Cinquième dimanche de Carême A
Ez 37, 12-14 :
De la ville de Babylone, lieu de déportation du peuple d’Israël, là où il exerce son ministère, le prophète Ézéchiel considère la déportation, l’éparpillement du peuple de l’alliance en dehors de la terre d’Israël. Pour lui, cette situation ressemble à des ossements desséchés dispersés à la surface de la terre. Au creux de cette conviction, Dieu s’adresse à son prophète et lui dit : les ossements desséchés que tu vois, regarde-les bien, je vais les assembler, je vais les redresser, les revêtir de chair et de peau. Aussi, poursuit le Seigneur Dieu, la puissance par laquelle je vous rassemblerai sur la terre d’Israël est une résurrection : je vous ferai sortir de vos tombeaux. Le prophète Ézéchiel est un des tout premiers à concevoir l’œuvre de Dieu comme une puissance de résurrection. Comment cela se fera-t-il : comme l’exprime la première page du Livre de la Genèse, Dieu dit et cela est. « J'ai parlé et je le ferai ».
Ps 129 :
Dans ce psaume de miséricorde, le pardon est décrit en termes de relèvement, de résurrection, dirions-nous. L’œuvre de Dieu ne se limite pas à restaurer et rassembler son peuple Israël, pour le faire revenir de Babylone. À chaque fois qu’il pardonne à l’un des membres de son peuple, cette même puissance de résurrection se déploie dans la vie concrète de chacun.
Rm 8, 8-11 :
Comme l’affirmait déjà le prophète Ézéchiel, et comme le croyaient les Juifs de son temps, Paul est convaincu que la résurrection à laquelle il croit sera l’œuvre de l’Esprit Saint. Et pour que cet Esprit puisse déjà se déployer dans nos existences, il est nécessaire et il suffit de croire que cet Esprit a ressuscité Jésus d’entre les morts.
La foi est donc pour Saint Paul une ouverture de l’être qui permet d’accueillir la puissance de Dieu qui, en commençant par l’expérience du pardon, agit d’ores et déjà pour relever d’entre les morts. Dans ce texte, la chair est considérée comme une force négative qui s’oppose à l’Esprit. Il ne s’agit pas de la chair en elle-même, celle sans laquelle il ne peut y avoir d’existence en ce monde. Il s’agit de la chair en tant que repliée sur elle-même, ne sachant plus que tout vient de Dieu et que tout revient à lui. Ce recroquevillement de l’être est une fermeture contraire à la foi, il empêche que passe dans nos vies la puissance de Dieu.
Jn 11, 1-45 :
Au cœur de ce récit de l’un des miracles les plus spectaculaire de Jésus, Jean nous rapporte ce dialogue extraordinaire entre Marthe et Jésus. Interrogée sur sa foi, Marthe répond que, bien sûr, elle croit, comme beaucoup de Juifs de son temps, que Dieu, à la fin des temps, relèvera tout le monde dans un acte qui fera justice, séparant les bons et les méchants (cf. Dn 12, 1-5). Aussi, au cœur de son deuil, elle professe que Dieu ressuscitera son frère Lazare d’entre les morts.
« Je suis la résurrection et la vie » : telle est la réponse que Jésus fait à la profession de foi de Marthe. Il la provoque, et par ce miracle, il nous provoque, afin que nous croyions que sur lui repose dès maintenant, la puissance par laquelle Dieu veut relever son peuple, pardonner à chacun, ressusciter tous ceux qu’il a créés.
Dès lors, se comprend mieux la surprenante lenteur de Jésus à se rendre auprès de son ami Lazare, qu’il aurait ainsi pu guérir. Il sait, dans le secret de sa relation avec le Père, que ce dernier l’exaucera et lui permettra de poser ce signe : par sa présence, il y a bien aujourd’hui une force de renouvellement offerte pour tous. De fait, à partir de ce moment-là, beaucoup de Juifs crurent en lui, nous précise l'évangéliste Jean. Aussi, la suite du récit nous apprend qu’à cause de ce miracle, le grand prêtre prend la décision de condamner Jésus à mort (Jn 11, 49-50), étonnant paradoxe ! Et pour qu’il n’y ait plus de trace de cet événement, Lazare lui-même est l’objet de la même condamnation (Jn 12, 10).
Comme il est difficile d’accueillir la vie que Dieu donne, telle qu’il la donne !