Vingt troisième dimanche année C.
Sg 9, 13-18 :
Pour bien conduire sa vie, il est nécessaire de demander à Dieu la sagesse. Telle est la conviction du Livre de la Sagesse, le dernier des livres de l’Ancien Testament, écrit quelque 50 ans avant la naissance de Jésus. Voulant à sa façon présenter l’héritage d’Israël, l’auteur de ce texte facile à lire invite son lecteur à acquérir, chérir, chercher la sagesse que Dieu donne et qui nous rend plus humain. En effet, même si nous sommes des êtres d’argile, de chair et de sang, nous avons aussi cette capacité d’accueillir l’Esprit de Dieu qui nous permet de comprendre les chemins par lequel Dieu veut conduire l’humanité.
Ps 89 :
Ce psaume nous aide à prendre conscience de notre dépendance à la miséricorde divine (une bonne dépendance !). Si, chaque matin, nous ne sommes pas rassasiés par l’amour et par la fidélité de Dieu, alors notre journée aura quelques difficultés à trouver sa consistance. Avec d’autres images, peut-être bien plus radicales, ce psaume présente la même conscience de la fragilité humaine que celle exprimée dans le Livre de la Sagesse. Pour nos deux textes, cette situation provoque la prière pour demander à Dieu de nous venir en aide.
Philémon :
Cette lettre est la plus brève que Paul nous a laissée. Il écrit à son ami Philémon au sujet de son esclave Onésime. Ce dernier est en fuite, sûrement à la suite de quelques larcins. Comme le veut la coutume, il a cherché refuge chez un ami de son maître et a donc rejoint Paul. Le droit romain comme le droit juif prescrivent de ne pas renvoyer un esclave fugitif chez son maître mais bien plutôt de le vendre et de restituer le produit de cette vente au propriétaire ; il est également possible de les garder pour soi-même comme esclave, contre une indemnité bien sûr.
Paul ne fait rien de la sorte. Après avoir baptisé Onésime, il le renvoie à Philémon. Paul anticipe un face-à-face qui ne sera pas simple, d’où la lettre qu’il écrit à Philémon. Ces deux-là doivent avoir beaucoup à se dire ; mais maintenant, ils sont frères par le baptême et c’est la réconciliation fraternelle qui doit présider à leurs retrouvailles.
Lc 14, 25-33 :
Par trois fois dans cet Évangile, Jésus affirme la quasi-impossibilité d’être son disciple. Nous sommes ainsi devant la radicalité la plus extrême de la suite de Jésus-Christ.
Cet absolu que requiert Jésus sur nous-mêmes doit se traduire par le renoncement à tout ce qui nous appartient. Les Évangiles des dimanches précédents nous ont permis de réfléchir sur cet usage de nos biens, comme de fidèles intendants.
Plus radicalement encore, pour suivre le Christ, il faut comme lui porter sa croix. Les Évangélistes qui nous rapportent ce propos de Jésus nous font penser immédiatement à la figure de Simon de Cyrène, réquisitionné pour porter assistance à Jésus écrasé par la trop lourde charge de la croix. Il s’agit d’être au plus près de Jésus dans sa passion pour accueillir la liberté avec laquelle il se donne à nous. Que signifie cette phrase dans la bouche de Jésus ? Peut-être cette expression avait-elle déjà une signification proverbiale pour exprimer les difficultés de l’existence provoquée par la violence des Romains. En ce sens, porter sa croix voudrait dire être capable de faire des choix malgré les risques encourus. Une autre interprétation évoque le fait que pour appartenir à une confrérie pharisienne, il y avait des rites d’initiation parmi lesquels le geste de tracer une croix en forme de X sur le front, en signe de remise de dettes (expression typique pour dire le pardon des péchés).
Mais l’exigence la plus absolue à laquelle Jésus nous appelle dans cet Évangile consiste à ne lui préférer personne. Les langues sémitiques ne connaissent pas les comparatifs et les superlatifs, d’où cette expression étonnante. Pour autant, Jésus ne nous demande pas de ne pas aimer nos proches et notre prochain. Il nous demande de l’aimer en premier, pour que l’amour de nos parents, de nos conjoints, de nos enfants, de nos frères et sœurs, de nos amis, soit vécu à la lumière de l’amour du Christ pour tous. Jésus nous aime sans attendre que nous soyons aimables, nous pourrons à notre tour aimer de la sorte, si nous mettons la personne de Jésus au centre de toutes nos amours humaines.