FD 5 - Samedi 24 decembre 2022 - Nuit de Noël A

Messe de la Nuit de Noël A

Is 9, 1-6 :

Avec les crises à répétition que nous traversons, nous voyons bien ce que signifie l’expression marcher dans les ténèbres ! Pour le peuple d’Israël, à cette époque, il n’y a plus de perspective d’avenir : l’alliance n’est plus la composante unifiante des personnes qui vivent sur la terre qui devient alors un carrefour (c’est le sens du mot Galilée) où l’on se croise sans se reconnaître frère.
C’est par un roi que tout peut changer. Ce poème, chanté pour le couronnement du roi Ézéchias (VIII° siècle), ou peut-être celui de Josias (VII° siècle), assure que la force divine qui lui est conférée lui permettra de changer les choses, comme au jour des grandes victoires passées, par exemple contre la tribu des madianites qui ne cessèrent de faire des rezzou contre les Hébreux cherchant à s’installer sur la terre.
Choisir un roi pour sauver son peuple, de la part de Dieu, c’est d’abord choisir un homme (cf. la première lecture du deuxième dimanche de l’Avent). C’est par la présence d’un visage humain illuminé par l’onction de l’Esprit que la lumière se fera sur le peuple qui marche dans les ténèbres.

Ps 95 :

Comment se peut-il que des arbres battent des mains ? La première fois qu’une telle métaphore est intervenue dans la Bible, c’est dans le livre du prophète Isaïe où il nous est dit que les arbres se réjouissent de voir la mort du roi Nabuchodonosor (Is 14, 8) : ce dernier par ses entreprises guerrières a ainsi ruiné nombre de belles forêts au pays du Levant. Maintenant, pour l’avènement du Roi-Messie, sachant qu’aucune destruction ne se fera plus sur la terre, les arbres battent des mains.

Ti 2, 11-14 :

La naissance de l’enfant Jésus est une joie sans fin car elle provoque une bienheureuse espérance. C’est de ce texte de l’apôtre Paul à Tite que vient l’expression que nous offre la nouvelle traduction liturgique dans la prière qui suit immédiatement la récitation de Notre Père.
L’espérance est dite bienheureuse parce qu’elle attend un bonheur et qu’elle sait d’ores et déjà se réjouir du bonheur qu’elle espère. Cette bienheureuse espérance est le ressort qui nous est donné pour pouvoir agir en préparant ce que nous attendons ; c’est ainsi que nous devenons un peuple ardent à faire le bien.

Lc 2, 1-14 :

La naissance de Jésus, Messie d’Israël, est un événement que Luc repère précisément dans l’espace et dans le temps. C’est au moment du recensement que naquit Jésus, il fut donc recensé comme tous les humains de son temps, compté comme un pêcheur au milieu des pêcheurs tels que le prophétisa Isaïe et que cela sera manifesté lorsqu’il sera crucifié au milieu de deux bandits.
Le lieu de la naissance, quant à lui, est décrit de manière extrêmement visuelle ; en terme cinématographique on parle de zoom avant. En premier lieu, est mentionnée la Judée, puis la ville de Bethléem (nom qui signifie : la ville du pain) puis la mangeoire, dans laquelle on met la nourriture, bien sûr.
Pour Luc, insister ainsi sur l’espace et le temps veut permettre à ses lecteurs de prendre conscience de la banalité de l’événement raconté : un enfant naît ! Pour autant, la singularité de cette naissance n’est pas oblitérée ; elle est soulignée par la théophanie, la manifestation de lumière et de gloire, dont les bergers sont les dépositaires et qu’ils vont raconter à Marie et à Joseph.
Cet événement est tout à la fois simple et extraordinaire : c’est en tenant ces deux aspects de la présence de Jésus, Messie d’Israël, qu’il devient lui-même une nourriture pour tous ceux qui croient ; lui qu’on déposa dans la mangeoire, lieu où l’on met ce qui se mange.
Toute naissance est une rupture : il y a toujours un avant et après : pour les parents, pour les proches et bien plus encore pour le nouveau-né ! La naissance de Jésus est une rupture bien plus importante encore puisque la gloire de Dieu fait irruption dans le monde des êtres humains qui peuvent alors, en retour, par la foi, rayonner de la vie divine.