Messe de la Nativité du Seigneur A
Is 52, 7-10 :
Il y a certes les messagers, mais peu importe qui ils sont, il y a surtout le message : une bonne nouvelle, un salut, la paix, sans compter la joie que suscite ce message. Ce poème du livre d’Isaïe est convaincu que ce que Dieu prépare pour son peuple doit être annoncé, peu importe par qui, parce que ce sont de belles et bonnes choses que Dieu prépare pour son peuple.
Pour l’auteur de ce texte, comme pour nous, ce message de salut et de paix n’est pas forcément évident. Si cela dépend de nous seuls, effectivement nous n’y arriverons pas. Mais justement le salut et la paix nous viennent par des messagers, des personnes qui viennent d’ailleurs et qui portent un message que l’on ne peut s’approprier : cette nouvelle est une parole à l’œuvre en nous, les croyants (cf. 1 Th 2, 13) et c’est par cette transformation que nous la reconnaissons pour ce qu’elle est.
Le message de la nativité de Jésus, annonçant quelque chose de si extraordinaire et de si simple à la fois, ne sera pas « notre » message : toujours il sera une parole venue d’ailleurs qui procure ses effets de paix et de joie dans le cœur de ceux qui l’accueillent.
Ps 97 :
À plusieurs reprises, ce psaume utilise le terme de victoire. Il appartient à la série dite des psaumes du règne ; il pouvait effectivement être chanté à l’occasion d’une victoire militaire ou d’un quelconque haut fait royal.
Faut-il dès lors interpréter la nativité de Jésus comme une victoire ? Il semble que oui : par sa seule entrée dans la vie, le Verbe fait chair annonce qu’il devra affronter la mort, et c’est bien pour la vaincre…
Hb 1, 1-6 :
Le Verbe fait chair, l’enfant Jésus, va devoir apprendre à parler. Marie, Joseph et d’autres compagnons autour de lui, vont lui apprendre le langage des hommes. Également, ils lui apprendront à lire les psaumes, ce recueil de prières du peuple d’Israël. Jésus va apprendre comment l’Esprit Saint à travers les siècles avant lui a ainsi façonné une langue pour que le peuple de l’Alliance s’adresse à son Seigneur.
Cette ouverture de la Lettre aux Hébreux nous met devant cette réalité de l’incarnation : Jésus apprit à prier en chantant et méditant les psaumes. Aussi, aujourd’hui, quand nous lisons dans les psaumes : « Tu es mon fils… », nous avons la chance et le bonheur, la grâce, d’assister à l’éternel dialogue entre le Père et le Fils. Par son incarnation, le Fils nous permet de participer dès maintenant et pour toujours à son éternelle prière filiale.
Jn 1, 1-18 :
Jean ouvre son Évangile par cette somptueuse méditation sur la présence du Fils unique au milieu des hommes. Au cœur de ce poème, il pose une affirmation essentielle : le Verbe s’est fait chair. C’est un véritable paradoxe : une parole, immatérielle, entre dans le monde charnel et se fait l’un de nous !
À bien y réfléchir, toute parole tend à se faire chair : toute parole tend à se réaliser dans la vie et le cœur de celui qu’il écoute. Ainsi, le Verbe de Dieu par qui tout fut créé est la réponse que le Fils fait à son Père, dans la personne de Jésus. C’est ainsi que le récit évangélique qui raconte la vie de Jésus nous montre le Père. En obéissant à son Père, jusqu’au bout, Jésus nous fait connaître quelle réponse filiale le Père espère de nous lorsqu’il pose son acte créateur.
Cette expérience de l’habitation commence dans le Livre de l’Exode : à la fin de cet ouvrage, Dieu habite au milieu de son peuple sous l’humble demeure que fut la tente de la rencontre, tente de Bédouins, aménagée pour y abriter le Très Haut, selon les directives de celui-ci. L’habitation du Fils a été préparée par les exils et les exodes d’Israël qui fut ainsi la demeure du Verbe fait chair.