Sixième dimanche de Pâques C.
Ac 15, 1-2. 22-29 :
La première lecture de dimanche dernier nous mettait devant l’arrivée massive de chrétiens d’origine païenne au sein de la jeune Église. Cette situation nouvelle oblige les apôtres à organiser la vie de la communauté. En effet, chrétiens d’origine juive et chrétiens d’origine païenne, n’ont pas les mêmes habitudes alimentaires. Faut-il que tous les nouveaux baptisés se conforment aux prescriptions de la loi de Moïse concernant les repas ? Certains chrétiens d’origine pharisienne affirment même que tous les disciples de Jésus devraient être circoncis et pratiquer entièrement la loi mosaïque.
Les débats furent houleux et passionnés. Le texte d’aujourd’hui nous montre que les apôtres furent unanimes pour ne rien imposer à quiconque, sinon quelques prescriptions de bon sens qui voulaient surtout éviter de choquer les chrétiens d’origine juive.
Leur conviction fut assez simple : il n’y a aucun préalable à l’accueil de l’Évangile. Tout le monde y a droit, quelle que soit l’histoire qui le conduit à rencontrer aujourd’hui le Seigneur ressuscité. Cependant, cette rencontre déterminante pour toute l’existence engage chaque baptisé sur le chemin de l’unité de la communauté, chemin par lequel se vit concrètement l’expérience fraternelle.
Ps 66 :
Ce psaume de louange se caractérise par le fait qu’il est un appel à ce que toutes les nations s’unissent à la louange d’Israël. La bénédiction de Dieu y est définie de fort belle façon : que le visage de Dieu s’illumine pour nous ! C’est-à-dire, que chacun ressente sur lui-même se poser le regard de Dieu, ce regard qui ouvre l’avenir et l’éclaire tout à la fois.
Ap 21, 10-14. 22-23 :
Dans le prolongement de la deuxième lecture de dimanche dernier, la liturgie nous donne à entendre la description de la Jérusalem céleste. Jean la décrit splendide, selon des critères qui lui sont propres et qui appartiennent en même temps aux conventions de son temps. À l’époque, les formes carrées sont synonymes de perfection ; de même, pour Jean, les pierres précieuses, avec les reflets de lumière, faits de jaune, de brun et de vert, qui caractérisent celles qu’il nomme, sont les images les plus appropriées pour décrire la gloire et la lumière divines.
La caractéristique de cette description de la Jérusalem nouvelle réside dans cette absence de temple, de sanctuaire : il n’y en aura pas besoin puisque la présence de Dieu sera manifeste à tous. Cette présence sera lumineuse, donnera un sens à toute chose, y compris à ce long itinéraire, cet exode, qu’il aura fallu traverser pour arriver jusque-là.
Jn 14, 22-29 :
De nouveau, pour l’Évangile, nous entendons le prolongement de celui de dimanche dernier. Après avoir dit qu’il est déjà glorifié par le Père, après avoir offert le commandement de l’amour, Jésus invite ses disciples à garder sa parole et à rester en paix dans l’assurance que l’Esprit Saint leur viendra en aide et leur procurera sa joie.
L’Esprit Saint est offert comme une force de mémoire à ceux qui veulent conserver les paroles de Jésus, c’est-à-dire les retenir et en chercher le sens. L’Esprit soutient cet effort de mémoire et permet aux paroles de Jésus de recevoir leur plénitude de sens en les comprenant comme une prophétie de sa glorification, c’est-à-dire de sa mort et de sa résurrection. Jésus l’a annoncé avant que cela ne se produise, il l’a donc vécu en toute liberté ; l’Esprit Saint nous permet d’éprouver la liberté de Jésus et donc le don, le pardon, qu’il manifeste en étant cloué sur le bois de la croix.
La paix et la joie auxquelles Jésus nous appelle sont les dispositions intimes et profondes par lesquelles nous restons dans l’attente de son retour. Puisqu’il a tant fait pour nous, il ne peut pas ne pas revenir quand le Père le lui demandera pour nous prendre avec lui. La paix et la joie ne sont pas des sentiments passagers, mais une décision profonde que l’on cultive en faisant mémoire des paroles de Jésus sous la conduite de l’Esprit, le consolateur.