Assomption année C.
Ap 11, 19a ; 12, 1-6. 10ab :
Au milieu de cette longue révélation que Jean nous propose afin de nous dévoiler l’histoire du peuple de l’alliance à travers les siècles, l’apôtre brosse le portrait de cette femme que servent la lune, le soleil, et la création tout entière. Elle est avant tout une figure du peuple de Dieu aux prises avec le dragon, c’est-à-dire avec la création entière qui se rebelle contre Dieu.
Cet animal mythique est un symbole, celui de la créature autosuffisante qui maîtrise les quatre éléments : la terre, l’air, le feu et l’eau. Il concentre en lui toutes les autres figures qui se sont opposées au dessein de Dieu : le serpent des origines, celui qui immisce la jalousie entre Dieu et sa créature, l’accusateur, c’est-à-dire Satan lui-même, qui accuse les hommes de ne pouvoir tenir devant Dieu et ultimement accuse Dieu de ne pas pouvoir nous rendre saint comme lui seul est saint.
La vocation du peuple de Dieu consiste à dire oui à Dieu et à son dessein et ainsi donner la dernière réplique au mal en montrant comme il est bon d’être créé par Dieu, comme il est bon de vivre.
Marie, que nous célébrons ce jour, correspond parfaitement à cela, elle accomplit parfaitement cette vocation du peuple de Dieu dans sa totalité. En donnant son fils, non seulement elle formule le oui que Dieu attend depuis toujours, mais elle nous permet de répondre joyeusement au dessein que le Père projette sur nous.
Ps 44 :
Écoute ma fille et tends oreille…
C’est à cet appel que Marie su répondre tout au long de sa vie. Manifestée dans la splendeur de son Assomption telle qu’elle est décrite dans la première lecture, Marie nous montre qu’il est bon de se mettre sous le regard de Dieu, un regard qui envisage un avenir radieux, sans dévisager pour accuser. En acceptant de quitter la maison de son père, Marie montre qu’il ne s’agit pas tant de revenir en arrière vers une supposée beauté originelle du monde mais de se laisser saisir par la beauté finale, ultime, dont Dieu revêtira sa création et à laquelle nous sommes appelés depuis toujours.
1 Co 15, 20-27a :
Dans ce texte, Paul affirme que la mort est le dernier ennemi que Dieu soumet. Pourquoi donc cela ? Sûrement parce que la peur de mourir est la mère de toutes les peurs, de tous nos refus de vivre. Avec la victoire de la résurrection, nous ne sommes pourtant pas affranchis de la mort ; il nous est seulement donné la force de la traverser. Nous croyons, nous espérons, qu’au milieu de ce guet qu’est la mort, le ressuscité nous attend et nous revêtira de sa force et de sa lumière pour que nous puissions traverser la mort, jusqu’à la vie. Alors, alors seulement, la mort sera anéantie ; elle ne pourra plus régner par la peur qu’elle génère ; en effet, elle ne nous aura pas empêchés d’accéder à la plénitude de vie avec le Christ.
Lc 1, 39-56 :
Il est bon de prier Marie comme nous le faisons souvent ; mais il est également bon de chanter avec Marie, de participer à sa propre louange, comme nous le permet l’Évangile de ce jour de fête.
Elle chante, parce qu’avec la venue de l’enfant qu’elle porte en son sein, l’œuvre de Dieu ira à son terme. Rien ne pourra y faire obstacle.
Chanter avec Marie, c’est donc adresser à Dieu le cri de joie des saints, de Marie en premier lieu, qui savent que la mort n’aura pas le dernier mot (cf. deuxième lecture).
Cette promesse de vie remonte aux temps anciens, aux origines même de l’Alliance faite à Abraham, le vagabond de la terre promise (cf. Dt 26, 2), le signe posé dès le commencement selon lequel la vie est un pèlerinage vers l’alliance, finalisé par l’alliance. Aujourd’hui, nous pouvons contempler Marie : elle est le signe donné en ces temps qui sont les derniers ; elle nous montre que la vie présente, vécue comme un pèlerinage telle la route de Marie vers les collines de Judée, la vie présente vécue dans l’alliance est finalisée à la vie éternelle.