Jeudi de l’Ascension A
Ac 1, 1-11 :
La dernière apparition de Jésus ressuscité ouvre une nouvelle période pour la vie de ses disciples. C’est maintenant le temps de la mission : le Seigneur Jésus donne l’ordre aux Douze d’aller annoncer l’Évangile de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre. Ainsi, se dessine le plan du Livre des Actes des Apôtres tout entier.
Ce n’est pas parce que Jésus s’en va que les apôtres doivent s’employer à poursuivre l’œuvre de leur maître. C’est bien davantage le contraire. Jésus se retire parce qu’il faut que ses disciples puissent participer, grâce au don de l’Esprit Saint, à l’annonce du règne et donc à la préparation et à l’avènement de celui-ci. Ainsi, l’Ascension est tout sauf un abandon ; elle est une confiance poussée à l’extrême : les pécheurs pardonnés reçoivent maintenant la mission d’annoncer le pardon sans lequel ils ne pourraient vivre.
Ps 46 :
Parce que ce jour marque le début d’une nouvelle étape dans l’avènement du règne, c’est un jour de fête durant lequel nous pouvons acclamer le Seigneur, d’une manière toute particulière, lui qui s’élève parmi les ovations. Il se révèle ainsi être le roi de la terre. Quelle force et quelle délicatesse mélangées dans cette inauguration du règne dont l’annonce est confiée à ses disciples !
Ep 1, 17-23 :
Cette fête de l’Ascension célèbre l’inauguration du règne de Jésus ; mais elle célèbre également le lien indéfectible qui s’établit entre Jésus et ses disciples, et par lequel le règne se réalise déjà, partiellement. La seconde lecture de ce dimanche le dit de manière merveilleuse : l’Église, c’est l’accomplissement total du Christ ! Il est habituel et ordinaire pour les baptisés de dire qu'ils trouvent en Jésus-Christ leur plénitude. Ici, paradoxalement, le Christ trouve sa plénitude par les disciples, qui sont rassemblés comme les membres de son corps.
Jésus est le Fils du Père, et cela de toute éternité. Comme tel, il est Dieu né du vrai Dieu et rien ne lui manque. Pourtant il trouve joie et plénitude à se donner, à se livrer aux mains des hommes, pour que tous puissent devenir les frères et sœurs que lui donne son Père, pour qu’ils deviennent les fils et les filles de ce Père à qui il les offre.
Mt 28, 16-20 :
Cette derrière scène de l’Évangile selon Matthieu est présentée comme l’inauguration du règne. Sur la montagne, Jésus renonce à exercer dès à présent le pouvoir qui lui a été confirmé. Mais cette puissance qui l’anime, il la confère aux Douze pour que ceux-ci, baptisant et enseignant, faisant des disciples, participent déjà à ce règne.
La localisation sur une haute montagne, sans plus de précision topographique, fait de cette scène une sorte de récapitulation, de tout l’Évangile tel que Matthieu nous l’a présenté. En effet, l’évangéliste a insisté pour montrer que tous les grands moments de la vie de Jésus eurent lieu sur une montagne :
• en premier lieu, les grands combats : la tentation (Mt 4), Gethsémani (Mt 26), le Golgotha (Mt 27) ;
• mais aussi, des signes plus tangibles du règne qu’il inaugure : le sermon justement dit « sur la montagne » (Mt 5 – 7), la multiplication des pains (Mt 15), la transfiguration (Mt 17).
La septième et dernière montagne, celle de la résurrection, récapitule en elle ces six grands événements qui se produisirent également sur une montagne. Les combats menés par Jésus sont maintenant ceux des disciples ; au cœur de ceux-ci, la puissance du Ressuscité leur permettra de poser les gestes et de trouver les mots qui pourront dire à tous l’espérance du jour qui vient.