FD 46 - Dimanche 20 août 2023 - 20è dimanche TO A

Vingtième dimanche du temps ordinaire A

Is 56, 1. 6-7 :

Dans cet oracle du livre d’Isaïe, oracle composé après le retour de l’exil, Dieu annonce qu’il voit plus grand que ce qu’il a déjà réalisé : les étrangers, non-juifs, pourront être associés à la bénédiction de son peuple et venir dans sa demeure. C’est pourquoi dans le temple un espace est aménagé pour eux, esplanade que l’on nomme justement le parvis des nations.
Le critère retenu par Dieu est l’observance du sabbat. En faisant mémoire de l’œuvre de Dieu pour son peuple, lors de cette rencontre hebdomadaire où l’on lit la Torah, ces étrangers deviennent eux aussi héritiers de la geste divine qui se raconte dans les écrits de Moïse.
Dans ce texte, c’est donc le sabbat qui sert de critère et non pas la généalogie. Aujourd’hui, sans se départir de l’élément généalogique, les rabbins enseignent que ce n’est pas Israël qui observe et garde le sabbat, mais que par son observance c’est le sabbat qui garde Israël, qui le maintient en vie dans l’Alliance.

Ps 66 :

Ce psaume d’action de grâces est essentiellement un appel à la louange. Israël appelle les nations à le rejoindre pour louer Dieu et le bénir, lui qui bénit toutes les nations.

Rm 11, 13-15. 29-32 :

Paul arrive au terme de sa réflexion déployée tout au long des onze premiers chapitres de la Lettre aux Romains. Israël n’a pas reconnu le Messie venu dans la chair mais la promesse faite à Abraham n’est pas suspendue : les dons gratuits et les appels de Dieu sont sans repentance ! Plus encore, le rôle d’Israël ne cesse pas pour autant : quand les juifs seront intégrés, ce sera la vie pour ceux qui étaient morts. Paul pense donc à la fin des temps : quand Israël reconnaîtra le Messie, la vie sera ouverte à tous.
Il nous est facile de penser que l’Esprit souffla sur Israël pour préparer la venue du Messie dans la chair ; que l’Esprit souffle sur l’Église pour préparer la venue du Messie dans la gloire. Mais il faut dire avec Paul que l’Esprit souffle encore sur Israël pour préparer la venue du Messie dans la gloire, également. C’est ce rôle d’Israël qu’il nous faut savoir penser aujourd’hui, comme nous y invite le Concile Vatican II. Paul offre une direction : la volonté de Dieu de faire, à tous, miséricorde.

Mt 15, 21-28 :

Dans ce récit, Jésus se montre d’abord réticent à faire un miracle, puis il se voit comme contraint à le faire, en raison de la foi de la femme qui le lui demande. Pourquoi un tel refus ? Jésus après la multiplication des pains est dans une situation inconfortable : le roi Hérode, qui a fait mettre à mort Jean le Baptiste, voit sûrement d’un mauvais œil cet événement quasi insurrectionnel, accompli par le disciple et successeur désigné de ce même Jean. De plus, la foule veut le faire roi ! C’est pourquoi Jésus quitte le territoire de la Galilée qui est sous la juridiction d’Hérode. Il veut se faire discret, peut-être même veut-il se mettre sous le regard de son Père afin d’en mieux connaître la volonté. Accomplir un miracle irait à l’encontre d’une telle discrétion…
Sa mission est d’abord d’aller au-devant des brebis perdues de la maison d’Israël (cf. Mt 10, 6) et non pas vers les païens. Pourtant, il se laisse prendre au piège par la foi de cette femme qui lui retourne sa métaphore au pied de la lettre : s’il s’agit d’être à côté de Jésus, les miettes suffisent…
Jésus s’est exprimé en des termes peu amènes, voire désobligeants. La première communauté chrétienne eut sûrement une pareille réaction quand elle vit les premiers païens se faire baptiser ; cet épisode lui servit alors pour comprendre que si la mission de Jésus s’adressait à Israël, après la mort et la résurrection de Jésus, la bénédiction dont les Juifs sont l’objet doit être maintenant offerte aux nations.