Trente et Unième dimanche du temps ordinaire C
Sg 11, 22 – 12, 2 :
Cette première lecture nous offre une prière d’action de grâces : la prière du sage qui inaugure ainsi sa méditation sur l’histoire de son peuple que Dieu arrache à l’idolâtrie païenne. En effet, cette prière s’ouvre par une description du paganisme qui ne peut reconnaître l’œuvre du créateur dans la créature (Sg 12 – 14) suit une méditation sur l’exode (Sg 15 – 19) qui permet de reconnaître comment Dieu agit simultanément contre l’Égypte et pour Israël : dans un même geste, à l’un il donne les grenouilles qui infestent le pays, à l’autre il donne les cailles qui le rassasie.
Pour le sage, la providence divine est de pourvoir aux besoins de son peuple ; le ressort de l’histoire est ainsi constitué de la fidélité et de la miséricorde divine. En effet, une chose est sûre : si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. Même les plaies d’Égypte sont le signe de la fidélité de Dieu qui révèle à ce peuple l’inanité de ses idoles.
Ps 144 :
Ce psaume qui chante la seigneurie de Dieu, son empire et son emprise sur le monde, revient fréquemment dans notre liturgie dominicale. Ce dimanche, il nous permet de nous approprier la prière du sage : La bonté du Seigneur est pour tous… Le Seigneur soutient tout ce qui tombe : fidélité et miséricorde sont ainsi à l’œuvre.
2 Th, 1, 11 – 2, 2 :
Dans ce texte, l’apôtre Paul témoigne de sa prière pour la communauté de Thessalonique afin que la puissance de Dieu réalise les promesses contenues dans l’Évangile. Ils mettent aussi en garde la communauté : certains prétendent que le Seigneur est déjà revenu dans la gloire ! Il n’en est rien, jamais Paul n’a jamais affirmé une chose pareille même si d’aucuns s’appuient sur son autorité pour le faire croire.
La datation et les circonstances de cette lettre sont difficiles à déterminer. À tel point que pour nombre d’exégètes, il est impossible d’attribuer à Paul lui-même cette petite lettre de lecture difficile. Mais cela ne résout pas pour autant la question des circonstances bien difficiles à préciser.
Quoi qu’il en soit, la lecture de ce dimanche contient une invitation perpétuelle à ne pas identifier l’œuvre de Dieu à ce qu’il a déjà fait pour nous. Les croyants sont invités à faire grandir l’espérance même si le mystère de l’iniquité est effectivement à l’œuvre (cf. 2 Th 2).
Lc 19, 1-10 :
La rencontre entre Jésus et Zachée est un épisode bien connu ! Encore une histoire d’un pécheur à qui Jésus fait miséricorde. Sûr ?
Ce texte nous présente tout d’abord un jeu de regards : Zachée veut voir Jésus et finalement c’est Jésus qui pose son regard sur cet homme perché sur un arbre.
Cette histoire est embrouillée : pourquoi Zachée ne peut-il pas aller au premier rang lui qui est de petite taille ? Bien sûr il est publicain, c’est-à-dire collecteur d’impôts, donc mis au ban de la communauté religieuse, et donc de la communauté tout court. Si Zachée ne peut pas être au premier rang et qu’il est contraint de monter sur le sycomore c’est parce qu’on ne lui a pas laissé de place devant pour voir Jésus. Les gens de Jéricho ont fait tomber la sentence d’exclusion.
Pourtant, il donne la moitié de ses biens. En effet, dans le face-à-face avec Jésus il s’exprime au présent et non pas au futur ; il ne dit pas qu’à partir de maintenant il va donner, il dit qu’il donne. En grammaire on appelle cette forme un présent d’habitude. Zachée le fait déjà et personne ne le voit sauf Jésus bien sûr.
Avec la présentation de Zachée comme publicain nous nous attendions à ce que le récit nous raconte l’histoire d’une conversion, il y en a déjà eu plusieurs dans l’Évangile. Mais en fait, cette histoire révèle notre jugement, semblable à celui que portent les habitants de Jéricho sur ce publicain. Il ne peut pas être quelqu’un de bien, il ne peut pas être fils d’Abraham. Pourtant le regard de Jésus le voyait bien ainsi !