Transfiguration du Seigneur
Dn 7, 9-10 ; 13-14 :
Le prophète Daniel écrit dans un temps de persécution, un temps de violence, un de plus. On est au II° siècle avant JC. Malgré la férocité des empires humains, le prophète garde l’espérance d’une intervention divine qui fera justice à son peuple Israël que l’on opprime en raison de la fidélité qu’il manifeste à son Seigneur.
Cette intervention divine se fera à travers un fils d’homme, qui portera sur lui la gloire et la royauté divines. Daniel croit que c’est en rayonnant sur un visage humain que la gloire divine pourra s’installer durablement en ce monde. Cet avènement du fils de l’homme coïncide avec une autre prophétie, au chapitre douzième de ce même Livre de Daniel : c’est par une résurrection que Dieu fera justice à son peuple. La mission du fils de l’homme se réalisera quand il permettra aux membres fidèles du peuple de Dieu d’être relevés d’entre les morts ; et alors sur leur visage, à leur tour, rayonnera la gloire de Dieu.
Ps 96 :
Voilà un psaume qui chante le règne de Dieu qui s’établit avec justice et la fulgurance de l’éclair. Ce faisant, Dieu établit la lumière dans ce monde. Mais le psalmiste ne pouvait imaginer avant que cela n’advienne, que cette lumière soit celle qui transfigure le corps de Jésus.
2 Pt 1, 16-19 :
La Seconde Lettre de Pierre est un des derniers textes du Nouveau Testament ; elle a été rédigée par un disciple de l’apôtre qui met son propos sous l’autorité de son maître. Pour asseoir cette autorité, il ne se réfère pas aux différents dialogues entre Jésus et Pierre qui nous sont rapportés dans les Évangiles synoptiques ou dans l’Évangile selon Saint Jean. Il se réfère à la transfiguration dont Pierre et deux autres disciples furent les témoins. D’avoir été vu revêtu de son corps de gloire avant sa mort atteste de la liberté de Jésus qui meurt pour que nous vivions. C’est sur ce témoignage que s’appuie l’autorité de Pierre dans la communauté.
Mt 17, 1-9 :
Jésus monte prier sur la montagne et se laisse transfigurer aux yeux de ses disciples. Il le fait un jour particulier : le jour de la fête des tentes. Plusieurs indices textuels, dont les tentes que Pierre veut dresser, aident à supposer une telle date pour cet événement. Ce jour-là, les juifs célèbrent le don de la terre que Dieu leur fit après la sortie d’Égypte et la traversée du désert. Ce jour-là, au lieu d’être en pèlerinage à Jérusalem, Jésus apparaît dans toute sa seigneurie, ayant reçu son héritage, la terre entière qu’il habite. La liberté par laquelle Jésus donne sa vie pour nous faire vivre (cf. deuxième lecture) est le signe de cette seigneurie qu’il donne en partage. Apparaissant, ressuscité, sur une haute montagne, il confesse que tout pouvoir lui a été donné, mais il envoie ses disciples poursuivre son œuvre qui consiste à faire espérer le règne avant qu’il ne soit instauré : Allez, faites des disciples (cf. Mt 28, 19).
Comment décrire une telle expérience ? Comment Pierre, Jacques et Jean peuvent-ils raconter et décrire ce qu’ils ont vu ? En premier, ils insistent sur la blancheur et la lumière, puis sur les personnages de Moïse et Élie, qui convoquent par leur seule présence l’ensemble de la Loi (dont Moïse est l’auteur) et des prophètes (dont Élie est le plus grand et le premier). C’est dans ce dialogue de Jésus avec les Écritures que son corps devient lumineux et c’est donc par la lecture des Écritures qu’il est possible de vivre aujourd’hui la contemplation lumineuse de la libre seigneurie de Jésus qui habite sur la terre et nous la donne en partage.