Fête de la Toussaint année C
Ap 7, 2-4. 9-14 :
La vision que Jean nous rapporte présente une incohérence : d’une part la multitude de celles et ceux qui sont introduits devant le trône pour chanter la louange divine est au nombre précis de 144 000, c’est-à-dire 12 000 pour chacune des 12 tribus d’Israël. Et puis il y a une foule immense que nul ne peut dénombrer. Ces deux foules sont-elles différentes ?
Sûrement, il est possible d’expliquer cette contradiction par le fait que le texte a été remanié. Alors, pourquoi l’avoir seulement remanié et non pas corrigé, dans un sens ou dans un autre ?
Cette contradiction est en fait une affirmation théologique : la foule de celles et ceux qui participent à la liturgie divine est composée à la fois de la descendance d’Israël et à la fois du peuple des baptisés.
Le peuple de Dieu comprend et Israël et l’Église. L’élection qui nous permet de participer à cette liturgie divine est à la fois le fruit d’une promesse faite Abraham et à sa descendance et aussi une grâce qui nous est octroyée par le baptême. Il ne nous est pas possible à nous baptisés, de comprendre le bonheur qui nous est promis par le baptême sans accueillir simultanément la bénédiction faite aux fils d’Abraham.
Ps 23 :
Ce psaume est l’exacte réponse à la première lecture que nous venons d’entendre : voici le peuple immense de ceux qui t’ont cherché ! En plus de la grâce et de l’élection, les membres de ce peuple ont tenu leur cœur pur et leurs mains innocentes, en s’éloignant de toute forme d’idolâtrie. Ils sont ainsi devenus saints comme Dieu seul est Saint.
1 Jn 3, 1-3 :
Selon la première lecture, nous sommes dépositaire d’une promesse : participer à la vie divine elle-même. Voilà pourquoi le monde ne nous connaît pas : si l’on ne partage pas cette espérance de vie divine, on ne comprend rien à la vie des frères et des sœurs de Jésus-Christ.
La vie chrétienne ne se comprend pas à partir de ce que nous sommes aujourd’hui mais à partir de ce que nous serons et qui n’est pas encore pleinement manifeste. Comment rejoindre cet état final ? Par l’espérance, la simple et tenace espérance, appuyée sur la certitude que Dieu fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait, simultanément. Alors, comme nous le dit Saint-Jean : l’espérance nous rendra purs, c’est-à-dire capables de laisser Dieu faire en nous ce qu’il a promis.
Mt 5, 1-12a :
Il est beau chaque année de proclamer solennellement cette charte du règne, cette promesse que Dieu adresse à ceux qui croient en lui. C’est également un portrait de Jésus, lui qui pleure pour que nous soyons consolés, lui, l’artisan de paix que Dieu déclare son Fils bien-aimé.
Ce texte est une véritable force d’espérance, un véritable appel à se mettre en marche (c’est ainsi que le mot bienheureux est traduit dans la bible de CHOURAQUI). Ainsi cet Évangile des béatitudes nous invite à nous réjouir aujourd’hui de ce qui se passera plus tard. Savoir que nous serons consolés n’efface pas immédiatement nos larmes, mais cela doit nous permettre d’avancer.
Le royaume des cieux, s’établit maintenant, pour ceux qui écoutent et accueillent les béatitudes. Pour autant les fruits de ce royaume, la consolation, la justice, la vision de Dieu, ces fruits ne se manifesteront pleinement que plus tard, quand le Seigneur Jésus viendra.
Les saints que nous célébrons aujourd’hui sont les témoins de cette sagesse selon laquelle le croyant est capable d’accueillir le royaume aujourd’hui pour un bonheur à venir. Ils nous enseignent que la sainteté et le bonheur sont un seul et même chemin.