FD 50 - Dimanche 18 septembre 2022 - Vingt cinquième dimanche

Vingtième cinquième dimanche année C.

Am 8, 4-7 :

Au huitième siècle déjà, le prophète dénonçait la justice sociale et les dysfonctionnements économiques. Avec le temps, nous constatons que les choses n’ont pas changé. Il n’y a pas de différence entre la diminution des mesures, l’augmentation des prix ou le trafic de balance que dénonce le prophète Amos, (autant de moyens de biaiser le droit commercial) et les déflations compétitives dont nous sommes capables aujourd’hui !
Pour les déchets du froment qu’ils étaient capables de vendre à l’époque, nous n’avons rien à leur envier. Il y a 20 ans, une campagne de CCFD-Terre Solidaire a montré comment nous avons détruit des exploitations familiales d’Afrique en vendant à ce continent des restes de poulet dont les cuisses et les ailes étaient vendues séparément en grande surface en Occident ! On leur vendait les déchets de nos poulets et nous les avons mis en danger de famine.

Ps 112 :

C’est un psaume de louanges qui résonne bien étrangement après cette invective du prophète ! Mais il nous rappelle l’attention du Seigneur envers les plus petits, les plus pauvres qu’il retire de la cendre où nous les avons trop facilement rejetés.

1 Tim 2, 1-8 :

Parmi les consignes que Paul donne à Timothée, il y a cette injonction à prier pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité. Cela ne constitue nullement une approbation de leur politique : à cette date, vraisemblablement, l’empereur se nomme Néron… Dans la lettre aux Romains (Rm 13, 1-8), Paul affirme que toute autorité publique est voulue par Dieu. Ainsi, l’intercession pour ceux qui détiennent l’autorité, et pour les peuples qu’ils gouvernent, est un élément constitutif de la prière des disciples de Jésus. Ceux-ci sont associés à l’héritage d’Israël, peuple sacerdotal qui a pour vocation de tenir devant Dieu et d’être ainsi source de bénédiction pour le monde. Nous devons prier pour les peuples en guerre, pour les peuples aux prises avec les calamités ainsi que pour tous les dirigeants afin qu’ils soient dociles à l’Esprit de sagesse, de conseil, d’intelligence et de force.

Lc 16, 1-13 :

Voilà une histoire pas morale du tout ! Mais les paraboles ne sont pas des fables de La Fontaine cherchant à mettre en évidence quelques vertus au demeurant fort importantes ! Les paraboles nous mettent devant l’urgence du royaume et Jésus par cette histoire nous montre que nous sommes capables d’agir avec intelligence pour déployer nos combines ténébreuses, mais dès qu’il s’agit de faire le bien : il n’y a plus personne.
Dans l’urgence de la situation, ce serviteur infidèle était capable d’avoir un certain sens de l'amitié. Et nous ? Devant l’urgence du royaume ? Que sommes-nous prêts à faire pour que des amis nous accueillent ?
Autre chose importante : être accusé sans pouvoir se défendre et dilapider davantage après cette accusation dont on ne sait rien, c’est, à s’y méprendre, un portrait de Jésus lui-même, accusé de dilapider l’héritage de la loi et de la bénédiction qui lui est assortie. Comme ce gérant malhonnête, mais sans commettre le péché aucunement, Jésus se défend en remettant les dettes, c’est-à-dire en pardonnant.
Une fois encore Luc interroge notre rapport à l’argent : n’avons-nous pas tendance à le placer au-dessus de tout comme les pharisiens le faisaient pour la loi ? L’argent n’est-il pas une limite à la miséricorde ? Jésus s’indigne de la manière dont l’argent est considéré à son époque : on utilisait un mot de la même racine que le mot Amen pour parler pour le désigner : l’argent ainsi nommé est considéré comme le fiable par excellence ! D’où l’ironie du propos de Jésus : le fiable malhonnête ! Aujourd’hui encore ne parlons-nous pas du crédit ? Un mot qui est de la même racine que le verbe croire. Nous affirmons ainsi que ce qui rend quelqu’un digne de foi, c’est l'argent qu’il a sur son compte en banque… L’Évangile a encore du chemin à faire !