Épiphanie du Seigneur A
Is 60, 1-6 :
Jérusalem est l’objet de l’espérance des nations mais Jérusalem est dans la peine. Jérusalem est la ville que Dieu a choisie pour qu’à partir d’elle, il puisse bénir son peuple et de là, toutes les nations, mais il semble que Jérusalem elle-même passe à côté de la bénédiction, un comble !
Dans ce texte de la fin du Livre d’Isaïe, la raison de cette situation est sans importance. Dieu veut qu’elle change, il souhaite que Jérusalem, la capitale de son règne, soit elle-même bénie. Alors il l’appelle, comme un époux sa bien-aimée, et l’invite à se réjouir, non pas de la situation présente mais de la situation future : l’œuvre de Dieu se réalisera mais la joie peut être présente, déjà. La joie de Jérusalem doit être de voir celles et ceux qui avec elle et par elle seront bénis par le Seigneur. Se réjouir de l’avenir, se réjouir du frère ou de la sœur qui partagera la bénédiction, telle est la joie paradoxale de Jérusalem.
Ps 71 :
Ce psaume est une prière adressée à Dieu pour qu’il bénisse son Messie. En chantant cela, le peuple de l’Alliance prend conscience de ce que lui donne la présence du Messie : une transformation du monde dont tous les éléments sont maintenant au service de la justice.
Ep 3, 2-6 :
Cette méditation de Paul, ou plutôt d’un disciple qui met sous la plume de son maître ce qu’il a compris de l’enseignement de celui-ci, comme on le faisait souvent à l’époque, cette méditation s’émerveille du fait que les païens sont associés à l’héritage d’Israël. Le fait est merveilleux en soi, mais il est paradoxalement révélateur de ce que fit Dieu en élisant Israël, son peuple. C’est toujours la même logique de gratuité et de grâce qui se dévoile ainsi dans les étapes de l’Alliance. Dès qu’une fraction du peuple est tentée d’ériger en droit ce qui est de l’ordre du don (et qui ne connaît pas cette tentation !) alors Dieu fait librement rebondir son projet, appelant gratuitement ceux que l’on n’estimait pas invités : cette fois-ci des païens, souvent des pécheurs, toujours des pauvres.
Mt 2, 1-12 :
Les mages sont la figure des inattendus, des païens, que les deux premières lectures nous ont mentionnés. Comment parviennent-ils devant Jésus ? Nous ne savons que fort peu de choses, et peu importe…
Ils repartent par un autre chemin et c’est cela qui compte, c’est cela qui légitime leur présence devant l’enfant-roi. Certes, pour les mages, cela constitue une mesure de sécurité : ils savent qu’ils seront pris dans les pièges du roi Hérode s’ils retournent à Jérusalem. Mais le fait est là : par leur aventure, ils nous apprennent que quiconque s’approche de Jésus doit repartir par un autre chemin.
Paradoxalement, le retour donne sens à l’arrivée. En acceptant d’avoir été changé par la rencontre avec Jésus, ils attestent avoir été attirés par lui et ne pas l’avoir cherché comme on part en quête d’un trésor qui leur reviendrait de droit. Les modalités du retour attestent de la prodigalité de celui qu’ils ont approché. Les mages offrent ainsi une clé pour lire l’ensemble du récit que Matthieu propose à son lecteur : comment sont transformés les personnages évangéliques par la présence de Jésus ?