Dix-neuvième dimanche du temps ordinaire A
1 R 19, 9a. 11-13a :
Autour d’Israël, les nations avoisinantes avaient pour habitude de représenter leurs divinités, les fameux baals, comme des forces qui habitaient le tonnerre, le feu, le tremblement de terre. Pour se faire connaître de son peuple, Dieu n’hésita pas, dans un premier temps, à se présenter ainsi à Moïse sur le Sinaï (cf. Ex 19). C’est pourquoi, à ce même endroit, le prophète Élie pouvait s’attendre à ce que Dieu se manifestât de la sorte. Mais le Dieu trois fois saint n’aime rien tant que se manifester là et comme on ne l’attend pas. Aussi, Dieu ne fut ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. C’est dans le murmure d’une brise légère, que le prophète Élie éprouva la présence du Seigneur, littéralement dans la voix d’un silence fragile ! Seule une expression aussi paradoxale peut rendre compte de la fidèle présence de Dieu qui se manifeste là où on ne l’attend plus.
La conséquence nous est racontée dans la suite : Élie qui pense être le seul fidèle découvre qu’il y a encore 7 000 personnes qui dans le peuple sont restées attachées au Seigneur ! Cette voix silencieuse fait voir les choses autrement !
Ps 84 :
Faire l’expérience de Dieu, comme le fit le prophète Élie, est également une expérience de plénitude : le psaume l’exprime en affirmant qu’en présence de Dieu, amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. La présence de Dieu réalise l’alliance telle qu’il l’a promise.
Rm 9, 1-5 :
Avec ce paragraphe s’ouvre l’avant-dernière section de la Lettre aux Romains dans laquelle Paul prend soin de méditer sur la fidélité de Dieu à l’égard de son peuple Israël. Il est convaincu que les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables (cf. Rm 11, 29) et que si les juifs n’ont pas accueilli l’Évangile, la parole de Dieu n’est pas pour autant mise en échec (cf. Rm 9, 6). Aussi commence-t-il son exposé en affirmant deux choses : d’abord sa grande tristesse ; il va même jusqu’à dire préférer être séparé du Christ pour que ses frères juifs puissent l’accueillir. Il faut bien sûr prendre cette affirmation comme l’expression paradoxale d’un drame personnel intense. En effet, juste avant, Paul affirme avec force et vigueur : rien ne nous séparera de l’amour du Christ (cf. Rm 8, 39).
La seconde chose que Paul tient à affirmer est la grandeur de ce qu’Israël a reçu : l’adoption, la gloire, les alliances etc. Comme l’affirma le pape Jean-Paul II, lors de sa visite à la synagogue de Rome, la mort et la résurrection de Jésus n’ont nullement annulé les promesses et les alliances qui constituèrent le peuple d’Israël à travers l’histoire.
Mt 14, 22-23 :
Jésus marche sur la mer ! C’est par avance, une manifestation de sa puissance de résurrection ; en effet, pour les juifs, la mer est facilement assimilée au monde des ténèbres et de la mort. Ainsi, de manière inopinée, inattendue, Jésus se manifeste aux disciples, et ces derniers ne peuvent qu’avoir peur, aussi crient-ils : c’est un fantôme ! Ils ne sont pas prêts pour la manifestation d’une telle puissance, même le miracle des pains qui précède ce récit n’est pas suffisant pour cela…
C’est pourquoi il faut qu’il y en ait un qui se jette à l’eau, au sens propre. Pierre, dans son enthousiasme, pas toujours encore très ajusté, accepte de faire par lui-même l’expérience de la puissance de Jésus. Il ne fait pas tant l’expérience de marcher sur l’eau, visiblement celle-ci tourne court, mais celle d’être arraché par Jésus à la puissance de la mort.
Jésus reproche à Pierre d’être un homme de peu de foi ; il n’a pourtant pas manqué de confiance à l’égard de Jésus ! Homme de peu de foi : littéralement, l’expression pourrait se traduire par minicroyant. Un homme qui pose à Dieu des mini-questions, et qui n’obtient que des mini-réponses. Dieu accepte de répondre à ces questions pour élever notre espérance afin que nous soyons capables de lui demander ce qu’il veut nous donner : la vie éternelle. Pour cela, la présence de Jésus provoque une foi plus grande qui permet alors de confesser : « Vraiment tu es le fils de Dieu ! »