Célébration de la Cène :
Ex 12, 1-8.11-14 :
De la variété des prescriptions que le Seigneur donne à son peuple pour qu’il célèbre la Pâque, un certain nombre d'éléments sont mentionnés pour que cette célébration se fasse dans la hâte : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main… Le contraire serait moins étonnant : Dieu pourrait dire à son peuple de prendre le temps pour méditer, chanter et réfléchir, se souvenir. Mais, il faut faire vite parce que le danger est imminent. La menace de Pharaon n’est pas écartée. Or la célébration n’est pas le temps d’un simple souvenir mais elle est occasion de vivre ce que l’on commémore. Cette célérité qu’on recommande pour vivre la Pâque permet à la célébration, à ce mémorial, de mettre en marche le peuple de Dieu qui célèbre aujourd’hui.
C’est aujourd’hui que nous sortons d’Égypte, que nous sommes arrachés à tout ce que l’Égypte symbolise d’idolâtrie. C’est aujourd'hui que nous prenons la route qui va nous faire traverser le désert, la route qui va nous faire devenir peuple de Dieu, la route de la liberté.
Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18 :
Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens. Le sang de l’agneau badigeonné sur les montants des portes par les Hébreux est un mémorial : il permet de se souvenir et de croire qu’aujourd'hui encore le sang des serviteurs de Dieu est précieux pour le Seigneur, la mort d’un seul d’entre eux est un échec.
1 Co 11, 23-26 :
Si Paul éprouve le besoin de redire à la communauté les paroles que Jésus prononça lors de son dernier repas, c’est parce qu’il n’est pas satisfait de la manière dont les chrétiens de Corinthe se rassemblent pour le repas du Seigneur. Juste avant le passage que nous proclamons ce jour, il dénonce cette situation : certains restent affamés pendant que d’autres s’enivrent !
Paul demande à la communauté de respecter ce que Jésus a fait de respecter aussi sa présence qui se réalise au cours de la célébration. Pour cela il exige que l’on sépare la célébration elle-même du repas communautaire La fraction du pain et la bénédiction de la coupe deviennent aussi ritualisées, situation que nous connaissons aujourd’hui. Paul insiste dans cette démarche afin de préserver une dimension essentielle de toute célébration eucharistique : elle se vit dans l’attente du retour du Seigneur, comme le mémorial de la Pâque qui met en route vers la liberté.
Jn 13, 1-15 :
Dans toutes les civilisations de l’Antiquité, les exigences de l’hospitalité requièrent qu’on lave les pieds de celui que l’on reçoit chez soi. Pour faire cela, il y a des esclaves.
Ainsi au dernier soir de sa vie, selon le récit que Jean nous en donne, Jésus prend délibérément la position de l’esclave ; voilà pourquoi Pierre réagit.
Lorsque Jean nous raconte cet épisode, il se concentre aussi sur la question de la pureté : les ablutions rituelles en vue de la purification sont fréquentes dans le judaïsme. Aussi, le geste de Jésus, parce qu’inhabituel et provocant, est compris également dans cette dimension symbolique : Jésus par sa mort et sa résurrection purifie le peuple de Dieu pour qu’il se tienne en sa présence.
Pour faire mémoire de lui, Jésus invite ses disciples à faire de même : se faire esclave les uns des autres (cf. Ga 5, 13). Cela revient à ne rien revendiquer de ses propres droits et à laisser la présence de l’autre s’imposer à nous. C’est ainsi que Dieu est saint ! Le frère est bien pour Jésus un chemin de liberté et de sainteté.