Dix-neuvième dimanche année C.
Sg 18, 6-9 :
Cet extrait du Livre de la Sagesse raconte la nuit pascale durant laquelle les Hébreux furent arrachés à la férule de Pharaon grâce à la puissance de l’intervention divine. En effet, l’auteur de ce bel ouvrage du Ier siècle avant Jésus-Christ cherche à reconnaître la sagesse de Dieu, le savoir-faire divin pour accompagner son peuple et le conduire dans l’Alliance. Pour cela, il se souvient de ce qui a déjà été accompli par le passé. Il insiste ici sur une chose essentielle : quand le peuple juif célèbre la Pâque, le Seder, ils vivent ce que leurs ancêtres ont vécu le soir de la sortie d’Égypte : « Ce soir nous sommes libérés d’Égypte » ; voilà la louange que chantent nos frères juifs lorsqu’ils célèbrent la Pâque.
Nous aussi, en célébrant l’eucharistie dominicale, nous pouvons dire : « Aujourd’hui nous sommes libérés du mal et de son esclavage ».
Ps 32 :
Ce dimanche, nous est proposé un psaume de louange. Dans le Livre de la Sagesse, il est rappelé qu’après que le peuple hébreu eut franchi la mer Rouge, ils se mirent à chanter la louange de Dieu, exprimant ainsi la joie d’être peuple de Dieu et de vivre la Pâque.
C’est exactement ce que nous propose notre psaume : célébrer la Pâque, comme à chaque eucharistie, avec authenticité, c’est-à-dire dans la confiance envers la fidélité, l’amour, de notre Dieu. Cette confiance est également une espérance selon laquelle les plus grandes merveilles de Dieu ne sont pas derrière nous mais devant nous. Que ton amour Seigneur soit sur nous, comme notre espoir est en toi !
Hb 11, 1-2. 8-19 :
L’ensemble de ce chapitre onzième de la Lettre aux Hébreux est une hymne, un éloge à la foi. Grâce à la foi, qu’est-ce qui n’a pas été possible pour nos ancêtres, patriarches ou prophètes ! L’auteur insiste ici pour nous montrer les patriarches comme un exemple de foi. Ainsi va-t-il jusqu’à dire que lorsqu’Abraham fut disposé à offrir son fils au Seigneur, son geste était porté par l’espérance en la résurrection. C’est un anachronisme ! Historiquement, il est impossible d’affirmer qu’Abraham crut en une résurrection ; une telle espérance ne prit corps dans le peuple que vers le II° siècle avant Jésus-Christ.
Pour accueillir ce que veut nous dire ce texte, il nous faut faire la distinction entre la foi comme contenu et comme disposition.
Notre foi a un contenu que nous professons chaque dimanche : le Père a relevé son Fils d’entre les morts et nous donne l’Esprit qui les unit. Un tel objet de foi suscite en nous une disposition, celle que nous avons chantée dans le psaume par exemple. Cette disposition de confiance et d’espérance n’est autre que celle du patriarche Abraham, notre père dans la foi, lorsqu’il était disposé à offrir son fils à Dieu.
Lc 12, 32-48 :
Dans ce passage de l’Évangile selon saint Luc sont rassemblées des paroles de Jésus sur la richesse, la pauvreté, la providence divine. Cela fait toujours partie de la réponse que Jésus apporte aux deux frères qui lui demandent d’arbitrer leur héritage. L’image sur laquelle s’appuie la plus grande partie de ces paroles est celle d’un domaine agricole confié à un intendant, un métayer, qui a charge de gérer le domaine, c’est-à-dire de décider de ce qu’il convient de faire pour les champs et pour les troupeaux. Il est également investi d’un rôle de direction à l’égard de l’ensemble des ouvriers et du personnel ; il doit pouvoir rendre compte de l’état des comptes et de sa gestion lorsque le propriétaire, résidant en ville, se rend dans ce domaine afin d’y percevoir les bénéfices, peut-être même d’y résider quelque temps.
À l’appui de cette image, Jésus nous invite à comprendre que nous sommes des intendants de ce que nous possédons. Nous avons à rendre des comptes de la manière dont nous nous servons des biens matériels qui nous sont confiés. Cette gérance prend son sens dans le Royaume qui vient. Il n’y a donc aucune raison de se sentir coupable de posséder quoi que ce soit ; ce qui compte c’est d’user de ses biens afin d’aider le plus grand nombre à vivre dans l’alliance et à tenir dans l’espérance du jour de Dieu.