Vingt-sixième dimanche du temps ordinaire C
Am 6, 1a. 4-7 :
Ceux qui aiment les propos vigoureux des prophètes sont servis ! Le prophète Amos, au VIII° siècle avant Jésus-Christ, traite de bande de vautrés les dirigeants et l’élite de son peuple ! Il y a plus aimable. Ce n’est pas tant leur confort matériel qui leur est reproché mais l’insouciance avec laquelle ils en profitent. Ils se croient en sécurité alors que la situation est désastreuse et que la puissance assyrienne s’apprête à ravager le pays. Or, on sait comment les Assyriens procèdent : ils déportent ceux qu’ils asservissent ; ainsi les vautrés seront les premiers déportés !
Ps 145 :
Ce psaume chante les louanges de Dieu pour sa fidélité qui se déploie envers les plus petits. C’est une autre relecture de l’histoire que celle que le prophète Amos nous a proposée. Mais il y a un point commun : la justice de Dieu et son souci des plus pauvres constituent le ressort de son intervention en faveur de son peuple.
1 Tim 6, 11-16 :
Les recommandations de Paul à son jeune disciple se terminent par des éléments plus personnels : il ne voudrait pas que Timothée perde son ardeur à professer sa foi. Il lui rappelle pour cela quelle fut l’attitude de Jésus devant Pilate, osant témoigner de la vérité, lui qui fut envoyé par le Père, selon l’évangéliste Jean, pour rendre témoignage à la vérité. Un tel témoignage est un combat dans lequel tous les membres de notre corps deviennent des armes au service de la justice (Rm 6, 20).
La complexité de la vie ecclésiale semble être le terreau des difficultés de Timothée. Le temps où il allait avec Paul de ville en ville, annonçant l’Évangile là où nul ne connaissait le nom de Jésus, ce temps-là est révolu. Il faut maintenant organiser les communautés, donner sa place à chacun, rappeler à tous l’essentiel. Tout cela, c’est encore évangéliser.
Lc 16, 19-31 :
Cette parabole nous raconte le renversement de situation du malheureux Lazare qui après la mort connaît le bonheur et la bénédiction d’être pour l’éternité dans le sein d’Abraham. Comment éviter que l’homme riche, quant à lui, ne se retrouve éloigné du patriarche dans la vie éternelle ? La pointe de l’histoire se trouve là : la loi et les prophètes nous apprennent ce qu’il convient de faire pour avoir en héritage la vie éternelle.
Ainsi résumée, cette petite histoire n’ajoute pas grand-chose ! Pourtant il y a un fait unique à toutes les paraboles : c’est la seule que Jésus nous raconte dans laquelle il nomme un des personnages. Il ne nomme pas le riche, mais le pauvre… Sans commentaire !
Il donne donc au pauvre un nom, celui de Lazare, le nom de son ami, celui-là même qu’il ressuscita d’entre les morts. La résurrection de Lazare suscita beaucoup d’enthousiasme chez les Juifs et de crainte chez les grands prêtres. Cet événement les conduisit à la décision de faire mourir Jésus (Jn 11, 48), et Lazare aussi (Jn 12, 10)… Plus encore, le grand prêtre Caïphe, avait cinq frères qui, à tour de rôle, remplirent les fonctions de grand prêtre. Les détails de cette parabole que Jésus nous raconte ressemblent trop à l’actualité de son temps et aux événements de sa propre histoire pour que cela soit fortuit.
La résurrection de Lazare ne conduisit pas les dirigeants du peuple, enfermés dans leur richesse et dans les questions cultuelles, à écouter Moïse et les prophètes qui disent de prendre soin du pauvre qui est à leur porte.
Cette parabole pourrait également s’appeler la parabole de la porte qui devint fossé : sur terre, il suffit de pousser la porte et de la franchir pour servir et prendre soin du pauvre ; plus tard, elle devient fossé infranchissable.