Dimanche des Rameaux C :
Lc 19, 28-40 :
Les pierres crieront ! A-t-on jamais entendu chose pareille ? Alors que la foule acclame Jésus lors de ce qui ressemble bel et bien à une entrée royale, on reproche à celui-ci de laisser la foule l’acclamer. Comment peut-il être complice de cette foule qui le bénit comme le roi qui vient ? Seul Dieu est roi ! La réponse de Jésus signifie que s’il n’est pas reconnu pour ce qu’il est par la ville de Jérusalem et ses habitants alors les pierres crieront ! Juste après, l’évangéliste Luc nous rapporte les larmes de Jésus sur la ville de Jérusalem qui sera dévastée parce qu’elle n'a pas reconnu le temps où elle était visitée.
Les pierres de Jérusalem seront un témoignage criant de cette visite qui n’a pas abouti parce que n’a pas été reconnue l’identité de ce Jésus qui vient la visiter.
Mais la phrase de Jésus peut se comprendre dans un autre sens positif : la création tout entière témoignera de Jésus le jour où le Père en décidera. Jésus choisit ce qu’il y a de plus inerte (les cailloux) pour désigner l’ensemble du monde créé et renforcer le paradoxe, apparent, d’une création qui tout entière attend comme une libération l’avènement du Fils qui vient (cf. Rm 8, 22).
Is 50, 4-7 :
Au cours du récit de l’Évangile selon Saint-Luc, ce poème a été cité, lorsque Jésus prend la décision ferme et résolue de monter à Jérusalem, Luc nous dit qu’il durcit son visage comme la pierre (cf. Lc 9, 51). Que signifie pour un serviteur, amoureux de la parole de Dieu qu’il écoute chaque matin, de durcir son visage ? Le prophète du V° siècle, disciple lointain d’Isaïe, qui écrivit ces quelques lignes que nous lisons comme un portrait de Jésus, ce prophète lui aussi, comme Jésus, se heurtait à l’indifférence de ceux qui l’écoutaient et à leur manque d’espérance. Au contact de ceux qui sont endurcis, il est contraint d’entrer dans une certaine forme d’obstination, contraint de durcir son visage parce qu’il fait face à des coeurs de pierre. Surtout, il rend visible sur son visage l’obstination de ceux qui ne veulent pas l’écouter, qui ne veulent pas espérer. Son visage de pierre révèle le coeur de pierre. Dans cette aventure, les pierres commencent à crier.
Ps 22 :
Dans le récit de la passion selon Saint-Luc, par trois fois, comme lors de la tentation au désert, revient la phrase sauve toi toi-même ! En acceptant d’être exposé à cette dernière tentation, Jésus vit jusqu’au bout le Ps 22 : Il comptait sur le Seigneur, qu’il le délivre ! Qu’il le sauve puisqu’il est son ami.
Ph 2, 6-11 :
Ce texte qui pourrait bien être le plus ancien poème chrétien qui nous soit parvenu, contemple la passion et la mort de Jésus comme un abaissement ; littéralement : il s’est humilié. Un peu plus haut, Paul donne l’exacte définition de l'humilité : considérer les autres comme supérieurs à soi-même. En acceptant de subir la passion et la mort sur la croix, Jésus manifeste que toute personne humaine lui est supérieure qu’elle est plus importante que sa vie propre. Rien n’a plus de prix à ses yeux que nous soyons avec lui fils du Père.
Lc 22 – 23 :
Avec un soin méticuleux, l’évangéliste Luc montre à son lecteur que Jésus est un innocent condamné. Un simple exemple : Jésus est accusé devant l’autorité romaine de vouloir se faire roi, d’entraîner les foules dans la sédition contre l’autorité romaine : il empêche de payer l’impôt à l’empereur. Or, cette même foule réclame la mort de Jésus et la grâce de Barabbas. Le moins qu’on puisse dire c’est que les foules ne sont pas soulevées par Jésus contre l’empereur ! C’est plutôt le contraire. Jésus est donc bien innocent du forfait dont on l’accuse.
Barabbas se traduit de l’araméen par le fils du père. Puisqu’il faut choisir entre Jésus et Barabbas, au pied de la croix il faut choisir quel fils nous voulons être pour quel père.