Vingt-neuvième dimanche du temps ordinaire A
Is 45, 1. 4-6 :
Voilà un texte bien étonnant. C’est la seule fois dans la Bible hébraïque que le titre de messie est attribué à un païen. Il est habituellement réservé à David et à ses descendants, les rois de Judée. Il s’agit ici du roi perse Cyrus qui réussit presque sans coup férir à prendre la ville de Babylone (-536), faisant ouvrir les portes dans la nuit et libérant les prisonniers pour permettre à chacun de revenir dans sa terre d’origine. Pour les disciples du prophète Isaïe, un tel événement est le fruit de la providence divine qui veut ainsi que les Hébreux retournent en terre d’Israël et reconstruisent le temple à Jérusalem.
En fait cette appellation inhabituelle veut fournir une définition du messie espéré ; l’activité de Cyrus n’est qu’une esquisse de sa mission. Le messie est alors celui que Dieu connaît personnellement, par son nom, pour ouvrir toutes les portes qui enfermeraient ceux qu’il appelle à vivre sous regard. Si par toutes les portes, le lecteur entend : y compris les portes de la mort, il ne trahit pas le message de l’ensemble du Livre d’Isaïe (cf. la première lecture de dimanche dernier).
Ps 95 :
Un psaume de louange par lequel, en le chantant, Israël accomplit sa mission de peuple sacerdotal. Il invite toutes les nations à venir louer Dieu : ce qu’il a fait pour son peuple récapitule tout ce qu’il se propose d’accomplir pour tout le genre humain.
1 Th 1, 1-5b :
Nous entendons ce dimanche le début de la plus ancienne lettre chrétienne qui nous soit parvenue. Paul ne peut se rendre à Thessalonique car il y est interdit de séjour, au sens juridique du terme. Aussi écrit-il pour communiquer à la communauté les réflexions et décisions prises par les apôtres lors de ce que l’on nomme le concile de Jérusalem.
Paul, comme c’est la convention, commence sa lettre par une prière, mais celle-ci est bien plus longue et plus dense d’habitude. Il rend grâce à Dieu pour la foi, l’amour et l’espérance de la communauté. Il a sûrement obtenu des nouvelles de celle-ci et cela lui permet de faire ainsi un tel éloge de cette jeune Église. Foi, amour et espérance sont toutes trois caractérisées par leur dimension active : une foi qui sort les mains de ses poches, un amour qui décroise les bras, une espérance qui ne baisse pas les bras.
Mt 22, 15-21 :
À la fin de son récit, l’Évangéliste Matthieu nous relate un certain nombre d’échanges entre Jésus et les différents groupes qui composaient le judaïsme de son temps. Ces dialogues ont pour but de prendre Jésus au piège, de le mettre à l’épreuve : on ne s’intéresse pas à son opinion, on veut qu’elle soit retournée contre lui. Ici, au sujet de l’impôt, le piège est simple : ou bien Jésus dit de ne pas payer l’impôt et il peut ainsi être dénoncé aux autorités romaines comme séditieux ; ou bien il dit qu’il faut s’acquitter de ce devoir et son image de prédicateur populaire va s’en trouver fortement écornée auprès des foules.
La réponse de Jésus ne cesse d’étonner : il réussit à se sortir du piège, peu importe comment : ses interlocuteurs ne trouvent rien à redire. En premier lieu, ils sont pris en flagrant délit : il est interdit d’avoir dans le temple une pièce de monnaie avec une figure humaine gravée dessus ! C’est pourquoi il y avait des changeurs…
À Dieu reviennent la louange et l’action de grâce, l’obéissance à sa parole. À César revient la gestion de ce monde ; l’impôt doit fonctionner au service de tous. À César revient également le devoir de louer et bénir Dieu…