Vingt-septième dimanche du temps ordinaire A
Is 5, 1-7 :
Ce texte repose sur une mise en scène bien précise : les anciens sont assis à la porte de la ville, l’équivalent de la place du village. On se présente devant eux pour exprimer ses différends ; l’objectif n’est pas d’obtenir un jugement, il y a des tribunaux pour cela, mais que les anciens soient témoins de l’accord qui va être passé : je t’ai convaincu et par suite tu as reconnu que tu as déplacé la borne de mon champ et donc tu t’engages à remettre les choses en place.
C’est ce que fait le prophète au nom de Dieu : que pensez-vous de cette histoire ? Reconnaissez que Dieu pouvait attendre mieux de son peuple ! Le mal qu’il s’est donné tel un vigneron pour planter sa vigne lui faisait espérer qu’il n’y ait pas d’injustice : il entend les cris des malheureux. L’alliance ne bénéficie pas à tous… Reconnaissez que Dieu serait fondé à arracher cette vigne…
Ps 79 :
Le psaume reprend la même image que la première lecture. Israël est une vigne et cette prière demande que Dieu en prenne soin. La vigne est à l’origine une liane improductive. Il faut la sagesse du vigneron pour l’émonder afin que la liane devienne cep, qu’il porte des sarments et que ceux-ci donnent du fruit… Le raisin est le fruit du savoir-faire humain et de la vitalité de la vigne. C’est pourquoi, elle symbolise l’alliance, la coopération entre Dieu et son peuple pour la bénédiction de tous.
Ph 4, 6-9 :
Avant de conclure la Lettre aux Philippiens et d’en venir aux remerciements qu’il veut exprimer, Paul invite encore une fois la communauté à l’unité, comme il le fait tout au long de la Lettre. La prière et l’action de grâce permettent d’accueillir la paix : elle est le lien, le liant qui prodigue l’unité (cf. Ep 4, 3). Celle-ci n’est pas fermeture sur soi ; Paul incite la communauté à regarder autour d’elle et à apprendre de la société dans laquelle elle vit : regardez autour de vous ce qui est vrai, noble, digne d’être honoré etc. Prenez-le à votre compte !
Paul n’a jamais voulu que les communautés chrétiennes vivent en autarcie, qu’elles se coupent du monde. Elles sont le signe de l’œuvre de Dieu dans le monde. Et même si ce monde est perverti et dévoyé (cf. Ph 2, 15), il faut savoir recueillir ce qui est digne d’éloge. L’annonce de l’Évangile se fait dans un échange de valeur…
Mt 21, 33-43 :
La parabole que raconte Jésus reprend les images et le ton du texte entendu en première lecture. Il s’adresse aux autorités du Temple qui l’interrogent sur ce qui l’a autorisé à chasser les marchands. Jésus ne veut pas leur répondre s’ils ne sont pas capables eux-mêmes de se situer par rapport à l’œuvre de Dieu. Il les interroge sur Jean-Baptiste mais ils refusent de répondre. Alors Jésus les fait sortir de leurs gonds…
L’histoire qu’il leur raconte n’admet pas d’autre jugement que celui prononcé : ces misérables, il les fera périr misérablement. Oui, mais les misérables c’est vous, leur rétorque Jésus… Vous êtes les vignerons qui doivent permettre à Dieu de recevoir le fruit de la Vigne Israël : l’action de grâce et la louange qui lui reviennent. Mais vous dissolvez l’ardeur du peuple dans les échanges commerciaux en tout genre…
L’histoire que Jésus raconte revêt une valeur prophétique : il est le Fils que l’on mettra à mort en dehors de la ville. Finalement, les prêtres, en exigeant de Pilate la condamnation de Jésus, vont lui donner raison : ils sont bien les misérables de l’histoire… Avertissement sans frais à toute personne qui dévoie les dons de Dieu en ne les mettant pas au service de son peuple !