1 Sm 1, 20-22. 24-28 :
Pour célébrer la Sainte Famille, la liturgie nous offre de proclamer cet épisode de la vie de Samuel, l’homme de Dieu qui donna l’onction au roi David. Sa mère Anne était une femme stérile ; après bien des combats et des tristesses, sans quitter l’espérance et la prière, elle obtint de concevoir cet enfant.
L’épisode que nous entendons ce dimanche nous raconte comment elle vient rendre grâce à Dieu pour cet enfant demandé et reçu. Anne prit le temps de faire cette démarche, elle attendit que l’enfant soit sevré, que les risques de mort enfantine, fréquents à cette époque, soient derrière elle. Puis elle vient dire merci, c’est-à-dire confesser que ce Samuel est un don de Dieu et qu’il ne lui appartient pas.
Étonnant paradoxe dans lequel Anne est capable de se tenir : reconnaître que cet enfant lui est donné et accepter qu’il ne soit pas à elle.
Personne n’est propriétaire d’une autre personne humaine, pas même les parents de leurs enfants. Le père et la mère sont serviteurs de Dieu qui donne la vie, juste cela, mais quelle belle vocation !
Ps 83 :
La famille du jeune Samuel montre un grand attachement à l’arche d’alliance ; aussi y viennent-ils chaque année en pèlerinage. Ils y vont pour adorer Dieu et se placer ainsi sous son regard.
Le psaume qui nous est donné ce dimanche permet de dire la joie de célébrer le Dieu de l’Alliance. Un tel pèlerinage donne une force qui ouvre le cœur à l’accueil de la vie et transforme les repas quotidiens en liturgie.
1 Jn 3, 1-2. 21-24 :
Dans la première lettre de Jean, le disciple que Jésus aimait offre une méditation sur le récit de la vie de Jésus qu’il écrivit lui-même. Ici, il s’agit bien évidemment du commandement de l’amour : il faut aimer à la mesure de l’amour de Jésus pour nous. Cet amour est caractérisé par le fait que nous sommes aimés avant d’être aimable, ainsi nous sommes aimés même si notre cœur nous accuse et nous dit n’être pas à la hauteur de l’amour.
Cet amour qui aime avant est caractéristique de l’amour familial. Les parents aiment leurs enfants avant qu’ils n’existent, c’est ainsi que leur est donnée la vie.
Lc 2, 41-52 :
Quelle scène ! On dit parfois aux enfants du catéchisme que ce récit est celui qui nous rapporte la seule bêtise que Jésus est jamais faite : ne pas avoir dit à ses parents où il allait… Il est vrai que c’est un détail important. Mais ce texte nous dit bien plus !
Pour Luc, ce récit raconte le premier pèlerinage que Jésus fit au temple de Jérusalem, après avoir fait sa bar-mitsva, l’équivalent de ce que nous appelons la profession de foi. En effet, selon la loi juive, Jésus est maintenant un adulte et les commandements s’imposent à lui. Ainsi, comme le réclame la loi, il part en pèlerinage avec ses parents.
Ces pèlerinages obligatoires pour les juifs ont pour but de permettre aux prêtres d’enseigner le peuple, de lui apprendre à vivre l’alliance ; Luc prend bien soin de nous montrer que Jésus enseigne, malgré son jeune âge. Mais bien plus il enseigne Marie et Joseph.
En effet, alors que sous le coup de l’émotion Marie lui dit une phrase bien ordinaire : ton père et moi nous avons souffert en te cherchant. Jésus révèle qu’il se doit d’être aux affaires de son Père, son père des cieux bien sûr.
C’est la tendresse et la fidélité de la mère qui désigne le père et qui révèle ainsi à son enfant quelle est son origine. Jésus, fils de Dieu fait homme, enseignant déjà au temple, révèle à sa mère qui est le Père ! Elle sait pourtant bien, et Joseph aussi, d’où vient Jésus ; ce dernier révèle à tous que toute existence humaine vient de la seule paternité divine. Jésus fils de Dieu et de Marie en est le signe.