Trentième troisième dimanche du temps ordinaire A
Pr 31 :
Le texte que nous proclamons ce dimanche nous propose le portrait d’une femme parfaite. Il le fait bien sûr selon les catégories de son temps ; l’interprétation saura éviter tout anachronisme qui heurterait la sensibilité contemporaine. Il s’agit d’une femme active qui sait travailler de ses mains. La sagesse, telle que le Livre des Proverbes nous la présente, est en premier lieu une qualité artisanale : avoir le tour de main pour faire ce que l’on doit faire. Cette sagesse devient alors un art de vivre, un tour de cœur dans la justice et la sainteté.
Pour conclusion, l’ouvrage offre ce portrait de la femme parfaite. Au début du livre, le jeune homme auquel il s’adresse est invité à fuir Dame Folie pour épouser Dame Sagesse ; il est maintenant invité à reconnaître avec la femme active qui vit à ses côtés l’expression même de la sagesse de Dieu qui l’invite à la crainte de Dieu.
Ps 127 :
Ce psaume chante le bonheur de la table familiale. Se retrouver le soir en partageant le repas et la journée vécue est une bénédiction divine. Elle anticipe la joie du royaume.
1 Th 5, 1-6 :
Avant de terminer sa lettre aux amis de Thessalonique, Paul souhaite aborder une dernière question : l’attente du retour du Christ. Celle-ci est imprévisible, il n’est pas possible de la déterminer à l’avance, de la calculer. Cela reviendrait à dire que l’ouverture du règne de Dieu est soumise à une loi ; or il s’agit d’un don gracieux que l’on attend dans la foi et l’espérance.
Paul invite donc les chrétiens à vivre dans la sobriété : il est bien connu que le vin alourdit le cœur et fait tomber facilement dans le sommeil. Or, il nous faut rester éveillé et vigilant. Il est connu que dans le monde romain (déjà !), on buvait facilement pour s’enivrer. Boire un verre entre amis ou pour tuer le temps : tel est le choix. Le premier consolide l’alliance entre frères, le second considère sans intérêt le temps qui nous sépare de la venue du règne.
Mt 25, 14-30 :
Avec cette parabole, Jésus invite ses disciples à penser le temps de l’absence, celui entre le départ et le retour du maître. C’est finalement la même question que celle portée dans la deuxième lecture. Pour le troisième serviteur, l'absence de son maître est un temps que l’on met entre parenthèses. Puisqu'il n’est pas là, il n’y a rien à faire. Les deux premiers serviteurs, quant à eux, font de ce temps de l’absence le temps de la fidélité éprouvée. Les talents que leur maître leur a confiés, et qu’ils conservent comme la marque d’une confiance, redoublent en quantité car à la fin ils deviennent la propriété et du maître et des serviteurs. Pour eux, le temps de l’absence offre le temps de redoubler les dons.
Comment alors identifier ces talents ? Ce terme désigne à l’époque une somme importante d’argent, il est passé en français pour désigner une capacité, une compétence. Jésus ne nous parle sûrement pas des talents que nous avons pour un instrument de musique ou toute autre activité. En lisant attentivement le texte, il apparaît que chaque serviteur est jugé sur ce qu’il dit : le troisième serviteur déclare que le maître est dur. Il est donc jugé selon l’image qu’il a de son maître : il aurait du être cohérent avec ce qu’il dit.
Les talents représentent donc, dans cette parabole, l’image que nous nous faisons de Dieu, la parole qu’il nous a donnée et que nous devons faire fructifier. À travers cette histoire, Jésus nous dit que nous avons du talent pour Dieu, que nous avons des dons, que nous sommes doués pour vivre l’alliance : qu’en faisons-nous ?