créature, entre Dieu et l’homme. Gageons que cet avant-propos, comme une clef de lecture, donnera au plus grand nombre l’envie de plonger ou de replonger dans ce grand commentaire pour mieux comprendre la pensée protestante du xxe siècle et le goût de relire la source inépuisable qu’est la lettre aux Romains.
Christophe Raimbault
Niveau de lecture : exigeant
Recension parue dans le Cahier Évangile n°178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 68.