Quinzième dimanche du temps ordinaire A
Is 55, 10-11 :
Pour montrer l’efficacité de la parole de Dieu, le lointain disciple du prophète Isaïe prend une image facile à concevoir : celle de la pluie qui féconde la terre. Ainsi, la parole de Dieu transforme-t-elle le monde et surtout le cœur de toute personne qui l’écoute en permettant de répondre à Dieu qui parle à son peuple.
Quand ce texte est composé, le peuple de Dieu ne peut s’appuyer sur rien pour vivre l’alliance : il n’y a plus de roi ni de prêtre, le temple est saccagé et profané… Rien ne permet de vivre l’alliance comme cela se faisait d’habitude. La conviction de ce poème réside en cela : Dieu continue de parler et il est possible de l’écouter et de lui répondre.
Le fruit de la parole de Dieu est la réponse que nous pouvons et osons lui adresser. Pour cela, il faut que la parole soit donnée et qu’elle se taise ; ainsi l’interlocuteur peut s’en saisir, la prendre et lui répondre. Dieu ne fait pas autrement avec son peuple.
Ps 64 :
Dans sa totalité, ce psaume exprime la joie de la bénédiction divine. Celle-ci se réalise aussi par la fécondité de la terre, non plus de manière métaphorique comme dans la première lecture, mais aussi concrètement. La pluie qui humecte la terre, qui renouvelle les nappes phréatiques, qui permet à l’eau de sourdre à la fontaine, tout cela est une belle image de la bénédiction de Dieu qui ne cesse de descendre la terre pour que l’humanité puisse bénir et louer Dieu en retour.
Rm 8, 18-23 :
L’expérience de l’Esprit permet aux baptisés d’entrer dans l’espérance ; c’est ce que nous rappelait la deuxième lecture de dimanche dernier. Aussi, le texte de ce dimanche pose la question de savoir comment vivre une telle espérance dans un monde marqué par la corruption ? Ce terme désigne une force qui conduit le monde vers sa ruine, et qui entraîne avec elle nos espérances !
L’affirmation de Paul consiste à dire que l’espérance n’efface pas l’expérience de la corruption : elle consiste à attendre le jour où l’humanité accédera pleinement à sa dimension filiale. Pour le dire autrement, selon Paul, nous n’avons pas encore atteint la pleine stature de notre humanité dans la mesure où toute l’humanité ne vit pas pleinement une existence fraternelle dans une condition filiale établie par Jésus-Christ. La création marquée par la corruption attend, espère cette humanité enfin filiale. Ce point, affirmé par Paul dans ce texte, peut sembler paradoxal même s’il prend des échos particuliers avec la prise de conscience du déséquilibre climatique induit par l’activité humaine.
Ce texte nous invite à réfléchir sur la nature même du corps du Christ : il y a ce corps glorieux dont nous attendons le retour, il y a ce corps fraternel et ecclésial auquel nous participons aujourd'hui, anticipation d’une pleine union avec le Christ. Mais le corps du Christ, c’est également toute la création, récapitulée en lui comme le dit la Lettre aux Éphésiens (Ep 1, 10).
Mt 13, 1-23 :
Ce long texte nous présente la parabole du semeur et les commentaires que Jésus en fait en discutant avec ses disciples. Sans doute, cette parabole est-elle la réponse que Jésus put adresser lorsqu’on lui reprochait de n’être qu'un prédicateur du royaume. Annoncer le règne de Dieu, cela fait-il avancer les choses ? Jésus compare son activité à celle du semeur. Il le fait avec la générosité de celui dont il raconte l’histoire, il sait que, tombée dans la bonne terre, la semence portera du fruit dans des proportions absolument inconnues de son temps : à l’époque un rendement de 10 pour un était déjà extraordinaire !
Dieu a envoyé son Fils pour nous parler ! Il a créé toute chose par la puissance de sa parole et c’est par cette même parole qu’il veut conduire toute chose créée jusqu’en son règne. Nous pourrions penser que ce n’est pas très efficace, qu’il faudrait faire autrement… Cette parabole nous invite à considérer que c’est par sa parole, semence tombée dans nos cœurs, que Dieu veut nous sauver. Il appartient à chacun de faire, ou non, silence pour qu’elle déploie son efficacité et que nous puissions lui répondre par l’adhésion de notre foi.
À la suite des prophètes, tous rejetés, notamment Isaïe que cite Jésus, nous savons que cela ne marche pas du premier coup… Pour être efficace, la parole de Dieu commence par susciter la liberté et accepte pour cela de n’être pas toujours écoutée immédiatement afin d’être ensuite reconnue pour ce qu’elle est.