Vingtième dimanche année C.
Jr 38, 4-6. 8-10 :
Cet extrait du livre de Jérémie nous met sous les yeux, sans commentaire ni fioriture, la violence que subit le prophète. Le texte emploie la sobriété typique du langage d’une chronique pour raconter les événements afin qu’il soit connu du lecteur et qu’il puisse par lui-même juger de la situation.
Jérémie est ainsi maltraité parce qu’il est accusé de connivence avec l’ennemi, d’être un collaborateur. En fait il n’en est rien : il refuse simplement toute idée d’alliance avec les Égyptiens dans la guerre qui oppose son peuple avec les Babyloniens, ces derniers assiégeant la Ville de Jérusalem. Il ne souhaite nullement favoriser ceux-ci, il considère qu’une autre alliance que celle avec le Seigneur, une alliance avec l’Égypte donc, serait une déconstruction du peuple, un retour en arrière, un retour en Égypte dont justement Dieu a fait sortir Israël pour qu’il devint son peuple.
Les malheurs que subit le prophète montrent que Jérémie vit par avance, dans sa propre chair, la faim et l’humiliation de l’ensemble du peuple livré aux mains de ses mauvais gouvernants.
Ps 39 :
Ce psaume est un cri, le cri d’un pauvre mais un cri plein d’espérance. La première lecture nous aide à en faire la prière de Jérémie lorsqu’il fut maltraité. C’est aussi celle de Jésus qui vient ainsi s’unir au sentiment d’abandon de toute personne qui éprouve le besoin que Dieu intervienne ainsi dans sa vie pour le lever, le relever, le ressuscité.
Hb 12, 1-4 :
La communauté à laquelle s’adresse la lettre aux Hébreux connaît des difficultés, des persécutions mêmes ; c’est pourquoi l’auteur invite son lecteur à fixer les yeux sur Jésus lui qui a enduré l’épreuve. Il y a certes une dimension exemplaire dans la passion de notre Seigneur. Mais le texte nous invite à aller plus loin que le seul exemple ; il affirme que Jésus est l’origine et le terme de notre foi. Cela signifie que c’est lui qui suscite la foi et nous conduit grâce à cette foi, à remettre notre vie, comme lui, entre les mains du Père.
Mais également, son corps ressuscité, marqué par l’épreuve de la croix, se donne à lire pour que nous y découvrions le sens de notre histoire. Jésus, le Ressuscité – Crucifié, témoigne du Père qui est à l’origine, de l’Esprit qui nous conduit jusqu’au terme de l’histoire du monde : l’union au Fils.
Lc 12, 49-53 :
Jésus nous dit ne pas mettre la paix sur terre ! Voilà un des passages de l’Évangile parmi les plus déroutants. Il est même en parfait contraste avec ce que nous allons dire à plusieurs reprises lors de notre célébration dominicale : nous allons, dans le Gloire à Dieu et dans l’Agneau de Dieu, demander au Seigneur Jésus de nous donner la paix, sa paix ! C’est même la mission du Messie : donner au peuple la paix qui vient couronner l’ensemble des dons de Dieu.
Alors pourquoi dit-il ici qu’il n’est pas venu porter la paix sur la terre ?
Il s’agit d’entendre la voix avec laquelle Jésus dit ses propos : non pas une voix vindicative, ni même de colère ; mais ce dimanche Jésus nous parle avec le ton de la tristesse et de l’étonnement, mais également avec la lucidité de celui qui sait que ce qu’il donne ne sera pas accueilli.
La mission de Jésus consiste à nous faire brûler de l’amour de Dieu, à nous baptiser, c’est-à-dire à nous immerger dans l’espérance et l’amour du Règne. Il constate avec tristesse que nous ne voulons pas de ce Règne de Dieu qu’il veut nous offrir ; nous n’en voulons pas pour tout de suite en tout cas ; c’est-à-dire que nous ne voulons pas.
Mais Jésus sait également que des hommes et des femmes vont se lever grâce à sa parole, à sa mort et sa résurrection. Et du coup son œuvre, plutôt que d’apporter la paix sur terre, suscitera d’abord la division : même dans les familles, on se séparera, on se déchirera, à cause de l’attachement de certain à l’égard du Seigneur Jésus et du refus que d’autres manifesteront.
Il était hélas patent que ce que dit Jésus ici s’est avéré au cours des siècles de l’histoire de l’Église ; peut-être même jusque dans nos propres familles, encore aujourd’hui. Jésus ne veut pas de cette situation, il ne la souhaite pas mais il sait qu’elle viendra.