Solennité de Marie Mère de Dieu A
Nb 6, 22-27 :
Ce court passage au milieu du livre des Nombres est une bénédiction que prononcent les prêtres. Nous ne savons pas exactement à quel moment de la liturgie, ni en quelle période de l’année elle était prononcée. C’est la bénédiction qu’aujourd’hui, les Juifs de la descendance d’Aaron emploient pour bénir une personne. Le père de famille peut l’utiliser également pour bénir ses enfants lors du repas de sabbat. Avec le talith, ce grand voile que les Juifs mettent sur leur tête pour la prière, le prêtre enveloppe la personne qu’il veut bénir ; cette protection sous un voile en tissu évoque l’habitation de Dieu dans la tente de la rencontre, tel que l’Exode et le livre des Nombres nous le racontent.
Pour ce premier jour de l’année civile, la liturgie nous offre d’entendre cette bénédiction : que chaque jour de l’année soit pour tous l’occasion de voir briller le visage de Dieu et qu’il nous donne sa paix.
Ps 66 :
Israël est un peuple sacerdotal (Ex 19, 6), sa vocation est de se tenir devant Dieu afin d’intercéder pour les nations et de donner à celles-ci la bénédiction de Dieu. Ce psaume correspond exactement à cette mission.
Que toutes les nations, dont nous sommes, connaissent la joie de voir s’illuminer le visage de Dieu. Un visage illuminé se dit d’une personne heureuse d’une rencontre. Que tous sachent le bonheur de Dieu à venir à notre rencontre, en son Fils, Jésus.
Ga 4, 4-7 :
C’est le seul texte de Paul où il soit fait mention de la mère de Jésus, bien qu’elle ne soit pas nommée. Pour Paul, affirmer que le Fils est né d’une femme revient à exprimer la plénitude de son humanité. Né d’une femme, le Fils est soumis à la loi de Moïse que Marie et Joseph lui ont transmise et dans laquelle ils lui apprirent à vivre.
Par cette soumission à la Loi, c’est à son Père éternel qu’il est obéissant ; c’est en lisant la Torah et les prophètes que Jésus découvrit la volonté de son Père. Aussi, quand nous prenons conscience que le texte que nous lisons a été médité par Jésus, notre lecture de la Bible nous offre la chance et la joie d’assister à l’éternel dialogue entre le Père et le Fils, tel qu’il fut vécu dans la personne de Jésus de Nazareth.
Lc 2, 16-21 :
Bien sûr que Marie sait qui est le Père de cet enfant ; bien sûr, Marie sait que Jésus aura un rôle à jouer pour le salut d’Israël. Pourtant Dieu lui octroie la grâce de lui envoyer des messagers, les bergers, qui lui disent ce qu’elle sait. Et Marie médite…
Même pour Marie, qui a priori sait, même pour Marie, cette naissance est objet de méditation, de réflexions. Il s’agit d’une activité simple et essentielle qui consiste à cultiver le sens des choses en les tenant ensemble dans son cœur, c’est le sens littéral du verbe traduit par méditer. Marie ne sait ce qui va se passer par la suite, la croix n’est pas imaginable. De même que le jour de l’Annonciation elle ne pensait pas que la naissance de son fils se produirait de la sorte : des bergers qui viennent lui dire que la gloire de Dieu s’est manifestée ! Ce Jésus qui vient de naître est objet d’une bonne nouvelle pour tous.
Luc insiste sur cette méditation de Marie, pour enjoindre son lecteur à faire de même. Noël revient tous les ans, avec les mêmes textes et le même message. Mais la bonté de ce message ne se déploie que si l’on prend le temps tenir ensemble tous les éléments pour qu’il soit source de joie dans le monde d’aujourd’hui.