VIGILE PASCALE
Gn 1, 1 – 2, 2 :
Pour créer le monde, Dieu parle dix fois… Pour faire alliance avec Israël, Dieu parle dix fois également (le Décalogue ou les Dix Commandements). Création et alliance déploient toutes deux le même geste de Dieu qui suscite sa créature, et qui confie à l’être humain d’être son image pour que, faisant alliance avec lui, la création tout entière entre dans le royaume.
Ps 103 (104), 1-2a, 5-6, 10.12, 13-14ab, 24.35c :
Saisi par le projet de Dieu, le croyant invite son âme à louer Dieu ; c'est une manière de se parler à soi-même. Par cette formule, le psalmiste partage sa conviction selon laquelle la louange et la bénédiction ne sont pas une option.
Gn 22, 1-18 :
Écouter la parole du créateur, la laisser devenir une parole d'alliance est une épreuve que même notre père dans la foi ne manqua pas de connaître. Une conviction lui permit de dépasser la contradiction dans laquelle le plaçait la parole de Dieu : Dieu saura voir le sacrifice ; Dieu saura reconnaître ce qu'il attend de sa créature pour vivre pleinement l'alliance avec lui.
Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11 :
Dans la tradition chrétienne, le non-sacrifice d'Isaac est une sorte de préfiguration de la résurrection, par laquelle Abraham retrouva son fils : « Dieu, pensait-il, est capable de ressusciter les morts » (Hb 11, 19). Ainsi, le croyant peut-il dire avec le psalmiste : Tu ne peux m’abandonner à la mort.
Ex 14, 15 – 15, 1a :
Dans l'histoire humaine, la parole de Dieu trace un chemin et ouvre une route. C'est ainsi qu'elle prolonge la création par une alliance. Les Égyptiens sont une figure de l'humanité idolâtre de laquelle Dieu arrache un peuple pour établir son alliance avant que celle-ci ne devienne universelle.
Ex 15, 1b, 2, 3-4, 5-6, 17-18 :
Grâce à l'alliance la parole devient chant. Ainsi le langage humain commence à être élevé au niveau de la parole divine : il introduit dans la communion avec Dieu.
Is 54, 5-14 :
Pour que la parole de Dieu produise encore aujourd'hui ce miracle par lequel elle ouvre notre avenir, il convient parfois de se souvenir du passé : le temps de Noé, par exemple, comme le fait le prophète qui veut aider le peuple à croire que les merveilles de Dieu n'appartiennent pas au passé mais à l'avenir. Jérusalem sera rebâtie non pas avec de la pierre mais avec du saphir ! Le plus beau est devant nous !
Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13 :
Ce psaume offre le cri de joie de celui que Dieu a relevé ! La bonté du Seigneur est pour la vie ! Ainsi, les larmes du soir n'auront jamais le dernier mot sur la joie des matins. La lumière de la résurrection vient garantir la pérennité de l'expérience du psalmiste qui ce soir devient la nôtre.
Is 55, 1-11 :
Ce poème est écrit alors qu'il n'y a plus de roi, plus de temple, plus rien des dispositifs que Dieu donna à son peuple pour garantir l'alliance. Que reste-t-il alors ? La parole de Dieu qui peut se faire entendre comme elle veut et quand elle veut. Ce texte a été écrit dans le même contexte que Gn 1.
Ici, la parole est comparée à une nourriture gratuite. En effet, la parole nourrit : elle donne du sens, et de la sorte elle restaure, tel un bon repas, l'existence elle-même qui peut alors mieux comprendre d'où elle vient et où elle va : de la création à l'alliance.
Is 12, 2, 4bcd, 5-6 :
Le livre d'Isaïe est émaillé de chants de louange et d'action de grâces. Il offre ainsi la possibilité de louer Dieu à la mesure où l'on reconnaît son oeuvre dans l'histoire.
Cette louange est proclamation du nom divin, lequel contient comme en programme toute l’oeuvre de Dieu qui se rend présent à son peuple (cf. première lecture du troisième dimanche de carême).
Ba 3, 9-15.32 – 4, 4 :
Le livre de Baruch est un texte plutôt récent, écrit en grec ; il offre une méditation sur l'histoire d'Israël. À travers les différentes étapes de cette histoire, c!est la sagesse de Dieu qui s'est déployée : la sagesse est un autre nom pour la parole de Dieu. Elle est en effet le savoir-faire divin pour conduire sa créature dans l'alliance. Parler est également un art pour que les choses énoncées soient justes et vraies, et pour que ce qui jaillit de cette parole soit à sa juste place et dans la vérité de l'amour.
Ps 18 (19), 8, 9, 10, 11 :
Ce psaume chante la conviction exprimée par Baruch : la parole de Dieu est précieuse comme la sagesse qui permet de bien conduire son existence.
Ez 36, 16-17a.18-28 :
Par l'entremise du prophète Ézéchiel, Dieu répète souvent : Je l'ai dit et le ferai. Cette efficacité de la parole divine vaut pour la résurrection (cf. Ez 37) mais également pour la restauration de son peuple : Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. Une alliance doit être dite pour être réalisée, Dieu dit qu'il fait alliance, alors alliance il y a ! Même si les effets de celle-ci ne sont pas encore manifestes, d'où le futur.
Ps 50 (51), 12-13, 14-15, 18-19 :
Ce psaume de pénitence est une autre expérience de la parole efficace. Pour obtenir le pardon, il faut le demander : les holocaustes ne servent à rien, il faut accomplir le sacrifice des lèvres (cf. Os 14, 2), prendre des mots simples et sincères, justes et vrais, (cf. Ba 3). Et il suffit que Dieu dise : Tes péchés sont pardonnés (cf. évangile du cinquième dimanche de carême) pour que le pardon soit. Dieu dit dans la création et cela est. Dieu pardonne et la création est restaurée, prémices de l'alliance.
Rm 6, 3b-11 :
Nous croyons ! À plusieurs reprises en ces quelques lignes, Paul invite son lecteur à revenir à la profession de foi de la communauté. Celle-ci doit être prononcée : Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton coeur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé (Rm 10, 9). Cette foi est donc aussi efficace que la parole de Dieu, elle est l'expression de la parole de Dieu en nous. C'est ainsi qu'elle fait mourir le péché en celui qui la confesse, elle déploie alors la puissance de la vie dont tous les textes de cette liturgie nous permettent de prendre conscience.
Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23 :
Chants de victoire après la bataille, ce psaume singulier était chanté comme un dialogue entre le chef militaire, les prêtres et le peuple. En cette nuit de Pâques, c'est la victoire du Christ qui revient d'entre les morts que nous acclamons.
Lc 24, 1-12 :
Devant la tombe vide, les anges permettent aux femmes de se rappeler les paroles de Jésus qui deviennent maintenant réalité : Jésus a dit et maintenant cela est. Maintenant, le Fils de l'homme a été livré aux mains des hommes et relevé d'entre morts. La tombe vide est une anomalie qui provoque et qui oblige ; elle contraint celui qui en vit l’épreuve (les femmes semblent réellement désorientées devant ce qui se passe et les apôtres le sont tellement qu'ils ne croient pas) à laisser les paroles de Jésus n’être pas simplement des paroles de sagesse, mais la parole de Dieu qui instaure l'alliance et qui pour cela ouvre un chemin, comme pour le temps de l'exode, mais cette fois-ci en roulant la pierre qui enfermait dans la mort.
Ce texte provient sûrement des liturgies de pèlerinage que la première communauté chrétienne proposait aux néophytes. Cette démarche de foi était une invitation à faire autrement mémoire de Jésus, pour que le nouveau baptisé ne fasse pas de lui un maître comme un autre.