Le livre du mois :

Job, l'insoumis

Christine PELLISTRANDI, Paris, Editions du Cerf, 2025, 20 € .

Avec une plume élégante et facile à lire, Christine Pellistrandi nous offre sa propre lecture du livre de Job. Grâce à son érudition et à son talent narratif, elle rend visible la vie de Job, de sa famille, de ses amis. D’une certaine façon, c’est la bénédiction divine qui se laisse ainsi contempler.

Cet ouvrage est le fruit d’un échange avec des amis, cette amitié, si précieuse et dont Job manque tant ! Régulièrement, nous entendons Marc, Mathilde, Jean, Emmanuelle ou Philippe interroger l’auteure. Le dialogue amical et la libre traduction permettent d’entrer dans le questionnement essentiel de Job : « Pourquoi est-ce que je vis ? Pourquoi Dieu a-t-il voulu que je vive ? Pourquoi une telle souffrance ? Se poser la question, est-ce renier Dieu, ou bien consentir à examiner la vie qu’il a déposée au cœur de l’homme pour y faire éclore toute vocation, même quand le sentiment de l’impuissance est écrasant ? » (p. 59.)

Avec honnêteté, cet ouvrage commente la position des amis, en mettant en avant ce qu’ils disent de vrai, en dénonçant leur arrogance qui les empêche de bénir. Une théologie qui ne bénit pas, à quoi sert-elle ? Au moment de lire, ou de commenter Jb 19, ce paragraphe est présenté comme une profession de foi : Je sais que mon rédempteur est vivant (Jb 19,25). « Job ne sait pas comment Dieu s’y prendra pour restaurer son amitié, mais il croit que l’éternité et la fidélité divines ne peuvent pas se rompre. Il renonce au leurre d’une justification humaine par ses amis ou sa postérité et il se tourne vers Dieu seul, persuadé que toute vie est d’avance, enclose en lui » (p. 129).

La réponse de Dieu (Jb 38–41) est présentée dans un chapitre intitulé : « La théophanie ou le carnaval des animaux ». Tout un programme ! Cette exploration du monde créé par Dieu fait éprouver comme une nécessité, « un besoin de quitter sa chambre de sortir de sa maison pour oublier le cadre de sa vie quotidienne [...]. Il fallait que je parte ailleurs pour accepter le dépaysement » (p. 181). Ainsi, l’efficacité du poème est mise en œuvre. Le récit de création de Jb 38–41 est bien un autre regard sur le monde rempli d’animaux a priori inutiles, voire nuisibles, mais qui peuvent prêter à sourire.

Le principal mérite de cette lecture de Job est de montrer l’amitié en acte qui seule permet d’écouter et d’accueillir la plainte de Job.

Éric Morin

2503 Job l'insoumis