Vingt-septième dimanche du temps ordinaire C.
Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4 :
Le prophète Habacuc ne supporte pas la situation de violence qui caractérise son temps. En effet, le grand roi babylonien, Nabuchodonosor, fait avancer ses armées, année après année un peu plus menaçantes sur Jérusalem ; aussi, la destruction est de plus en plus proche pour le peuple d’Israël. Certains prophètes disent que Nabuchodonosor est le gourdin par lequel Dieu vient frapper son peuple. Pour le prophète Habacuc, il n’en est rien : la violence est la violence et ne peut servir le dessein de Dieu. Aussi, comprend-il dans une vision ce qu’il exprime par cette phrase, devenue célèbre : Le juste vivra par sa fidélité. Ce qui est juste envers Dieu, c’est de lui être fidèle et cela procure la vie. Pour le juste, la fidélité de Dieu est source de vie.
Ps 94 :
Ce psaume est une invitation à la louange. Il pouvait être vraisemblablement chanté pour une célébration liturgique dans le temple. Le prêtre appelle le peuple à entrer, à s’incliner devant lui qui est notre rocher. Et le peuple répond : Oui, il est notre Dieu. Pour s’accorder à la liturgie célébrée, il est nécessaire d’écouter la parole, aujourd’hui, parce que la liturgie est le rendez-vous d’aujourd’hui pour vivre et bénéficier des bénédictions divines.
2 Tim 1, 6-8 ; 13-14 :
La deuxième lettre à Timothée est vraisemblablement la dernière que Paul ait écrite, quelques semaines possiblement avant qu’il ne soit exécuté. Il est en prison et son disciple et ami Timothée est profondément troublé par cette situation. On ne le serait à moins si celui qui était pour nous un maître et un ami se retrouvait en prison, en passe d’être exécuté pour la cause à laquelle il nous a initiés.
Paul invite Timothée à ne pas avoir honte du témoignage de notre Seigneur (littéralement). Il s’agit donc d’accepter que Jésus rendît témoignage au Père dans la position la plus humiliante qui soit : la mort ignominieuse réservée aux esclaves, la croix. Ensuite, il aura la force de pouvoir témoigner en toutes circonstances, malgré le désarroi qui est le sien.
Lc 17, 5-10 :
Dans cet Évangile, le Seigneur Jésus nous dit des choses rudes : nous avons qu’une foi toute petite et nous ne sommes que de simples serviteurs, littéralement des serviteurs inutiles (étymologiquement sans main droite). Les deux reproches ne font qu’un.
Il nous faut accepter que Dieu n’a pas besoin de nous. Qu’il nous appelle à son service mais qu’il pourrait se passer de nous, nous lui sommes inutiles. Cela ouvre un espace, celui de la gratuité : c’est parce que nous sommes des serviteurs inutiles que Jésus peut dire au dernier soir : je ne vous appelle plus serviteurs mais amis (Jn 15, 9). L’inutile service que nous rendons à Dieu créé l’espace pour l’amitié entre Dieu et nous, pas moins.
La foi commence alors en acceptant que nous ne sommes pas devant Dieu pour faire quelque chose, mais pour être avec lui ; pour le laisser être avec nous. Savoir que Dieu existe et qu'il lui faut obéir n’est pas encore la foi que Dieu espère pour nous. La foi est l’ouverture de l’être qui nous fait être avec lui. Si nous avions un tant soit peu la foi, alors nous recouvrerions l’efficacité de la Parole, non pas pour déplacer les arbres ou les montagnes, mais pour dire à nos frères et sœurs notre amour et notre pardon et cela transformerait ce monde de violence !