Vingt-cinquième dimanche du temps ordinaire A
Is 55, 6-9 :
Dieu ne pense pas comme nous ! Avec cette belle comparaison du ciel élevé au-dessus de la terre, le prophète Isaïe, nous donne à penser combien la manière d’agir de Dieu échappe à notre entendement. À cette époque, lors de l’exil à Babylone, le peuple est facilement enclin à estimer, que Dieu l’a laissé tomber, et qu’il n’y a plus rien à espérer ni à attendre du Seigneur. Le prophète ne cesse de secouer son peuple, et par ce paragraphe, dit aux plus récalcitrants d’entre eux d’accepter de ne pas comprendre comment Dieu agit à notre égard. Pour cela, il faut également se détourner des conduites injustes. Si l’on ne cherche pas à vivre la justice à l’égard du prochain, alors l’agir de Dieu et sa justice nous échapperont totalement.
Ps 144 :
Ce psaume de louanges qui revient fréquemment dans nos liturgies dominicales aime à souligner le contraste entre la grandeur de Dieu et sa capacité à se pencher sur les plus petites de ses créatures, afin d’en prendre soin. C’est pourquoi il est capable d’entendre la plainte de son peuple, et de lui faire justice.
Ph 1, 20c-24. 27a :
Lorsqu’il écrit cette belle Lettre aux Philippiens, l’apôtre Paul est prisonnier. Pour le soutenir, les Philippiens lui ont envoyé des subsides dont il a fort besoin. Depuis la fondation de cette communauté, une relation privilégiée se tisse entre elle et l’apôtre ; l’emprisonnement de Paul est une occasion supplémentaire pour que s’exprime cette amitié. La Lettre aux Philippiens est donc une lettre de remerciements.
Dans cette situation, Paul est en attente de jugement, il craint donc pour sa vie. Et avec foi et enthousiasme, il dit que pour lui, vivre c’est le Christ et mourir un avantage. Aucune intention suicidaire de la part de l’apôtre, seulement un formidable amour de la vie, parce que depuis sa rencontre avec le Seigneur Jésus ressuscité sur la route de Damas, ce n’est pas lui qui vit, c’est Christ qui vit en lui (Ga 2, 20). Aimer le Christ et aimer la vie, c’est tout un.
Mt 20, 1-16 :
Cette parabole dite des ouvriers de la onzième heure est une histoire remarquablement bien construite. Au fil du récit, le maître de la vigne apparaît dans toute sa générosité, sortant constamment, procurant du travail à ceux qui n’en ont pas. Et il promet de leur donner ce qui est juste. Qu’est-ce qui sera juste de remettre comme salaire à ceux qui n’auront pas travaillé une journée pleine ? Le texte n’en dit rien pour l’instant.
Quant à la fin de la journée, vient l’heure de la paye, puisque l’on commence par les derniers arrivés et qu’ils reçoivent une pièce d’argent, le lecteur, comme ceux qui ont porté tout le poids du jour et de la chaleur, commencent à faire des multiplications : une pièce d’argent pour une heure, douze pièces d’argent pour douze heures ? Oubliant qu’il était convenu une pièce d’argent pour la journée.
Ainsi, le lecteur peut facilement faire siennes les récriminations des premiers embauchés. Le maître de la vigne répond en montrant qu’il a été juste : d’abord, il n’a pas contrevenu à ce qui était convenu. Ensuite il est généreux, n’est- ce pas son droit ? Le problème ne vient-il pas de notre regard ?
Aimons-nous la bonté de ce maître ? Si tel n’est pas le cas, aimerons-nous la surabondance de Dieu qui fait justice gracieusement, qui donne sans compter à chacun la part et la place qui lui reviennent ?
L’Évangile de Matthieu invite à réfléchir sur la justice et la miséricorde que nous dissocions trop facilement : pour Dieu, ce qui est juste, c’est de faire miséricorde et pour faire justice à notre tour, il nous faut aimer cette miséricorde du Père.