Troisième dimanche de Pâques C.
Ac 5, 27b-32. 40b-41 :
Les apôtres sont devant le Conseil suprême, la plus haute instance du judaïsme, dont le rôle est à la fois juridique et religieux. Ce même Conseil décida de la condamnation à mort de Jésus. Ainsi, quelques semaines plus tard, les apôtres sont pour la deuxième fois face à cette assemblée qui avait exigé que Pierre et Jean cessent de parler de Jésus (cf. Ac 4). Injonction qui resta bien sûr sans suite, d’où cette seconde comparution.
Aussi Pierre affirme-t-il obéir à Dieu en annonçant la résurrection de Jésus que l’on a crucifié. Avoir vu Jésus ressuscité, avoir mangé et bu avec lui est source de joie et de paix (cf. Lc 24, 34) mais c’est aussi un ordre, un mandat : il n’est pas possible de vivre cette expérience sans devoir en parler. Ne pas dire l’espérance qu’elle fait naître reviendrait à l’étouffer ; nous ne pouvons pas ne pas parler.
Ps 29 (30) :
Mon cœur ne se tait pas, qu’il soit en fête pour toi. Dans ce psaume, comme dans la première lecture, la joie de la présence à Dieu conduit à ne pas se taire. Cette parole prend la forme du témoignage, mais également, ici, celle du chant et de la louange. Le motif de cette action de grâce est d’avoir été tiré de la fosse (cf. Ps 29, 1) : nous aussi, croyants en la résurrection de Jésus, nous sommes avec lui extirpés de la fosse pour vivre dès à présent avec lui et pour cela dès maintenant nous chantons avec lui la louange du Père.
Ap 5, 11-14 :
Parmi les révélations qui sont faites au voyant de l’Apocalypse, il y a celle du trône. Dieu lui apparaît dans toute sa seigneurie, dans tout son pouvoir (cf. Ap 4 – 5). Sur ce trône, il y a l’agneau, Jésus ressuscité qui participe à ce pouvoir. Autour du trône, une multitude de créatures chantent la louange de Dieu. Sûrement, les hymnes contenues dans ce texte appartiennent au patrimoine liturgique de la communauté à laquelle Jean destine son ouvrage. En effectuant un tel choix, il nous dit que nos humbles liturgies participent déjà à l’éternelle liturgie céleste.
Jn 21, 1-19 :
Ce vingt et unième chapitre de l’Évangile selon saint Jean est un appendice ajouté lors d’une seconde édition. Il rapporte une dernière apparition du Seigneur ressuscité à ses disciples qui résume en elle toute la vie de l’Église, donc notre vie de croyants aujourd’hui. Il invite à réfléchir sur la mission que Jésus confie à ses disciples, ici symbolisée par la pêche. L’œuvre des disciples de Jésus consiste à rassembler les enfants du Père et à les conduire au Christ ressuscité qui invite au repas.
Mais il y a aussi une réflexion sur l’organisation de l’Église et sur la mission spécifique que Pierre reçoit. Il serait plus sage de confier la responsabilité de celle-ci au meilleur ami de Jésus, à Jean, à celui qui avait la tête penchée sur sa poitrine et le connaît donc par le cœur, à celui qui, dernier fidèle, était au pied de la croix, à celui qui, le premier arrivant à la tombe vide, vit et crut. Eh bien non ! Ce n’est pas à Jean qu’est confiée la responsabilité de l’Église, mais à Pierre, le pécheur pardonné. Ainsi la responsabilité d’un frère sur les frères ne relève pas de l’excellence, mais de l’expérience de n’être pas meilleur que les autres et de puiser dans le pardon de Dieu la force pour se convertir et ouvrir ainsi le chemin qui mène à la paix.