Dimanche de la Pentecôte A
Ac 2, 1-11 :
Rassemblés dans la prière, les douze apôtres reçoivent l’Esprit Saint avec la toute force et la puissance d’un coup de vent accompagné de langues de feu. Luc prend bien soin de nous montrer que cet événement est fondateur pour l’Église naissante. Mais qu’est-ce qui change réellement ? Que vient transformer le don de l’Esprit Saint dans cette communauté des disciples de Jésus-Christ ?
Au chapitre premier des Actes, et nous en avons lu des extraits le jour de l’Ascension et dimanche dernier, Luc nous a montré que les Douze sont en prière, or il n’y a pas de prière sans l’Esprit Saint. Luc nous a également raconté le choix de Matthias, le remplaçant de Judas qui avait trahi Jésus. On ne peut concevoir que l’Esprit Saint ne soit pas à l’œuvre à ce moment-là. Ainsi, le récit la Pentecôte insiste davantage pour marquer l’activité spécifique de l’Esprit qui commence à partir de ce jour-là.
Il s’agit de l’Esprit Saint qui donne aux douze apôtres la possibilité de témoigner maintenant des merveilles de Dieu. Ainsi cet événement est fondateur pour l’Église, parce que l’Église ne peut pas ne pas témoigner de l’œuvre accomplie par Jésus mort et ressuscité pour tous. C’est là son identité et sa mission.
Ps 103 :
Dieu est souffle, Esprit ; il faut toujours avoir en tête que dans les langues bibliques, il s’agit toujours du même mot. Dieu est souffle, non pas en lui-même, mais dans la relation qu’il entretient avec la créature qu’il a voulue pour lui-même. Si Dieu suspend son souffle, la création perd la relation qui la constitue avec son créateur. Ainsi, pouvons-nous chanter : « Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre ».
1 Co 12, 3-7. 12-13 :
Pour parler de l’œuvre de l’Esprit dans la vie des baptisés, Paul affirme qu’il nous désaltère. Cette image est particulièrement éloquente, sans doute renvoie-t-elle non pas tant au baptême mais à l’eucharistie, lorsque chaque baptisé boit à la coupe. Si l’Esprit désaltère, c’est que les êtres humains sont altérés ; le don de l’Esprit leur permet d’être désaltérés, de redevenir pleinement humains, de recouvrer la liberté par laquelle ils peuvent prendre leur vie en main. Ainsi l’Esprit permet-il à chacun de voir se déployer le don de Dieu dans sa vie, de manière personnalisée. L’Esprit Saint actualise et personnalise l’unique don de Dieu accompli en Jésus-Christ ; il permet à chacun d’en vivre selon ses besoins et selon le bien du corps entier qu’est l’Église.
Jn 20, 19-23 :
Nous avons déjà proclamé cet Évangile, le deuxième dimanche de Pâques. La liturgie nous invitait à méditer principalement la figure de Thomas et son chemin de reconnaissance. Une telle lecture, pour essentielle qu’elle soit, ne nous donnait pas l’occasion de nous arrêter sur les propos de Jésus, lorsqu’il apparaît la première fois : « La paix soit avec vous ». En parlant ainsi, Jésus accompli sa mission de Messie, laquelle est de donner au peuple de Dieu la paix qui lui est promise. La paix dont il s’agit, ici, n’est pas un don supplémentaire parmi les dons de Dieu : la justice, la connaissance, la vérité, l’amour… La paix constitue le couronnement des dons de Dieu ; en effet, c’est dans la paix que l’on peut reconnaître que les dons reçus viennent bien réellement de la main de Dieu. La paix est donc exactement concomitante avec le don de l’Esprit qu’effectue Jésus ressuscité. En personnalisant et actualisant l’unique don de Dieu (cf. deuxième lecture), il est celui qui permet à chacun de reconnaître les grâces divines pour ce qu’elles sont, des dons justement. (cf. 1 Co 2, 12). C’est cette reconnaissance qui procure la paix.