Vingt et unième dimanche année C.
Is 66, 18-21 :
Dans ce texte du prophète Isaïe, qui est pratiquement la toute fin de son message, Dieu montre sa sollicitude non seulement pour son peuple Israël mais également pour toutes les nations, y compris celles qui habitent les îles lointaines. Il y a même cette promesse extraordinaire selon laquelle, parmi ces païens, certains seront considérés comme des prêtres et des lévites, ayant donc le droit d’officier, dans le Temple, au plus près de la présence de Dieu.
Ce texte est peut-être le plus universel parmi tous les textes prophétiques. C!est le seul, semble-t-il, à reconnaître une telle place aux nations non-juives dans le dessein de Dieu. Il aura fallu pas moins d’un itinéraire de 66 chapitres pour qu’à travers le Livre d’Isaïe, le lecteur soit initié par le prophète à élargir sa compréhension de l!alliance entre Dieu et son peuple Israël, point de départ pour une alliance éternelle, envers toutes les nations (cf. Is 42, 6).
Ps 116 :
Ce psaume est le plus bref de tous, ce qui nous donne la joie de pouvoir le chanter en entier ! Il est le prolongement naturel de la première lecture puisqu!il invite toutes les nations, tous les peuples, tous les pays à reconnaître l’éternelle fidélité de Dieu : tout ce qu!il a fait pour Israël, pour nous, rend visible et commence la réalisation de ce qu!il veut faire pour tous.
Hb 12, 5-7 ; 11-13 :
Voilà un texte de la lettre aux Hébreux bien difficile à lire et à commenter ! Il semble parler de la souffrance avec trop de facilité pour être recevable par ceux qui ont l!expérience même de la souffrance.
Sa comparaison avec d!autres textes de la Bible permet de souligner que la souffrance, ici, n!est pas un châtiment mais une éducation, et une éducation filiale.
Il semble donc que ce texte n’essaie pas de nous dire « pourquoi » la souffrance, ni même « vers quoi » la souffrance. Il veut faire comprendre à cette communauté, qui a connu la détresse de la persécution, que malgré cela, la relation filiale est toujours possible. Celle-ci peut permettre de trouver sens y compris à ce qu!il y a de plus déroutant dans nos vies humaines.
Lc 13, 22-30 :
Dans ce bref échange entre Jésus et une personne qui le croise sur le chemin, Jésus nous fait découvrir qu!il n!y a pas de limite au projet de Dieu : le plus grand nombre possible prendront place au festin dans le royaume de Dieu.
La question que pose ce passant est facilement la nôtre : derrière la question du nombre (N’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?) il y a la question, parfois angoissée, de notre propre salut. Si le nombre des sauvés est déterminé, alors quelle règle Dieu choisira-t-il pour déterminer qui appartient à ce petit nombre ? S’il en est ainsi, le salut n!est pas offert par la grâce, le règne de Dieu ne s’accueille pas par la foi ; il est inauguré selon une loi, par une règle qu’il convient de savoir calculer pour savoir quoi faire. Ainsi, l!entrée dans le royaume serait alors une question de premiers et de derniers : que faire alors pour n’être pas de ces derniers ?
La réponse de Jésus est rude : parce que justement elle refuse qu!il puisse y avoir possibilité de trier. Personne ne peut tirer quelque avantage ni se prévaloir de quoique ce soit devant Dieu, même ceux qui ont pu fréquenter le Seigneur Jésus soit sur les routes de Galilée soit dans les ruelles de Jérusalem, même nous, aujourd!hui, qui connaissons le même avantage par le baptême, la parole de Dieu, la vie fraternelle.
L’œuvre de Jésus est de venir proposer le bouleversement eschatologique selon lesquelles les derniers sont devenus premiers. Ainsi, en nous, est renversée cette folle prétention à vouloir calculer les règles qui nous feront entrer dans le royaume et qui immanquablement poussent à classer, trier, déterminer à la place de Dieu.
Jésus sur la croix a pris la place du dernier des derniers. Il montre alors ce mouvement par lequel seule la puissance de Dieu qui relève d!entre les morts fait entrer dans le règne.