Troisième dimanche de l’Avent A
Is 35, 1-6a. 10 :
Par ce poème, le prophète Isaïe veut montrer la capacité de Dieu à retourner toute situation. Pour cela, il prend une image bien connue de ceux qui ont déjà voyagé sur la terre d’Israël. Dans le désert du Néguev, dans le sud du pays, on peut constater comment les pluies de printemps sont capables de transformer une terre aride en un paysage couvert de fleurs. Si, dans le désert, Dieu est capable de faire cela chaque année, il est pareillement capable d’intervenir dans la vie de son peuple pour en changer le cours, quelles que soient l’époque et la situation dans laquelle il se trouve. Dieu est bel et bien capable de faire que les aveugles voient et que les sourds entendent.
Si nous avons des yeux, c’est parce qu’il y a de la lumière à voir ; si nous avons des oreilles, c’est parce qu’il y a des sons à entendre ; si nous avons un cœur, c’est parce qu’il y a une parole à accueillir et à faire résonner. Pareillement, c’est en se manifestant lui-même que Dieu donnera les yeux nécessaires pour le voir ; c’est en parlant, qu’il donnera les oreilles et le cœur qui conviennent pour que sa parole puisse façonner son peuple et les membres qui le composent.
Ps 145 :
À travers son histoire, Israël fit fréquemment l’expérience de ce qu’annonce le prophète Isaïe dans la première lecture. Aussi la forme poétique retenue par le chant liturgique décontextualise l’intervention de Dieu dans la vie du peuple. C’est ainsi l’occasion, pour celui qui s’approprie le poème, d’invoquer la puissance de Dieu capable d’agir de la sorte.
Jc 5, 7-10 :
Pour exhorter à la patience, la lettre de Jacques prend l’exemple du cultivateur. Entre semailles et moisson, il ne peut que patienter, attendre que la bénédiction divine vienne faire fructifier le grain tombé en terre. Il pourrait éventuellement tirer sur les épis afin qu’ils poussent plus vite : il ne ferait qu’arracher, déraciner et faire mourir.
Or, nous attendons un juge, nous attendons le retour de Jésus, le juste Juge des vivants et morts, le juge que le Père envoie pour donner la vie. Ainsi, en attendant le juge, il ne convient pas de juger son prochain, sinon cela n’est plus attendre. Ce jugement qui tomberait trop tôt, viendrait à contretemps et ne pourrait être juste : Dieu donne le temps pour que sa Parole porte du fruit.
Mt 11, 2-11 :
Le roi Hérode a fait en sorte que cesse l’aventure de Jean le Baptiste. Il lui devenait en effet, insupportable d’entendre ce prophète parler de justice ; en plus, ce dernier dénonçait également le comportement personnel du roi ! Jean se trouve donc en prison. Lui qui attendait la justice, le voilà mis au rang des innocents condamnés. Et pendant ce temps-là, celui en qui il a mis son espérance, celui qu’il reconnaît comme étant le Messie d’Israël, Jésus, semble se soucier davantage de miséricorde que de justice… Se serait-il alors trompé ?
La réponse que Jésus fait aux disciples de Jean le Baptiste atteste qu’il est bien l’envoyé de Dieu tel que les prophètes le décrivaient (cf. La première lecture).
Puis Jésus dit à ses propres disciples qui est pour lui Jean le Baptiste : un messager que le Père lui a donné pour ouvrir sa route. Il n’y a pas de condamnation ni de reproches adressés envers celui qui fut son parent, son maître, son ami possiblement. Pour Jésus, le royaume de Dieu est un événement qui tient conjointement et la justice et la miséricorde ; Jean, comme tous, doit l’apprendre. Les paraboles que rapporte l’évangéliste Matthieu et que nous lirons tout au long de l’année liturgique veulent montrer cela, constamment : ce qui est juste c’est d’être miséricordieux et la miséricorde est un chemin de justice pour donner à chacun la part et la place qui lui reviennent.