Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire A
Is 25, 6-10a :
Comment parler de la vie après la mort ? Le prophète Isaïe propose l’image du banquet qui devient ainsi dans la Bible un thème récurrent. Ce repas n’est pas quelconque : c’est un festin avec les meilleures viandes et les vins les plus exquis. La vie qui nous attend après la mort est bonne et heureuse. Nous serons rassasiés de ce que nous vivrons.
Ce texte possiblement écrit au IV° siècle est un des plus anciens à affirmer la vie après la mort (avec Jb 19 et Ez 37). Il fallut plus d’un siècle pour que cette espérance soit enfin partagée pas l’ensemble du peuple de Dieu, encore qu’au temps de Jésus le parti des sadducéens n’y prêtait guère de crédit. Pour Isaïe, ce n’est nullement l’expression d’une conviction philosophique mais bien l’affirmation concernant la fidélité de Dieu que rien ne peut empêcher de porter son œuvre à terme.
Ps 22 :
Le psaume du berger vient à point nommé pour méditer sur l’œuvre de Dieu qui permet à son peuple de traverser les ravins dangereux et les gorges les plus profondes pour arriver au lieu d’un repas reposant et rassasiant : pour un troupeau, il s’agit des verts pâturages.
Ph 4, 12-14. 19-20 :
À la toute fin de la Lettre aux Philippiens, viennent enfin les remerciements qui motivent la lettre. Cela étonne, mais les conventions épistolaires de l’époque le requièrent : il ne s’agit pas d’expédier ces remerciements mais de les exprimer comme l’aboutissement d’un échange affectueux. Et Paul remercie avec la discrétion et le tact qui conviennent : il commence par dire que le don ne lui était pas nécessaire, je sais vivre de peu, ce qui, en creux, souligne la prodigalité des Philippiens ! Mais cette courtoisie est transformée en profession de foi : je peux tout en celui qui me donne la force. Cette phrase comme tant d’autres chez Paul exprime son lien fort avec le Christ ; ainsi dans le début de la lettre : pour moi vivre, c’est le Christ ! Ce lien avec celui qui est relevé d’entre les morts est une expérience de relèvement : grâce à lui, Paul peut vivre relevé, debout, même dans la faiblesse et les rudes conditions de son emprisonnement.
Mt 22, 1-14 :
La parabole que Jésus raconte s’inscrit dans la longue liste des textes qui comme la première lecture décrivent le Royaume par l’image du banquet. Ici, c’est un banquet de noces ! La question est donc celle de la liste des invités et du plan de table, comme pour tous les mariages… Or, les invités ne veulent pas venir ! Cette histoire veut montrer que gratuité de l’élection et exigence pour les élus ne se contredisent pas.
Le roi renouvelle la liste : peu importe qui viendra, pourvu que la salle soit pleine. La seule exigence pour entrer dans le Règne est de répondre à l’invitation. Dieu est celui qui appelle. Il dit et cela est, il appelle et nous existons, nous répondons et nous nous tenons devant lui.
C’est cela qui explique la dureté de ton envers cet homme qui n’a pas de vêtement. Il était habituel que les invités se voient gratifiés d’un vêtement pour participer au banquet auquel ils sont invités… Aussi, a priori, cet homme est sans excuses. Dans L’Évangile selon Matthieu, ce vêtement peut être le symbole de la justice que l’on a pratiquée et que le Père nous enseigne. Cette pratique de la justice est l’expression de notre libre réponse au Règne de Dieu.
Ce qui étonne surtout dans la parabole, c’est le silence de cet homme : pas un mot, pas un merci ou même un simple désolé. Il n’y a pas de réponse qui ne prenne la parole.
Jésus, l’époux dont nous sommes invités à célébrer les noces, nous offre le banquet eucharistique pour nous initier à celui du Règne. L’Amen que nous prononçons en allant communier est la première prise de parole des invités que nous sommes et qui ainsi rendent grâce d’être là, d’être, tout simplement.