Dix-septième dimanche année C.
Gn 18, 20-30 :
Cet extrait du Livre de la Genèse nous fait participer au dialogue entre Dieu et Abraham, son ami. Cet épisode suit immédiatement celui que nous avons proclamé dimanche dernier : en fait, les événements qui se déroulent sous la tente d’Abraham constituent une pause sur la route que le Seigneur entreprit avec ses anges afin de se rendre à Sodome et de voir ce qui s’y passe. Préalablement, il veut s’entretenir de cette situation avec son ami.
Il est savoureux de voir cet art de la négociation qu’Abraham sut déployer pour obtenir que le Seigneur ne détruisît pas la ville si l’on y trouvait dix justes. Cette audace et cette liberté dans la prière sont une école pour aujourd’hui.
Dans la tradition juive, ce texte est le point d’appui justifiant qu’il faille dix personnes minimum pour pouvoir lire la Torah. Aujourd’hui, nous pouvons également nous demander pourquoi Abraham s’arrête à dix. Et s’il ne restait qu’un seul juste ? Que ferait le Seigneur ? Jésus n’est-il pas ce juste-là ?
Psaume 137 :
Ce psaume est le chant de l’amitié avec Dieu. Le psalmiste, comme Abraham, est en confiance quand il marche auprès du Seigneur ; il se sait écouté, considéré. Il fait bon être l’ami de Dieu, en présence des anges. Sa présence à nos côtés est déjà une réponse.
Col 2, 12-14 :
La Lettre de Saint Paul aux Colossiens contient entre autres choses une longue et belle catéchèse sur le baptême. Ici, ce geste par lequel nous entrons dans la famille de Dieu est compris comme une circoncision. Certes, il y a un équivalent sociologique entre les deux rites, juifs et chrétiens. Mais ce n’est pas tant cela que le texte que nous proclamons ce dimanche nous fait comprendre. Paul veut établir un parallèle plus théologique que sociologique. En effet, ce qui se produit pour les Juifs lorsqu’ils pratiquent la circoncision s’accomplit pareillement pour les baptisés.
La circoncision est à l’origine un rite nuptial que l’on fait comme une initiation de l’adolescent afin qu’il soit apte à la vie nuptiale. Pratiqué le huitième jour, le Juif qui le reçoit est marqué dans sa chair pour être capable, apte pour l’alliance. Pareillement, le baptême par lequel nous sommes pardonnés nous rend capable de vivre l’alliance et d’appeler Dieu, Père.
Lc 11, 1-13 :
Ce passage de l’Évangile selon Saint-Luc est une catéchèse sur la prière. Les disciples de Jésus lui demandent comment prier. Sûrement, avoir vu Jésus en prière, l’avoir contemplé vivre cette absolue présence au Père, présence dont lui seul est capable, ne pouvait pas ne pas conduire à lui demander comment il est possible de trouver le chemin pour vivre une telle prière.
La version du Notre-Père qui est ici proposée diffère quelque peu de celle que nous récitons. Ce texte ne se présente pas comme une prière à réciter, mais plutôt d’un chemin à pratiquer lentement, étape par étape.
Il convient de méditer cette version lentement et de répéter les phrases l’une après l’autre en prenant le temps de nous mettre dans la position qu’elle requiert pour être dite en vérité.
Par les deux paraboles qui suivent, Jésus insiste sur l’audace de demander ; de cela, la première lecture offre une belle illustration ! C’est dans la confiance de recevoir l’Esprit Saint que les fils de Dieu doivent s’adresser à leur Père. En effet, le Père de toute chose saura donner l’Esprit à ses enfants : non pas comme une réponse générale, globale, avec laquelle il faut savoir faire. Non, l’Esprit Saint est le surcroît du don de Dieu par lequel il actualise et personnalise son unique don, son Fils Jésus.