Assomption de la Vierge Marie A
Ap 11, 19a; 12, 1-6a. 10ab :
Une femme, une épouse, signe de l’alliance, apparaît à Jean, le voyant de l’Apocalypse; elle lui est donnée comme une clef pour comprendre l’histoire de l’alliance et du monde. Elle apparaît comme la femme que Dieu veut conduire au désert et séduire, telle qu’en parlait le prophète Osée (Os 2, 16-17). Sa vocation comporte une dimension cosmique : la lune et les étoiles, pas moins, viennent la parer pour sa mission. Celle-ci consiste à donner au monde le messie, qui, avec force et sagesse, conduira les nations jusque dans l’alliance.
Cette femme, c’est le peuple de Dieu, Israël et l’Église tout à la fois, qui trouve sa personnification dans la Vierge Marie, laquelle accepta d’être enveloppée par l’ombre de l’Esprit de Dieu, dans un geste de tendresse nuptiale. Par elle, Israël donne à toutes les nations le Messie qu’elles n’attendaient pas et qui leur permet de lutter enfin contre les forces hostiles qui détournent l’homme de Dieu.
Ps 44 :
Ce psaume est un éloge nuptial composé pour louer le jeune roi et son épouse. Le passage que nous entendons en cette fête est celui qui s’adresse à la jeune femme, fille d’un roi étranger maintenant reine au sein du peuple de Dieu.
Cette prière peut s’adresser à Marie : écoute ma fille et tends l’oreille… Notre foi, nous le savons, est comme suspendue à l’obéissance de Marie à l’égard de la Parole de Dieu.
1 Co 15, 20-27a :
La fête de l’Assomption est comme une fête de la résurrection en plein cœur de l’été. C’est pourquoi la liturgie nous offre cet extrait de la Première Epitre aux Corinthiens. Paul y explique que la résurrection de Jésus n’est que la première d’une longue série, dont nous faisons tous partie ; l’Assomption de Marie en est une attestation.
Par sa mort et sa résurrection, le Seigneur Jésus a tout assumé de l’existence humaine, y compris ses peines et ses échecs. Ainsi, c’est toute l’humanité qui en son corps est conduite vers le Père auquel il soumet tout. Marie, par son obéissance à la Parole, s’est laissé assumer, tout entière, corps et âme, comme signe d’espérance d’une humanité épanouie dans la vie de Dieu.
Lc 1, 39-56 :
Une simple salutation, une rencontre entre deux femmes trop heureuses de se rencontrer et de ce qui leur arrive, trop heureuses de confesser l’œuvre de Dieu et de se reconnaître l’une pour l’autre messagère de la parole divine. Dans cet épisode anodin, les paroles de ces deux femmes leur permettent de se situer et de s’accueillir réciproquement dans le dessein de Dieu. Cette visite de Marie à sa parente est une visitation de Dieu dans l’histoire des hommes, rendue possible par la seule présence de Jésus, sous la forme la plus embryonnaire qui soit.
Discrètement Luc, en racontant cela, rappelle l’accueil de l’Arche de l’Alliance que David fit monter à Jérusalem, bondissant d’allégresse devant cette procession signe de la présence de Dieu à son peuple (2 Sm 6).
Alors, Marie chante. Marie chante devant l’œuvre de Dieu en elle, mais également l’œuvre de Dieu pour nous et en nous. Ce qu’elle vit en son corps, elle sait que Dieu le fera pour les faibles, les petits, les affamés. La promesse adressée aux pères deviendra réalité pour tous, comme elle l’est devenue pour elle.
Dans son Assomption, Marie chante l’œuvre de Dieu comme déjà Anne, la mère de Samuel le fit avant elle (1 Sm 2). L’espérance portée par le peuple de Dieu arrive à son terme dans le chant qui exprime le renversement des valeurs mondaines pour l’inauguration du règne de Dieu.