Quatorzième dimanche du temps ordinaire A
Za 9, 9-10 :
Le chapitre neuvième du livre de Zacharie décrit comment le Seigneur viendra en personne prendre possession de Jérusalem, sa capitale, comme tout roi le fait au moment de l’avènement de son règne. En toile de fond, et par mode de contraste, l'auteur pense à la manière dont Alexandre le Grand traversa du Nord au Sud la terre d’Israël pour se rendre en Égypte et y fonder une ville à son nom, Alexandrie. Il se souvient également que 10 ans après, le même roi, qui voulait régner sur la terre, jusqu’à l’Indus, retourna dans sa mère patrie dans un convoi funéraire, révélant ainsi la vanité des règnes et des prétentions humaines.
Par mode de contraste, le Seigneur quant à lui viendra monté sur un ânon ; cet animal, s’il est signe de royauté dans la maison de David, offre le spectacle d’un cortège totalement différent de celui d’Alexandre le Grand ! Mais la pointe du texte n’est peut-être pas là : l’auteur insiste sur le fait que la présence du Seigneur désarmera toute volonté belliqueuse, y compris au sein du peuple de l’alliance : les temps messianiques sont ainsi présentés comme l’avènement de l’unité du peuple de Dieu. Il y a aussi un effet de contraste avec les guerres que se livrèrent les successeurs d’Alexandre.
Ps 144 :
Comme dans la première lecture, le psaume nous montre que la royauté de Dieu fonctionne par mode de contraste. La puissance de Dieu et son emprise sur le monde se manifestent non par sa force et le nombre de ses chars, mais par sa tendresse, sa patience, sa lenteur à se mettre en colère, en un mot, sa bonté.
Rm 8, 9 ; 11-13 :
Dans ce chapitre huit de la Lettre aux Romains, dont nous lirons des extraits pendant plusieurs semaines, Paul tente de décrire ce qu’est la vie dans l’Esprit. Il s’agit de l’Esprit Saint, celui qui unit le Fils au Père, celui qui reposa, tout au long de son existence, sur les épaules de Jésus, celui qui releva ce dernier d’entre les morts ! Par le baptême, nous sommes immergés dans cet Esprit-là, et pas dans un autre ! Une telle expérience de l’Esprit est en soi source d’espérance : elle est la promesse que ce même Esprit nous ressuscitera d’entre les morts.
L’œuvre de l’Esprit consiste essentiellement à nous unir à la personne de Jésus : dès maintenant, il nous unit aux frères de Jésus, comme les membres d’un corps (cf. 1 Co 12 et Rm 14) ; au dernier jour, il nous unira définitivement au corps de Jésus transfiguré (cf. 1 Co 15).
Mt 11, 25-30 :
Ces paroles de Jésus nous permettent de comprendre comment Jésus veut lui-même être compris. L’évangéliste Matthieu les rapporte au milieu d'un ensemble (Mt 11 – 12) où sont présentées les différentes réactions qu’expriment les contemporains de Jésus : Jean le Baptiste, les pharisiens, etc. Jésus, quant à lui, souhaite être compris, reconnu, accueilli, comme celui que le Père révèle, parce que son lien avec le Père est indéfectible.
Ainsi, pour accueillir Jésus tel qu’il est, tel qu’il se donne, il faut accepter de porter son joug. Dans l’enseignement rabbinique de son époque, le joug désigne la loi telle que chaque école l’interprète, de manière plus ou moins stricte, plus ou moins sévère, plus ou moins lourde. En mettant au centre de l’alliance la justice et la miséricorde conjointes, Jésus interprète la loi avec la légèreté de la grâce filiale, ce qui ne veut pas dire avec indifférence, encore moins mépris. Ce que Jésus veut dire ainsi, c’est que son interprétation de la loi est offerte à tous, y compris à ceux que l’on méprise facilement et que l’on juge inaptes pour l’alliance ; la route qu’il trace pour conduire ses disciples vers le Père, même si elle est étroite, n’en demeure pas moins praticable par le plus grand nombre.