Le livre du mois :

Dictionnaire Jésus 

Renaud Silly (sous la direction de), Dictionnaire Jésus (par l'École biblique et archéologique française de Jérusalem), Bouquins, Paris, Robert Laffont, 2021, 1274 p., 32€

Ce dictionnaire est lié au projet scientifique de La Bible en ses traditions, initié par les dominicains de l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem. L’Ecole est connue notamment pour la traduction de la Bible de Jérusalem. Depuis 2010, une plateforme numérique (bibletraditions.org) s’enrichit pour un projet d’annotation de la Bible. Les principes en sont repris pour l’élaboration du dictionnaire. Les deux concepteurs de l’ouvrage, Renaud Silly op et Olivier-Thomas Venard op, explicitent dans la préface ce qu’il est, un ouvrage conçu avec une trentaine de contributeurs de disciplines, confessions et nationalités différentes. Le dictionnaire est une œuvre collective, les notices sont anonymes.  

Les préfaciers exposent leur conception de l’écriture de l’histoire et de la démarche historique, par distinction de l’écueil positiviste et d’une démarche historiciste. Le dictionnaire est consacré à Jésus, personnage historique. Il y est situé en son temps et en son peuple juif. Ils le qualifient de « pédagogue antique » (p. XVI) et « ironiste » (p. XXV). Jésus est surtout envisagé en fonction de « l’énigme qu’il représentait dans le milieu et la religion de son temps » (p. X-XI). Il révolutionna, sans être révolutionnaire (p. XXII), opéra un « renversement des valeurs » et de la vision du monde, un monde non pas contaminé par l’impureté mais par la pureté. Il a promu une fraternité universelle, insista sur le don intérieur de l’Esprit saint et parla d’un Dieu puissant autrement. Les connaissances sur le judaïsme pluriel du 1er siècle sont en constant progrès et permettent de situer Jésus en rapport avec les pharisiens, esséniens, sadducéens. Le dictionnaire prend en compte ces données, y compris les sources rabbiniques postérieures dont il est fait un « usage raisonné » afin d’éviter les anachronismes (p. XIII).

Outre 500 entrées environ, on trouve aussi des cartes sur l’urbanisme antique de Jérusalem qui tiennent compte des dernières découvertes. C’est l’un des nombreux avantages de ce document de référence pour les étudiants en théologie et familiers de la Bible. Sa forme en fait un objet facilement maniable malgré son nombre conséquent de pages. Chaque notice s’achève par une courte bibliographie, le plus souvent des travaux en anglais et français. Les renvois de notice à notice facilitent l’exploration d’un sujet de travail. La table analytique organise et illustre la variété des sujets abordés à travers les regroupements proposés : sources, méthode, contexte, situation, lieux, personnes, biographie, ministère, enseignement, passion, résurrection, caractérisation. 

L’idée qui sous-tend ce dictionnaire, ainsi que la plateforme numérique, est que la Bible est moins un livre que le reflet d’un flux de traditions. Le corpus néotestamentaire hérite de traditions, atteste d’un processus de transmission, fait l’objet lui-même d’une réception par des générations de lecteurs. L’ensemble se produit dans un contexte historique donné avec les manières de penser et d’écrire de ce temps du 1er siècle. On ne sera donc pas étonné de trouver, à titre d’exemples, des notices aussi diverses que « Elie », « Targum », « Pur et impur (judaïsme) », « Cynisme (école philosophique) », « Temple d’Hérode », « Nazareth », « Psychologie de Jésus », « Quêtes du Jésus de l’histoire », « Agneau de Dieu », « Paul de Tarse », « Luc » , « Apocryphes », « Obole de la veuve », « Miracles », « incarnation », « Union hypostatique », « Docétisme », « Islam », « Sacré-cœur ».

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