Fête du Corps et du Sang du Seigneur, année C.
Gn 14, 18-20 :
La rencontre d’Abraham avec le roi Melchisédech est l’un des récits les plus singuliers de la Bible. Ces deux personnes, croyant tous deux au Dieu Très-Haut qui fit le ciel et la terre, se retrouvent face à face pour partager une bénédiction.
Abraham vient de remporter une victoire militaire pour libérer son neveu Lot qui avait été emmené en captivité. De retour, Abraham reçoit la bénédiction de Melchisédech ; celle-ci se réalise et se concrétise par le partage du pain et du vin, les gestes les plus ordinaires qui soient et qui permettent de se reconnaître frère dans une même confession de foi et de rendre grâce ensemble à Dieu parce qu’Il donne le pain et le vin, la vie.
Ps 109 :
Ce psaume est une prière composée pour l’investiture d’un grand prêtre en Israël, probablement Simon, le prêtre-roi Hasmonéen, frère de Juda Maccabée et de Jonathan. À l’époque, il se posait des questions sur la légitimité de cette famille à prendre le pouvoir royal et sacerdotal alors qu’elle n’était pas la plus importante des familles sacerdotales.
De Melchisédech, la Bible ne nous dit rien, ni de sa généalogie, ni du temple où il exerce son sacerdoce… Il fait une irruption dans le récit puis disparaît… Ce manque d’informations conduit à faire de son sacerdoce l’exemple parfait de celui que Dieu choisit gratuitement pour bénir son peuple. Ainsi le prêtre investi lors de la célébration pour laquelle ce psaume fut composé est-il luimême choisi par Dieu sans raison, comme Melchisédech ; il est prêtre selon l’ordre du roi Melchisédech.
1 Co 11, 23-26 :
Nous entendons ce dimanche le plus ancien récit de la Cène, le dernier repas de Jésus. Paul ajoute un commentaire : chaque fois que vous mangez… Il insiste pour dire que ces gestes doivent être accomplis jusqu’à ce que vienne le Seigneur Jésus dans sa gloire. Ainsi, si la fraction du pain et la bénédiction de la coupe que nous célébrons chaque dimanche nous aident à nous souvenir de Jésus, comme il souhaite que l’on se souvienne de lui, si, par ces gestes, Jésus se rend présent à son Église, ce qui compte le plus, et c’est sur ce point que Paul insiste, ils nous disposent à accueillir Jésus pour son retour.
Le corps et le sang du Christ constituent la nourriture et la boisson qui donnent la force de tenir dans la veille et l’attente du jour où le Seigneur nous fera entrer dans le royaume de son Père.
Lc 9, 11b-17 :
Dans ce récit de la multiplication des pains, Jésus fait d’abord quelque chose de très ordinaire, ce qui lui permet ensuite de nourrir cette grande foule. En effet, prendre le pain, bénir Dieu pour le pain qu’il donne, pour le travail des hommes et des femmes qui l’ont préparé, puis rompre ce morceau de pain pour le donner en partage, ces gestes-là sont les plus ordinaires qui soient. Ils sont accomplis tous les jours pour le repas quotidien. Ce sont même les gestes les plus humains que nous posons, au croisement de la nécessité de manger et de la libre reconnaissance envers Dieu qui donne la vie. Dans la tradition juive à laquelle Jésus appartient, ces gestes sont chargés de l’espérance du royaume. Ils expriment l’attente du jour de Dieu, du jour de justice où chacun aura sa part et sa place.
Ce jour-là, quand une fois encore Jésus posa ces gestes, la foule fut rassasiée. C’est un acte prophétique qui annonce le dernier repas de Jésus. Au cours de celui-ci, la fraction du pain et la bénédiction de la coupe furent accompagnées des paroles étonnantes que nous avons entendues dans la deuxième lecture. Comme il nourrit la foule rassemblée autour de lui sur les bords du lac de Galilée, de même il nourrit la foule des croyants qui à travers les siècles s’approchent de lui dans l’espérance.